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DE

LA SOUVERAINETÉ.

« Souveraineté et autorité sont deux mots de même valeur.

« Les deux se rapportent : à la règle des actions tant sociales qu'individuelles; ainsi, qu'à la sanction de cette règle; hors laquelle sanction, toute souveraineté est utopique.

« Le mot souveraineté se rattache, plus particulièrement à la règle, dont celle-ci est l'expression.

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« Le mot autorité se rattache, plus particulièrement à la sanction, qui en assure l'exécution.

« Souveraineté et autorité sont inséparables.

« Toute souveraineté ou autorité, relative à une volonté, est: temporelle par essence; personnelle par essence; arbitraire par essence; et n'est autre que, la souveraineté ou l'autorité de la force.

« La souveraineté ou autorité, autre que celle de la force, est, par essence: éternelle; par conséquent, ni temporelle, ni personnelle, ni arbitraire; mais, est exclusivement : la raison éternelle; la justice éternelle.

« La justice éternelle, sanction de l'éternelle raison, existe-t-elle ?

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« Qu'est-ce que l'autorité? Le pouvoir de faire des lois, pouvoir qui, dans l'origine, fut attribué à Dieu seul, et devint plus tard l'apanage du souverain (peuple ou monarque), dont la volonté eut ainsi force législatrice. De là, ces conséquences monstrueuses: que cela seul que le législateur déclare être bien, est bien; que ce qu'il déclare être mal est mal; et que le reste est indifférent; que le droit n'existe qu'en vertu de la loi écrite, laquelle n'a rien d'absolu ou d'immuable; que l'état des citoyens, la division des pouvoirs, la distinction du juste et de l'injuste sont ce qu'il plaît au souverain, cause efficiente de la loi; que le gouvernement de la société n'est point une science, mais un art, c'est-à-dire quelque chose d'essentiellement arbitraire, duquel on peut disputer sans fin, sans avoir jamais ni raison ni tort; enfin que le dernier mot de la politique est la force. »> PROUDHON.

-«Tant que la souveraineté de la force reste possible parce que, la nécessité sociale n'a point encore rendu cette souveraineté, incompatible avec l'existence de l'ordre; tant, que la souveraineté de la raison n'est pas encore possible, à cause de l'ignorance sociale sur la réalité de la raison, sur la réalité du droit; le dernier mot de la politique est, nécessairement, la force. »

COLINS, Commentaire.

INTRODUCTION.

I.

« L'essence de l'esclavage consiste dans l'assujettissement à la volonté de l'homme; et quiconque obéit à l'homme seul est esclave, cet homme fût-il lui-même. Il en est ainsi des nations, et la théorie de la souveraineté du peuple n'est que la théorie de la servitude. »

LA MENNAIS.

<< Il en est de même pour la souveraineté de l'anthropomorphisme. Seulement la théorie de la souveraineté de l'anthropomorphisme est la théorie d'une servitude : masquée de droit; et, la théorie de la souveraineté du peuple est la théorie d'une servitude: sous la force brutale. »

COLINS, MSS.

- Toute la question sociale, toute, absolument toute, consiste dans la question de souveraineté. C'est facile à concevoir car la société, réelle et non illusoire, consiste essentiellement dans la liberté possible des actions. De plus la liberté possible des actions se rapporte nécessairement : à une règle, à une loi, bonne

ou mauvaise. Donc, toute loi possible est nécessairement l'expression d'une souveraineté, illusoire ou réelle.

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Comme introduction à l'étude de la souveraineté, nous allons examiner un ouvrage de M. P. de Flotte, intitulé. LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE, ESSAIS SUR L'ESPRIT DE LA RÉVOLUTION.

M. de Flotte appartient à l'école proudhonienne : l'absence d'autorité. L'autorité étant identique à la souveraineté, l'absence d'autorité devrait être l'absence de souveraineté. Mais, toute école, comme toute secte, est nécessairement basée sur une logomachie; sur un galimatias. Et, la base de l'école proudhonienne est : la séparation de l'autorité et de la souveraineté; ou, la séparation de leurs expressions: de la règle ; et de la sanction.

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M. de Flotte est un homme de beaucoup de mérite; presque toujours assez logique pour n'être point évidemment absurde ce qui est cependant, manquer de logique quand le point de départ est absurde. Or, cela existe nécessairement : quand le point de départ d'un raisonnement, ou son but, se trouve être : le PANTHÉISME. Et, le point de départ, comme le but de tous les raisonnements de M. de Flotte, est le panthéisme : comme, nous verrons qu'il en convient lui-même.

Les premières propositions, que je vais citer de M. de Flotte sont assez excentriques (je me sers d'une expression adoucie), pour faire croire à un lecteur superficiel que, M. de Flotte est dépourvu du mérite que je lui attribue. Que le lecteur attende; et il verra:

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