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deux corrections à la Henriade. M. de Formont me les avait mandées; elles sont très judicieuses. Vale.

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J'ai été bien malade, mon cher ami. Je vais passer le mois de septembre`tout seul à Arcueil, dans la maison de M. le prince de Guise, qu'il a la bonté de me prêter. Il est juste que les descendants du Balafré et du jeune d'Aumale fassent quelque chose pour moi. Je passerai mon temps à corriger sérieu. sement Éryphile que les comédiens demandent avec empressement. Androgide me déplaît plus que jamais. Éryphile n'était pas plus effrayée de ce coquin-là que je le suis. Je vous dirai, avec une très méchante plaisanterie, qu'il a trop l'air d'avoir.... la reine, et que pour moi, il me.... Je voudrais bien savoir si pareille chose vous arrive avec votre troisième acte; autrement, que mon exemple vous encourage, achevez votre besogne pendant que je corrige la mienne. Laissez les avocats faire les fainéants pour le bien de l'état, et achevez, pour les plaisirs du public et pour votre gloire, ce que vous. avez commencé si heureusement. Je suis bien faible, et j'ai la tête bien étonnée encore; c'est ce qui fait que je n'écris point à M. de Formont; mais je ne crois pas qu'il ait besoin de mes lettres pour savoir ce qu'il doit penser de mon estime et de ma tendre amitié pour lui. Vous contribuez furieusement l'un et l'autre à me faire regretter Rouen. J'espère vous revoir dès qu'Éryphile aura été jouée. En attendant, je vais travailler comme un beau dia

ble pour mériter un peu votre suffrage et justifier les sentiments que vous avez pour moi.

Le parlement s'assemble demain pour mortifier, s'il peut, l'évêque de Laon. Toutes ces tracasseries ne m'intéressent guère; je ne me mêle plus que de ce qui se fait à Argos (1).

Adieu, mon cher ami; mille tendres compliments, je vous en supplie, à M. de Formont.

83.A M. DE FORMONT.

5 septembre.

Mon cher ami, j'écrivis avant-hier à M. de Cideville un petit mot qui doit vous plaire à tous deux; c'est que je corrige Fryphile; elle n'est encore digne ni du public, ni même de moi chétif. J'avais cru facilement que les beautés de détail qui y sont répandues couvriraient les défauts 'que je cherchais à me cacher. Il ne faut plus se faire illusion; il faut ôter les défauts, et augmenter encore les beautés. L'arrivée de Théandre au troisième acte, ce qu'il dit au quatrième et à la fin de ce même quatrième acte, me paraissent capables de tout gâter. Il y a encore à retoucher au cinquième. Mais quand tout cela sera fait, et que j'aurai passé sur l'ouvrage le vernis d'une belle poésie, j'ose croire que cetle tragédie ne fera point déshonneur à ceux qui en ont eu les prémices, à mes chers amis de Rouen, que j'aimerai toute ma vie, et à qui je soumettrai toujours tout ce que je ferai. Vous m'avez envoyé tous deux des vers charmants, et je n'y ai pas répondu.

(1) Lieu de la scène dans Éryphile.

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Je reçois trois de vos lettres ce matin. Je réponds d'abord à celle qui m'intéresse le plus, et vous vous doutez bien que c'est celle qui contient les vers sur la mort de ce pauvre M. de La Faie.

Vos v ers sont comme vous, et partant je les aime;
Ils sont pleins de raison, de douceur, d'agrément:
En peignant notre ami d'un pinceau si charmant,

Formont, vous vous peignez vous-même.

J'ai déjà mandé à M. de Cideville que Jules César avait désarmé la critique impitoyable de M. de Maisons, mais qu'il tenait encore bon contre Éryphile.

Je ne sais si je vous ai fait part du discours que m'a tenu le jeune M. de Chauvelin, vrai protecteur des beaux-arts. « Avez-vous fait imprimer Charles » XII? » m'a-t-il dit; et sur ce que je répondais un peu en l'air, «< si vous ne l'avez pas imprimé, a-t-il » ajouté, je vous déclare que je le ferai imprimer >> demain. >>>

C'est un homme charmant que ce M. de Chauvelin, et il nous le fallait pour encourager la littérature. Il combat tous les jours pour la liberté contre M. le cardinal de Fleuri et contre M. le garde des sceaux. Il fait imprimer le de Thou, et le fait tra

duire en français. Il soutient tant qu'il peut l'honneur de notre nation qui s'en va grand'erre.1

Encouragé par votre suffrage et par sa bonne volonté, j'ai, je vous l'avoue, une belle impatience de faire paraître Charles XII. S'il n'en coûte que Go livres de plus par terre, je vous supplie de le faire venir par roulier à l'adresse de M. le duc de Richelieu, à Versailles; et moi, informé du jour et de l'heure de l'arrivée, je ne manquerai pas d'envoyer un homme de la livrée de Richelieu, qui fera conduire le tout en sûreté. Si les frais de voiture sont trop forts, je vous prie de le faire partir par eau pour Saint-Cloud, où j'enverrai un fourgon. Il ne me reste qu'à vous assurer de la reconnaissance la plus vive et de l'amitié la plus tendre.

Au nom du bon goût, que mon cher Cideville achève donc ce qu'il a si heureusement commencé! Je l'embrasse de tout mon cœur.

J'ai fait mieux que vous à l'égard de Séthos; je ne l'ai point lu.

85.-A M. DE CIDEVILLE.

A Paris, ce 27 septembre.

Mon cher ami, la mort de M. de Maisons m'a laissé dans un désespoir qui va jusqu'à l'abrutissement. J'ai perdu mon ami, mon soutien, mon père. Il est mort entre mes bras, non par 'l'ignorance, mais par la négligence des médecins. Je ne me consolerai de ma vie de sa perte et de la façon cruelle dont je l'ai perdu. Il a péri, faute de secours, au milieu de ses amis. Il y a à cela une fatalité affreuse. Que dites-vous de médecins qui le laissent en

danger là six heures du matin, et qui se donnent rendez-vous chez lui à midi? Ils sont coupables de sa mort. Ils laissent sx heures, sans secours, un homme qu'un instant peut tuer! Que cela serve de leçons à ceux qui auront leurs amis attaqués de la même maladie! Mon cher Cideville, je vous remercie bien tendrement de la 'part que vous prenez à la cruelle affliction où je suis. Il n'y a que des amis comme vous qui puissent me consoler. J'ai besoin plus que jamais que vous m'aimiez. Je me veux du mal d'être à Paris. Je voudrais et je devrais être à Rouen. Je viendrai assurément le plutôt que je pourrai. Je ne suis plus capable d'autre plaisir dans le monde que de celui de sentir les charmes de votre société.

Je ne vous mande aucune nouvelle ni de moi, ni de mes ouvrages, ni de personne. Je ne pense qu'à ma douleur et à vous.

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La mort de M. de Maisons, mon cher ami, Occupait toutes mes idées, quand je fis réponse à la let tre que j'ai reçue de vous. J'avais à vous parler d'un de vos amusements qui m'est bien cher, et auquel je m'intéresse plus qu'à mes occupations. C'est ce joli opéra que vous avez ébauché de main de maître, et que vous finirez quand il vous plaira J'en avais parlé chez madame la princesse du Guise, à Arcueil; mais la douleur extrême où j'étais, et ces premiers moments de désespoir qui saisissent le cœur quand on voil mourir dans ses bras quelqu'un

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