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Dela Cir

XVII. 10,

II, 12.

C. 104.

les animaux devoient être offerts en Holocaufte, fuppofé qu'ils fuffent.purs, autrement il auroit fallu les échanger. Ce fentiment eft confirmé, parce que dans l'execution de ce Vou l'Hiftoire ne dit pas un feul mot d'Holocaufte. Omillion qui ne paroît point naturelle fi ce Sacrifice fe fût executé. Au contraire, il n'y eft parlé que de la virginité de la fille de Jephté. Elle alla pleurer avec fes compagnes de s'y voir condamnée, & les filles d'Ifraël alloient célébrer tous les ans pendant quatre jours cet évenement. La feule difficulté qui fe préfente ici, c'eft la confternation de Jephté à la rencontre de fa fiile. Il déchira fes habits & fit de grandes lamentations. Mais fi on confidere le génie de ces fiècles on trouvera que Jephté n'ayant que ce feul enfant, c'étoit une assez grande affliction pour lui de fe voir privé par ce Vou de l'efperance d'une pofterité, & que ce n'étoit pas un acte médiocre de sa pieté & de fa reconnoiffance, que de ne la pas racheter, comme il pouvoit le faire. Cependant on ne veut point prendre parti dans cette question, & on aime mieux en laisser la décision aux Savans. Revenons de cette digreffion.

est

La Circoncifion ne doit pas être omife dans le dénombrement des concifion chofes facrées, puifque c'étoit en effet un Sacrement de la Religion Judaïque, & un Sceau de l'Alliance de Dieu avec Abraham (a) Gen. & fa pofterité (a). Il eft conftant néanmoins que la Circoncifion été pratiquée par d'autres Nations, comme par les Egyptiens & (b) Hero- les Ethiopiens (b) mais dans des vûes, & avec des circonstances dot L.II. differentes. C'est ce qui a donné lieu à une grande question touPhilo de chant l'origine de cette cérémonie. Nous n'avons pas deffein d'enCircumc. trer dans cette difcuffion. Que les Egyptiens l'ayent prife des PaP. 624. triarches, ou que ceux-ci l'ayent prife des Egyptiens, il fuffit que Dieu l'ait adoptée, & qu'il l'ait même ordonnée, fous peine de (c) Gen. mort (c), pour la regarder comme une cérémonie d'inftitution diXVI. 14 vine. Il eft certain que JESUS-CHRIST n'en fait pas remonter (d) Jean l'origine plus haut que le tems des Patriarches (d). Quoi qu'il vil.22. en foit, c'eft une des plus anciennes cérémonies de la Religion, &

on peut la regarder comme l'avant-coureur de la Loi cérémonielle, ayant été inftituée environ quatre cens ans auparavant. C'étoit un figne & une marque par laquelle Dieu voulut empêcher qu'un Peuple avec qui il avoit fait alliance, & dont il devoit faire fortir le Meflie, ne fut confondu avec les autres Peuples du monde. C'étoit auffi pour la pofterité d'Abraham un mémorial qui lui mettoit fans ceffe devant les yeux l'Alliance que Dieu avoir

traitée

IV. 11.

traitée avec ce Patriarche, auffi-bien que fon obeïssance & sa foi. En un mot c'étoit le Sceau de la juftification d'Abraham. Car il faut bien remarquer que, comme le dit St. Paul (a), ce Pere des (a) Rom. croyans ayant été juftifié, lors qu'il étoit encore incirconcis, il ne le fut pas en vertu de la Circoncilion, & qu'elle n'en fut que le figne. C'est à quoi les Juifs ne prirent pas garde. Au lieu d'imiter la foi & la pieté de leur pere, ils croyoient être juftifiez par la Circoncifion (b), & ils s'en faifoient même un fujet de vanité (c), (b) Act. au lieu de s'en faire un motif d'émulation, comme JESUS CHRIST XV.I. le leur représente (d).

(c) Rom.

IV.12.

VIII. 8.

VII. 8.

25.

(g) Rom. l.

l. 1. 30.

