Et dans la douce alégresse Qu'il chercha sans la trouver. J. B. ROUSSEAU. REMARQUE. Les véritables quatrains n'ont aucune liaison pour le sens, et la morale en est ordinairement la matière.-EXEMPLES: Ne demandez à Dieu ni gloire ni richesse, Ni ces biens dont l'éciat rend le peuple étonné: Ecoutez et lisez la céleste parole, Que dans les livres saints Dieu nous donne pour loi. II. Stances de six vers. Elles sont composées d'un quatrain et de deux vers d'une même rime, qui se mettent au commencement ou à la fin. D'ailleurs les vers d'un quatrain se mêlent de la même manière que ci-dessus. Si les deux vers d'une même rime sont au commencement, alors à la fin du troisième on met ordinairement un repos, et le sens ne doit pas s'étendre jusqu'au quatrième. Ce repos donne beaucoup de grâce et d'harmonie à cette sorte de stances. On peut voir, par les exemples suivans, que ce repos peut être plus ou moius marqué, et qu'il n'est pas rigoureusement exigé dans les sixains. Ce n'est donc point assez que ce peuple perfide, De la sainte cité profanateur stupide, Ait dans tout l'Orient porté ses étendards; La plus belle moitié du trône des Césars. Des veilles, des travaux un faible cœur s'étonne. Dont nous suivons la Cour, Ne nous vend qu'à ce prix ces traits de vive flamme, Au céleste séjour. La place de ce repos varie, et est tantôt après le second, tantôt après le quatrième vers, dans les sixains où les deux vers d'une même rime sont à la fin de la strophe, comme dans les stances suivantes: Seigneur, dans ton temple adorable Où tes Saints inclinés, d'un œil respectueux Ce sera celui qui du vice Qui marche d'un pas ferme et sûr, Celui devant qui le superbe, III. Stances de huit vers. Ces stances ne sont ordinairement que deux quatrains joints ensemble. Le sens doit finir après le premier; et les vers de tous les deux s'entrelacent, comme nous l'avous déjà dit. Exemple: Tel en un sacré vallon, Sur le bord d'une onde pure, Un jeune lys, l'amour de la nature. Loin du monde élevé, de tous les dons des Cieux Il est orné dès sa naissance; Et du méchant l'abord contagieux N'altère point son innocence. RACINE, chœurs d'Athalie. Si quelque jour étant ivre Et bâtir une taverne Dans le manoir de Pluton. MAÎTRE ADAM. Ces stances peuvent aussi commencer par deux vers sur une même rime, et les six autres sont sur des rimes croisées. Quelquefois aussi ces stances n'ont qu'un sixain sur deux ou trois rimes, après quoi viennent deux vers de même rime. Ces mélanges de rime peuvent aisément se concevoir; sans qu'il soit nécessaire d'en citer des exemples; d'ailleurs ils ne sont pas communs. IV. Stances de dix vers. Les stances de dix vers ne sont autre chose qu'un quatrain et un sixain, dont les vers s'entremêlent selon les règles ordinaires. Elles tirent leur harmonie d'un premier repos placé à la fin du quatrain, et d'un second après le septième vers. Exemple: C'est un arrêt du Ciel, il faut que l'homme meure Rien n'est plus certain que la mort, Et rien plus incertain que cette dernière heure. A veiller, à prier, sans cesse nous convie! Les Cieux instruisent la terre Tout ce que leur globe enserre, RÈGLES POUR LES STANCES DE NOMBRE IMPAIR. Ces stances doivent nécessairement avoir trois vers sur une même rime. L'ordonnance des vers y est d'ailleurs arbitraire, excepté qu'on que le quatrain ne peut mettre que deux rimes semblables de suite, et par lequel commencent les stances de sept ou de neuf vers, doit être terminé par un repos. Stances de cinq vers. O rives du Jourdain! ô champs aimés des Cieux Par cent miracles signalées, Pardonne, Dieu puissant, pardonne à ma faiblesse: Le trouble m'a saisi, mes pas ont hésité; Stances de sept vers. Si la loi du Seigneur vous touche: Si le mensonge vous fait peur, Si la justice en votre cœur Règne aussi bien qu'en votre bouche; Parlez, fils des hommes, pourquoi Faut-il qu'une haîne farouche Préside aux jugemens que vous lancez sur moi? Stances de neuf vers. Quel rempart, quelle autre barrière De quelques ouvrages composés de stances. Les principaux de ces ouvrages après l'ode, sont le sonnet et le rondeau: après avoir traité de la première, nons nous occuperons de ces deux derniers qui sont de petites pièces de poésie encore assez cn usage, et qui ont des règles particulières. De l'Ode. L'ode est un petit poëme qui offre bien des écueils: "On y veut de l'inspiration," dit D'Alembert, " et l'inspiration de commande est bien faible; on y veut de l'élévation, et l'enflure est à côté du sublime; on y veut de l'enthousiasme, et en même temps de la raison; c'est-à-dire, non pas tout-à-fait, mais à peu près les deux contraires." "La raison et l'esprit," dit-il ailleurs, "sont pour les odes un léger ornement: ce poëme exige le talent de la grande poésie, l'art de mettre les vérités en images, une oreille sensible et sévère; enfin cet heureux choix de mots, si essentiel à la versification, et surtout à celle de l'ode, dont l'orgueil rejette toujours ce qui est aussi commun dans les expressions que dans les idées." Ecoutons Boileau (Art Poétique, chant second:) Il faut que le cœur seul parle dans l'élégie. Entretient dans ses vers commerce avec les dieux: Chante un vainqueur poudreux au bout de la carrière; Mène Achille tremblant aux bords du Simoïs, Ou fait fléchir l'Escaut sous le joug de Louïs. Tantôt comme une abeille ardente à son ouvrage, Les odes suivantes, qu'on peut regarder comme des modèles, sont très-propres à faire sentir les beautés dont ce poëme est susceptible. VOL. 11. Ode à la Fortune. Fortune, dont la main couronne Le peuple, dans ton moindre onvrage Te nomme grandeur de courage, Mais de quelque superbe titre Apprends que la seule sagesse Quoi! Rome et l'Italie en cendre *K |