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jours digne de sa réputation, se sont couverts de gloire.

ESPAGNOLS.

L'invention de la boussole et de la poudre à canon, et plus encore la découverte de l'Amérique, qui conduisit à la conquête du Mexique et à celle du Pérou, ajoutèrent de riches et immenses contrées aux domaines de la couronne d'Espagne. Heureux les rois de cette péninsule, si, se contentant d'être seulement ingrats, ils ne se fussent pas montrés injustes envers de hardis et courageux aventuriers, qui avaient été leurs bienfaiteurs; ouí, leurs bienfaiteurs que ce mot ne blesse personne, car personne n'a le droit d'en paraître même offensé. Les fers de Christophe Colomb s'élèvent contre Ferdinand, et la conduite de Charles-Quint à l'égard de Cortès,

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qui lui avait donné plus de provinces que ses ancêtres ne lui avaient laissé de villes, » est une tache à la mémoire du père de Philippe 1.

Le mariage de Ferdinand avec Isabelle, en joignant les états de Castille à ceux d'Aragon, firent monter l'Espagne au plus haut degré de la puissance. Le roi et la reine vivaient ensemble non comme des époux, dont les biens sont communs, sous les ordres du mari, mais comme

deux monarques étroitement unis pour leurs intérêts privés.

Ferdinand déclara la guerre à Alphonse, roi de Portugal, le battit à Toro, et mit fin aux hostilités par une paix avantageuse. Le royaume de Grenade tentait son ambition; il le subjugua, après une lutte opiniâtre, qui dura huit ans. Maître de la Castille par sa femme, de Grenade par ses armes, et de l'Aragon par sa naissance, il ne lui manquait que la Navarre, qu'il envahit dans la suite. Insatiable, il envoya en Italie Gonzalve de Cordoue, surnommé, à juste titre, le Grand Capitaine, qui s'empara d'une partie du royaume de Naples, tandis que les Français occupaient l'autre.

Henri ví, roi d'Angleterre, était son gendre; il lui propose la conquête de la Guyenne. Le jeune roi envoie une armée,et son beau-père s'en sert pour prendre possession de la Navarre, dont le souverain légitime, frappé des risibles foudres du Vatican, se trouve sous le poids illégal d'une ridicule excommunication.

Vainement Ferdinand, pour justifier son usurpation, allègue une prétendue bulle qui donne la Navarre au premier occupant; plus vainement encore l'Espagne lui décerne les titres fastueux de Sage et de Prudent. Si l'Italie le surnomme

le Pieux, la France et l'Angleterre ne voient en lui qu'un prince ambitieux et perfide, sans honneur et sans probité.

Tranquille en Europe, après avoir constamment marché de succès en succès, Charles-Quint passe en Afrique, à la tête d'une armée de plus de cinquante mille hommes, et commence la campagne par le siége de la Goulette, dans lequel se trouvent plus de trois cents pièces d'artillerie de rempart. Il le prend, défait l'amiral Barberousse, entre victorieux dans Tunis, rend à la liberté vingt-deux mille esclaves chrétiens, et rétablit Mulei-Hassen sur son trône.

Ce triomphe de Charles-Quint sur les Barbaresques de Tunis le porta à tenter une expédition contre Alger; mais il échoua dans son entreprise, n'ayant pas voulu suivre les avis que lui donna André Doria, un des plus habiles marins de son temps. « L'année est trop avancée, lui dit-il, et, si vous persistez dans votre dessein, vous compromettez et votre flotte et votre armée. » Charles n'écoute que la gloire; les lauriers de Tunis le font penser à ceux qu'il peut cueillir à Alger, et il se met inconsidérément en mer, précisément dans une saison que tout autre aurait choisie pour rester ou pour rentrer dans le port.

Cette témérité lui coûta cher les troupes avaient bien opéré leur descente assez près d'Alger, et s'y étaient même fortifiées, malgré l'opposition des Maures, quand tout-à-coup les vents et les orages, accompagnés, nuit et jour, de pluies continuelles, vinrent porter la désolation dans son camp. Les tranchées sont inondées, les fortifications ruinées, et la terre tellement amollie, que, glissant à chaque pas, les soldats sont réduits à l'impuissance de se tenir fermes et de- ' bout sur leurs pieds. La poudre, humide et avariée, rend inutile le service des armes à feu. Les huttes, les tentes, les épaulemens cèdent à la violence des autans, et l'infanterie, qui ne peut ni attaquer ni se défendre, est ou taillée en pièces par les Maures, ou périt misérablement, victime du mauvais temps et des vents déchaînés. Jouet continuel des vagues agitées, les divers bâtimens qui composent la flotte se heurtent et s'entr'ouvrent, ou vont se briser contre les rochers de la côte; d'autres tombent, et sont engloutis corps et biens. Cent quarante vaisseaux de haut-bord, et quinze galères, des équipages entiers, des corps de troupes, des chevaux et la presque totalité des munitions de guerre et de bouche deviennent la proie des flots. Le désastre est complet, et c'est avec la plus grande

peine que Charles regagne l'Espagne, après avoir éprouvé des pertes considérables.

Nous ne parlerons pas de Philippe II, ce prince dont le nom odieux a déjà trop sali notre plume, et qui laissa reprendre par le bacha Sinan, sous le règne de Sélim II, Tunis, le Nouveau Fort et La Goulette. Nous dirons seulement que ce fut à la même époque que Resquésens, ayant succédé au duc d'Albe dans le gouvernement des Pays-Bas, fit presser le siége de Leyden, que celui-ci avait commencé l'année précédente. Les lignes des assiégeans étaient soutenues de soixante-deux forts. La place, qui est au milieu d'une plaine coupée par plusieurs ruisseaux, et par des canaux remplis des eaux de l'Issel, de la Meuse, du Rhin et de la mer, est forte par sa seule situation.

Instruit que la ville était réduite aux dernières extrémités, le prince d'Orange pensa sérieusement à la secourir. Il ne trouva d'autre moyen que celui de rompre toutes les digues élevées pour empêcher le débordement des eaux. A l'instant la plaine et le camp des Espagnols se trouvèrent inondés. Le prince d'Orange introduisit dans cette nouvelle mer cent soixante barques plates, commandées par l'amiral Boisot, homme d'expérience et de courage, capable de conduire les plus difficiles entreprises. Elles étaient mu

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