Gal. II.7.

(h) C'est

ainfi que

Quand Dieu donna fa Loi au Peuple d'Ifraël, il renouvella l'or- (d) Jean donnance de la Circoncifion, & elle devint un Sacrement de la Religion Mofaïque. C'eft pourquoi St. Etienne (e) l'appelle l'Al- (e) Act. liance de la Circoncision, & c'est ce qui fait dire à JE S U S-CHRIST, que c'eft Moïfe qui a donné la Circoncifion, quoi qu'elle vînt des Patriarches. Alors outre les vuës que l'on a déja marquées, cette institution en avoit plufieurs autres, par rapport au Peuple d'Ifraël. 1. C'étoit un engagement folemnel & fi indifpenfable à observer tout le reste de la Loi, que la Circoncifion ne fervoit de rien à ceux qui ne l'obfervoient pas (f). Delà vient que dans l'E- (f) Rom: criture le Judaïsme eft fouvent appellé la Circoncifion (g), & les Juifs, ceux de la Circoncifion (h). Ce qui fait dire à St. Paul, que quiconque fe fait circoncire eft obligé de garder toute la Loi (i), & delà vient aufli que fe faire circoncire, &, obferver la Loi font des chofes paralleles (k). 2. C'étoit une cérémonie par J. C. eit laquelle non-feulement les Juifs, mais tous les étrangers devoient Miniftre être nécessairement initiez à la Religion, & fans laquelle nul n'en- de la Cirtroit dans le Corps de la Nation (1). Il n'étoit permis à perfonne fion, Act. de célébrer les Fêtes, & en particulier la Pâque, s'il n'étoit cir- X. 45. concis. Il eft dit dans le Livre d'Efther (m), que plufieurs des (i) Gal.V. Gentils fe firent Juifs, ou judaïferent. Les Septante ont tra- (k) Act. duit dans cet endroit furent circoncis & judaïferent, ce qui marque que c'étoit par-là qu'on étoit initié au Judaïfme *. Ceux des XXXIV. Enfans d'Ifraël qui étoient dans le Defert, n'y ayant pas été cir- 34,35. concis, Jofué les initia par cette cérémonie avant qu'ils entraffent VIII. 17. dans la Terre promife, & quand elle fut faite, Dieu leur dit qu'il avoit ôté de dessus eux l'opprobre de l'Egypte (n), c'est-à-dire, que (n) Jof. defor-9.

Delà vient que l'enfant qui étoit circoncis étoit appellé l'époux, parce qu'alors il étoit, pour ainfi dire, marié avec Dieu & avec fon Eglife.

appellé le

conci

3.

XV.5.

(1) Exod.

(m) Efth.

V. .4, 5, 6.

TOM. I.

1.63.

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deformais ils devoient être le Peuple de Dieu, & plus les efcla ves de l'Egypte. C'est à cela fans doute que St. Paul faifoit allufion lors qu'il difoit aux Gentils d'entre les Ephefiens qui avoient été convertis à l'Evangile, qu'étant incirconcis, ils étoient exclus de la République d'Ifraël. 3. La Circoncifion étant une profeffion publique du culte du vrai Dieu, étoit en même tems une efpece d'abjuration ou de déteftation de l'Idolatrie. Delà vient que pendant la perfécution d'Antiochus, les Payens faifoient mourir 1.Macc. les femmes qui circoncifoient leurs enfans*, & que ceux d'entre les Juifs qui fe faifoient Payens ôtoient, autant qu'il étoit poffiXII. 7. ble, les marques de la Circoncifion. Comme la Circoncifion étoit une profeffion du Judaïfme, quelques-uns de ceux d'entre les Juifs. qui embraffoient la foi Chrétienne fe croyoient obligez à cette fuperftition scandaleufe, fur tout par rapport aux Juifs. Ce que St. (a)I. Cor. Paul défend expreffément (a). Enfin la pratique de la Circoncifion avoit auffi des vûës myftiques par rapport aux mœurs. Elle (b) I.Pier. étoit comme le Baptême (b) un fymbole de pureté & de fainteté. III. Delà ces phrafes Circoncire le prépuce du cœur, la Circoncifion du la Circoncifion qui n'eft point faite avec la main (c). Il paXXX. 16. roît par un beau paffage de Philon (d), que les Juifs n'ignoroient Jer. IV. 4. pas ce mystère.

