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nies de vivres, et portaient plus de douze cents soldats, sans compter huit cents matelots zélandais, tous résolus de périr, s'il le fallait, pour le salut de leurs compatriotes.

Cette armée navale passa au travers des arbres, des bourges et des villages, et fit pénétrer dans la ville assiégée un secours de cent bateaux chargés de blé, dont elle avait un pressant besoin. Les Espagnols se mirent en état de lutter contre cet océan imprévu. Ils remuèrent la terre avec leurs poignards et leurs épées, et en remplirent leurs casques et leurs cuirasses, pour en faire des digues capables d'arrêter l'impétuosité des flots; mais ils ne purent résister aux grandes marées de la pleine lune. On était alors à la mi-septembre. Un vent violent, qui s'éleva, poussait encore les eaux, et favorisait les assiégés; ce qui força les Espagnols à lever le siége, après avoir jeté, dans les fossés leur grosse artillerie.

Cette fuite ne fut pas le plus grand malheur des assiégeans: les Hollandais les suivaient avec leurs vaisseaux, et jetaient sur eux des crocs et des mains de fer attachées à des perches, ou à des cordes qu'ils balançaient et lançaient de loin. Par cette manoeuvre, ils les blessaient cruellement, ou les attiraient à eux.

Un officier de Leyden, aussi habile poëte que

brave guerrier (la lyre et l'épée sont sœurs), fit sur cette retraite les vers qu'on va lire :

Non opus est gladiis, ferroque, vigentibus armis;

Solæ pro Batavo belligerentur aquæ.

Tolle metus, Hispane; fuge, et ne respice terras,

Pro quibus Oceanus pugnat, et ipse Deus ( 1574). (*)

PORTUGAIS.

Emmanuel succède à Jean II; les Portugais continuent à parcourir les côtes de la Barbarie, dans l'intention de trouver quelque occasion favorable d'étendre leur domination. Zéjam leur dresse des embûches, qu'ils ont l'imprudence de ne pas éviter; il persuade au roi que, au moyen d'intelligences ménagées depuis long temps, il est en mesure de lui livrer Azamor et plusieurs autres villes, s'il veut seulement envoyer une escadre croiser devant cette place. Ébloui par ces offres trompeuses, le crédule monarque donne dans le piége. Jean de Menezes part de Lisbonne, paraît devant Azamor et l'assiége.

Confiant dans les promesses du prince maure,

(*) L'Océan débordé rend le glaive inutile;
Hatez-vous, Espagnols, fuyez loin de ces lieux :

En vain vous avez cru la victoire facile;

La Hollande a pour elle et la mer et les Dieux (1824).
BOUVET DE CRESSÉ.

le général portugais en attendait l'effet, quand Zéjam, paraissant tout-à-coup à la tête des assiégés, fond sur les troupes d'Emmanuel, les bat, les force à une retraite honteuse, et coule à fond ou brûle, à l'aide de feux grégeois, la flotte portugaise.

Tout monarque qui à de l'élévation dans l'âme, lorsqu'il est insulté, et que l'étranger à osé violer son territoire, doit tirer de cette injure la plus éclatante vengeance; aussi, c'est ce que fit le roi de Fez. Arzile, occupée par les Portugais, est attaquée; le gouverneur oppose aux assaillans la plus vigoureuse résistance; mais, serré de près, il est sur le point de se rendre, lorsque Menezes, averti à temps, accourt avec la flotte qui, heureusement, n'est pas éloignée. Toutefois, la ville est prise, et la garnison se réfugie dans la forteresse.

Informé du triste état et du pressant danger où elle se trouvait, Menezès crut qu'il serait indigne de sa gloire de n'être venu précisément que pour voir périr de braves gens, et mit en usage tous les ressorts de la prudence et de la valeur pour les secourir.

Ne pouvant entrer dans le port, à cause des vases qui l'encombrent et le rendent dangereux, et de la tempête qui augmente encore le péril, il embarque, sur de petits bâtimens plats, des

troupes composées de criminels condamnés aux galères, auxquels il promet la liberté; de mercenaires à qui il donne de l'argent, et de plusieurs autres qui, poussés par le désir d'acquérir de la gloire et de la fortune, se sont engagés pour cette expédition. La citadelle est ravitaillée; désespérant d'emporter le fort, les Barbares se retirent; mais ils réduisent la ville en cendres.

Toutefois Emmanuel n'avait point oublié la trahison de Zéjam, qui n'avait cherché à le tromper que pour se rendre lui-même maître d'Azamor. Quatre cents vaisseaux, de toute grandeur, mettent à la voile. La descente s'opère; la place est assiégée et prise, et les Portugais remportent ensuite plusieurs victoires sur les Maures voisins.

Ce fut à quelques années de là, que les Portugais découvrirent Bornéo. Ils y descendirent, mais, trop faibles pour s'y faire respecter, même par la force des armes, ils envoyèrent au roi de l'île quelques présens parmi lesquels se trouvait une tapisserie. A la vue des figures qu'elle représentait, ce prince s'écria que c'étaient des hommes enchantés, qui ne manqueraient point de le tuer pendant la nuit, et, malgré toutes les explications qu'on s'efforça de lui donner pour le rassurer, il ne voulut souffrir ni la tapisserie dans son palais, ni les Portugais dans son port.

Terminons par un de ces traits qui prouvent

que

Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.

Attaqué par Humdyun, empereur des Mogols, et son voisin, du côté du nord, Bandur eut recours à l'assistance du vice-roi dans les Indes, et lui offrit la liberté de bâtir un fort à Diu, avantage que les Portugais désiraient depuis longtemps, et qu'ils n'avaient jamais pu se procurer.

Cette permission produisit une aventure aussi étrange que cette faveur était importante. Jacques Botello, officier fort entendu dans les affaires des Indes, ayant mécontenté le roi de Portugal, pour avoir offert ses services à la France, entreprit de regagner les bonnes grâces de son souverain, par une action désespérée et presque incroyable. Sachant combien la cour de Lisbonne désirait posséder un fort à Diu, il se procure une copie du traité, et, porteur du plan de la citadelle projetée, il fait voile pour le Tage, avec une barque de seize pieds de long, large de neuf, et profonde seulement de quatre et demi. Son équipage se compose de quatre matelots et de cinq domestiques, dont trois sont Portugais, et les deux autres Indiens.

Son départ fut secret. Il donna d'abord pour prétexte à ses compagnons un voyage qu'il vou

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