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terribles insurrections, et qui même, si elle eût pu être établie, n'aurait point altéré le but annoncé, et élevé les revenus de l'État au niveau de ses charges et de ses dettes; d'avoir, par une malheureuse facilité, par négligence, par complaisance, par intrigue, fait une énorme et scandaleuse profusion de la fortune publique; ce qui a ouvert l'abîme de la révolution et rend Calonne responsable non seulement des maux qu'il a faits, mais de ceux qu'il a entraînés; ses torts sont prouvés, nombreux, graves; le cri général qui s'est élevé contre lui n'a point excédé la mesure d'une exacte justice; et sa réputation devait naturellement se ressentir de la douleur produite dans les esprits par le douloureux aperçu de la ruine de l'État.

Том. п.

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BOUVARD DE FOURQUEUX,

CONTRÔLEUR-GÉNÉRAL DES FINANCES.

AVRIL A MAI 1787.

D'APRÈS le mécontentement général qui s'était élevé contre l'administration de Calonne, le Roi crut devoir confier les finances à un homme d'une excellente réputation, et choisit Bouvard de Fourqueux. Sous le rapport de la probité, de la moralité, et de tout genre de vertus, le choix ne pouvait être meilleur; mais Fourqueux était d'une constitution faible, d'un âge avancé, et n'avait jamais rempli aucune place d'administration; défauts auxquels l'esprit peut difficilement suppléer. Il fut fort surpris de l'offre d'une place sur laquelle ses vues ne s'étaient jamais portées, et qu'il ne désirait nullement ; il la refusa.

La Reine, joignant ses instances à celles du Roi, lui dit : « Vous ne démentirez pas, Mon>> sieur, le caractère que vous avez toujours

» montré d'honnête homme et de bon serviteur >> du Roi; réfléchissez que ce n'est point vous qui >> demandez cette place, que c'est nous qui vous » l'offrons, qui vous prions de l'accepter; qu'il » s'agit du bien de l'État ; qu'il n'est personne en » France en qui nous ayons plus de confiance » qu'en vous; dans une telle situation, refuser » vos services, ce serait un manque essentiel à » vos principes, et une ingratitude envers le >> Roi. »

Fourqueux persistait toujours dans ses refus; mais voulant en adoucir l'amertume, répondit qu'il avait d'autant plus de répugnance pour cette place, que s'il l'acceptait, il croirait devoir demander de grands sacrifices dans les dépenses personnelles de Leurs Majestés, et qu'ainsi il s'exposerait à leur déplaire, ce qui serait pour lui un grand malheur. « Non, reprit la Reine, tous » les sacrifices que vous indiquerez, nous les fe>> rons volontiers; rien ne nous coûtera quand >> vous le croirez nécessaire. » Fourqueux, timide et reconnaissant de tant de bontés, garda le silence, qui fut pris pour un consentement.

des som

Dès qu'il eut pris possession de ses nouvelles fonctions, son premier soin fut, d'après la situation critique dans laquelle se trouvaient les finances, de s'assurer de la quantité des fonds existans dans le Trésor royal, et de vérifier le compte qu'en avait fourni Calonne; mais, par une suite de la légèreté de ce ministre, le compte se trouva fautif, soit par infidélité, soit par inexactitude. Entre autres erreurs, mes qui étaient portées comme étant dans les caisses du Trésor, avaient été confiées pour divers objets à différentes personnes. Lorsqu'on voulut faire rentrer ces sommes, la plupart des dépositaires prétendirent qu'elles étaient dépensées, et il n'en rentra qu'une très petite partie. Un seul individu avait reçu 5 à 6 millions pour soutenir le cours des billets des fermes, des rescriptions, etc. Il répondit à la demande de ces fonds, qu'ils avaient été dépensés par ces opérations; au lieu d'argent, il offrait un compte, on ne sait si ce compte a jamais été rendu. Il a fini par mettre un terme à toute discussion en se

tuant.

Fourqueux, voyant la crise des affaires, et les mesures sévères qu'elles nécessitaient, voulut y remédier par de grands retranchemens dans la dépense. Les sacrifices qu'il proposa furent rejetés, parce qu'ils blessaient des intérêts personnels; mais le consentement fut promis à la suppression d'autres objets, pourvu qu'il n'y eût pas. les mêmes obstacles.

Tandis que Fourqueux cherchait des suppressions de dépense dont il pût faire adopter la convenance, et qu'il témoignait sa répugnance pour l'administration des finances sans ce préalable, un homme plus accommodant s'offrit pour surmonter ces difficultés; ce fut l'archevêque de Toulouse, doué de beaucoup d'esprit, hardi dans ses conceptions, habitué au maniement et aux intrigues des affaires politiques.

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