Jof. Ant.

VII. 18.

(c) Deut. cœur, X. 6.

29. Col.

VII.51.

Eumc.

(-) Gen.

XH. 3.

Rom. II. Voici les principales chofes qu'il y avoit à observer dans la CirII.1.Act. concifion. 1. La Loi avoit ordonné expreffément de circoncire (d) Plin, chaque enfant mâle le huitième jour (e). La raifon de ce terme de Cir étoit fans doute, qu'on ne pouvoit pas le faire plûtôt, parce que felon la même Loi (f), la mere d'un enfant mâle étoit fouillée XVII. 12. pendant fept jours après l'avoir mis au monde, & par conféquent (f) Lev. P'enfant auffi. Il ne falloit pas non plus le faire plus tard, parce que l'enfant ne pouvoit être trop-tôt confacré à Dieu. Les Juifs étoient fi religieux à pratiquer cette cérémonie précisément ce jour-là, qu'ils le faifoient même quand il fe rencontroit un jour de Sabbat, comme JESUS-CHRIST le leur fait remarquer pour répondre aux reproches qu'ils lui faifoient d'avoir gueri un homme le jour du Sabbat (g). C'est ce qu'ils appelloient chaßer le Sabbat. Lors que quelque nécesfité obligeoit ou à anticiper ou à differer la Circoncifion, c'étoit une efpece de malheur, & elle ne paffoit pas pour ausfi authentique, que celle qui fe faifoit le huitième jour. Ausfi cette Circoncifion differée ne chaffoit-elle (h) Phi- point le Sabbat. C'eft pour cela que St. Paul (h) regarde comJip. III. 5. me un avantage confiderable d'avoir été circoncis le huitième jour,

(e) Jean

VII. 22,

23.

com

II. 22.

comme on l'a dit dans la note fur cet endroit. Aufli Jean Baptifte, & JESUS-CHRIST furent-ils circoncis précisément ce jour- Luc I. 59. là 2. Il paroît par l'Hiftoire de l'Evangile que c'étoit la coûtume que l'on donnât le nom à l'enfant le jour qu'il étoit circoncis, puifque Jean Baptifte & JESUS-CHRIST reçurent leurs noms le jour de cette cérémonie. On voit par la même hiftoire que c'étoit ordinairement le Pere qui donnoit fon nom propre à l'Enfant, ou celui de quelcun de la famille. 3. La Circoncifion étoit regardée comme une cérémonie fi néceffaire qu'elle fe pouvoit faire en tout lieu, dans les maisons particulieres, auffi-bien que dans les Synagogues, & par toutes fortes de perfonnes indifferemment, pourvû que ce fût un Juif, & qu'il fût capable de s'en acquitter. Il y avoit néanmoins un homme destiné & formé à cet office, & il le faifoit en prefence de plufieurs témoins & fpectateurs pour rendre l'initiation plus authentique. 4. On ne fauroit dire, fi du tems de notre Seigneur JESUS-CHRIST, c'étoit l'ufage que l'enfant eût une marraine qui l'apportoit à la porte de la Synagogue, parce qu'elle ne pouvoit pas y entrer, & un parrain qui le tenoit pendant la cérémonie. Elle étoit accompagnée de prieres & de vœux, fuivie auffi-bien que précedée de grandes réjouïffances.

