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peine eurent-elles mis à la voile, qu'elles se retirèrent sous le canon de Copenhague, pour s'opposer aux Suédois qui menaçaient la Zélande d'une descente. Il était temps pour elles, car, sans cette retraite, elles auraient essuyé une tempête violente qui fit éprouver à l'armée navale de Suède des pertes considérables.

Divers combats sont livrés; le bronze tonne sur la Baltique, et les Suédois vaincus abandonnent le champ de bataille. La relation suivante, envoyée par Tromp aux États-Généraux, suffit pour donner une idée de cette affaire, et de celles qui lui succédèrent.

<< Nous avons eu le bonheur de sortir de la rade, à la faveur d'un vent frais, et nous nous sommes rendus à l'armée navale, qui était à l'ancre, entre Stede et Falsterboe. Le vent étant est-, sud-est, nous levâmes l'ancre avec toute l'armée, et mîmes le cap au sud. Nous continuâmes notre route jusqu'à l'entrée de la nuit, que nous mouillâmes au sud-ouest, quart à l'ouest de Stede. A la pointe du jour, nous demeurâmes avec un vent sud-ouest, et, après avoir passé Falsterboe, nous découvrîmes l'armée navale ennemie, forte de cinquante voiles, grandes ou petites, au rapport de nos gardes avancées.

Comme l'après-midi le vent commença à

fraîchir, et que les ennemis en avaient l'avantage, ils s'en servirent pour s'éloigner de nous, de sorte que nous avions bien de la peine à les suivre. La nuit, nous les poursuivîmes à toutes voiles; mais, ayant changé de route, ils se dérobèrent à notre vue, à la faveur des ténèbres, ce qui m'obligea de détacher sept frégates pour chercher et les reconnaître de nouveau.

les

» Environ le midi, nous les découvrîmes au sud-est de notre armée navale, et nous donnâmes aussitôt le signal à tous les navires de la flotte de faire force de voiles, pour aller à eux; nous les poursuivîmes jusqu'à l'entrée de la nuit. Avant midi, nous les aperçûmes encore au sud de Oeland, et nous les approchâmes de si près, sur les onze heures, qu'ils furent contraints de se ranger en bataille.

» Sur le midi, les deux armées s'engagèrent. Le vent était ouest-nord-ouest, et nous avions l'avantage. A peine le combat était-il commencé, que le vaisseau les Trois Couronnes, monté de cent trente-quatre pièces de canon, et commandé par l'amiral-général suédois, fut renversé, et sauta en l'air peu de temps après, sans que je sache par quel accident, puisqu'à peine lui avais-je lâché quelques bordées.

» Alors, toute l'armée navale ennemie fit mine

de prendre la chasse. Je fis d'abord donner le signal pour l'attaquer de toutes parts, et fondre sur elle avec le gros de notre armée. Ce mouvement l'arrêta tout court. Nous virâmes le bord au sud, et je m'approchai du flanc de l'amiral ennemi, chef de l'escadre du pavillon jaune, monté de quatre-vingt-seize pièces de canon. Je le chargeai vigoureusement, lui et les autres vaisseaux qui le soutenaient.

>> Nous étant chargés réciproquement, l'espace d'une heure et demie, le grand mât de l'amiral fut entièrement renversé. Je le contraignis de baisser pavillon, et de demander quartier, que je lui accordai, à cause de la vigoureuse résistance, et de la bravoure qu'il venait de faire paraître, et je fis détacher une chaloupe pour l'aller prendre, mais ce fut trop tard; car un de mes brûlots l'ayant accroché, sans considérer qu'il avait baissé pavillon, et que je n'avais point donné le signal pour monter à l'abordage, le réduisirent en cendres, de sorte que ce beau vaisseau périt avec tout son équipage, qui était de six cent cinquante matelots, si on en exepte cinquante, qui furent sauvés d'une chaloupe.

le
par moyen

» L'armée navale ennemie, après la fatale perte de deux amiraux, voyant que la fortune

nous favorisait, et que la victoire était sur le point de se déclarer pour l'armée danoise, crut qu'il était temps de prendre le large, de sorte que tous les vaisseaux qui la composaient prirent confusément la chasse, et se dérobèrent, à force de voiles, à la poursuite des vainqueurs. Ils laissèrent derrière le vaisseau le Neptune, monté de quarante-quatre pièces de canon et de cent quatre-vingt-dix-huit hommes d'équipage, qui furent pris.

» Il y en eut encore un autre de pris, aussi considérable que celui-là. Les ennemis, ont fait leur possible à deux différentes reprises, pour me réduire en cendres; mais leurs brûlots ont toujours été repoussés. Les alliés n'ont été que fort peu endommagés, et n'ont perdu aucun vaisseau ; le mien n'a souffert que dans les voiles et les cordages. Mon premier capitaine est mort dans le lit d'honneur; le second a eu le bras droit emporté. J'ai eu cent morts ou blessés sur mon bord. »

SUÉDOIS.

Des guerres opiniâtres et sanglantes, des traités violés, de la mauvaise foi entre les contractans signalent le règne des prédécesseurs de Gustave Wasa, homme supérieur par son mérite per

sonnel, l'honneur de sa nation et de son siècle, qui n'eut point de vices, peu de défauts, de grandes vertus, et encore de plus grands talens (1).

Ce prince, après avoir triomphé de ses ennemis, rendu la paix à ses états, et fait refleurir le commerce, laissa, à sa mort, la Suède aussi redoutable à ses voisins que respectable à ses alliés. Ses arsenaux étaient fournis de tout ce qui est nécessaire à la guerre; ses places frontières fortifiées pouvaient braver impunément l'invasion étrangère, et de nombreux vaisseaux étaient toujours prêts à sortir de ses ports.

Éric fut loin d'avoir l'habileté de son père; maladroit dans sa politique, il indisposa contre lui la noblesse, priva un de ses frères de sa liberté, et fit mourir plusieurs de ses domestiques. S'étant flatté d'épouser Élisabeth, reine d'Angleterre, il partit avec quatorze vaisseaux pour terminer ce mariage; mais assailli, en route, par une tempête affreuse, il fut forcé de rentrer dans un de ses ports. Sous son règne, le commerce, âme des états, fut chagriné loin d'être protégé; la navigation sur la Baltique cessa d'être indépendante; défense fut faite aux Suédois d'avoir des relations avec la Moscovie,

(1) RAYNAL.

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