Autant que la Circoncifion étoit nécéffaire pendant que la Loi cérémonielle fubfifta, autant devint-elle indifferente & inutile, lors que cette Loi fut réellement abrogée par la destruction du Temple. Jufqu'à ce tems-là les Apôtres la tolererent, au moins à l'égard des Juifs convertis au Chriftianifme, mais ils défendirent expreffément de charger de ce joug les Profelytes d'entre les Gentils. C'est pour cela que St. Paul qui en a beaucoup preffé l'in- 1. Cor. utilité & qui ne la fait confifter que dans la regeneration dont elle VII. 19, étoit le fymbole, voulut néanmoins que Timothée fut circoncis VI. 15, par condescendance pour les Juifs, parce que la mere de Timo- A. thée étoit Juive, comme d'autre côté il ne voulut point que Tite Gal.I.3. le fût, parce qu'il étoit Grec. En quoi cet Apôtre a donné à tous les fiècles de l'Eglife un excellent modele, foit de condefcendance, foit de fermeté dans la pratique, ou, dans l'omiffion des chofes indifferentes, felon la diverfité des circonstances.

On croit généralement que le Baptême a fuccedé à la Circoncifion, quoi que l'Evangile n'en dife rien. Il y a veritablement beaucoup de rapport entre l'une & l'autre cérémonie. 1. Le Baptême eft le premier Sacrement de la Religion Chrétienne, com

Gal. V.6

XVII. 3.

3. Gal.III.

27.1.Pier.

me la Circoncifion l'étoit de la Religion Judaïque. 2. C'est par Rom. VI. le Baptême que les Chrétiens font confacrez à JESUS-CHRIST, initiez à la Keligion Chrétienne, & reconnus publiquement pour VII.21. membres de l'Eglife. 3. Le Baptême eft un fymbole de la régeneration de notre mort, & de notre réfurrection fpirituelle en JESUS-CHRIST. Mais il y a aufli quelques disparitez. 1. On adminiftre le Baptême aux deux fexes *. 2. Il n'y a ni tems ni jours prefcrits par l'Ecriture pour l'administration du Baptême: autrefois on baptifoit les adultes après les avoir inftruits, & quelquefois même le Baptême fe differoit jufqu'à la mort. Ufage qui pourtant eft pofterieur au fiècle Apoftolique. 3. On n'employoit point l'eau dans la Circoncifion. On lavoit à la verité foigneufement l'enfant, & celui qui devoit offrir fe purifioit, mais c'étoit pour se préparer à la cérémonie, & non pas pour la cérémonie même, où le vin étoit employé & non l'eau. On ne fe tromdonc pas fi l'on dit que le Baptême tient de la Circoncifion, & du Baptême des Profelytes dont on a parlé.

Des Années.

VII. 11.

(b) Exod.

pera

Des Temps Sacrez.

Avant que de parler des Fêtes des Juifs, il faut dire quelque chofe de leurs Années, de leurs Mois, de leurs Sémaines, de leurs Jours & de leurs Heures. Autrefois les Hébreux comptoient les tems par certaines Epoques mémorables. Comme 1. les vies des Pa(a) Gen. triarches ou autres hommes Illuftres (a). 2. La fortie d'Egypte (b). 3. La conftruction du Temple (c). 4. Les années des Rois. 5. Le XIX. I. commencement de la captivité de Babylone (d). 6. Le rétablissement Nomb. du Temple depuis le retour de cette captivité. Dans la fuite on 38. 1.Rois prit d'autres époques, comme les tems d'Alexandre le Grand & VI. I. des Monarchies qui fe formerent du débris, & du partage de fon VIII. Empire. Depuis que le Thalmud a été formé, les Juifs comptent (d) Ezech.les Années par la Création du Monde.

XXXIII.

(c) II.Chr.

XXXIII.

21. XL, I. Ils diftinguoient une Année Sainte ou Ecclefiaftique, & une (e) Exod. Année Civile. La premiere commençoit au mois de Nifan (e), auXII. 1,2. trement d'Aviv, qui répond à une partie du mois de Mars, & à une partie de celui d'Avril, parce que c'étoit dans cette faifon que

* L'Hiftoire nous apprend qu'il y a des Peuples parmi lefquels les femmes recevoient la Circoncifion. Mais fous la Loi on avoit principalement en vue les hommes dont les

les

femmes fuivoient la condition. L'Evangile ne reconnoit point ces fortes de différences qui font purement politiques.

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