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ans auparavant, ont réduit en cendres le pont que le duc de Parme a fait construire sur l'Escaut, et, se rappelant le dernier siége d'Anvers, ils coupent leurs câbles et gagnent le large. Les Anglais abordent et pillent une de leurs galéasses, privée de son gouvernail dans cette retraite précipitée, y trouvent cinquante mille écus, et l'auraient brûlée, sans le gouverneur de Calais, qui fit tirer sur eux, et les obligea de s'écarter.

Harcelés, canonnés, démâtés, les vaisseaux espagnols ne gardent aucun ordre de bataille, et laissent couper leur ligne; vainement ils essaient de gagner Gravelines, point indiqué pour

espagnole, et, lorsqu'ils furent arrivés à une distance convenable, ils y mirent le feu et se retirèrent. A l'instant le ciel et l'océan parurent embrasés; la consternation de l'ennemi augmenta à mesure que ces bâtimens couverts de flammes approchaient; bientôt elle fut extrême.

Il y avait sur la flotte beaucoup d'officiers et de soldats, qui avaient assisté au siége d'Anvers, qui avaient été témoins de l'effet des terribles machines qu'on y avait employées; ils soupçonnaient nos brûlots d'en être chargés, et s'écrièrent : « Coupez vos câbles, abandonnez vos ancres; » et, dans un moment, la mer fut couverte de vaisseaux dispersés. Une grande galéasse, qui avait perdu son gouvernail, vogua, pendant quelque temps, au gré des flots; mais, le jour suivant, elle fut jetée dans les sables devant Calais, où Amias Preton s'en empara. Journal de Camden.

le lieu du rendez-vous; Drack les attaque, l'artillerie les foudroie, la déroute est complète, la tempête fait le reste.

Tel fut le sort de ce formidable armement : un mois suffit pour le dissiper, et sa destruction ne coûta à l'Angleterre qu'un vaisseau et environ cent hommes, tandis que l'Espagne en perdit quatre-vingts, et treize mille cinq cents soldats et matelots (*).

Lorsque la nouvelle de ce désastre fut connue à Londres, tout le peuple se livra à la joie. Chaque citoyen alluma des feux devant sa maison, et illumina ses fenêtres. La reine monta sur un char éclatant d'or et de pierreries, et se promena dans toutes les rues de la capitale, accompagnée du parlement et des officiers de sa cour. On avait dressé, de distance en distance, des arcs

(*) Un courtisan de Philippe lui ayant appris, d'un ton consterné, la perte de sa flotte, le monarque répondit froidement: : « J'avais envoyé combattre les Anglais, et non pas les vents; que la volonté de Dieu soit accomplie !.. » A la bonne heure! voilà ce qui s'appelle prendre son parti en brave. On rapporte de Philippe, qui vécut et mourut comme Sylla, de maladie pédiculaire, qu'il dit aux médecins qui n'osaient le faire saigner : « Quoi! vous craignez de tirer quelques gouttes de sang des veines d'un roi qui en a fait répandre des fleuves entiers aux hérétiques! »

Dict. Hist.

de triomphe sous lesquels elle passa. Les rues étaient tapissées et ornées de tableaux. De temps en temps, et à des intervalles réglés, on faisait flotter autour du char d'Élisabeth les étendards, les enseignes et les drapeaux qu'on avait pris sur les Espagnols. Les bourgeois de Londres étaient en haie dans les rues où elle passait; chaque corporation était distinguée par ses couleurs.

La reine arriva, au milieu des acclamations de tout le peuple, à l'église de Saint-Paul. L'évêque de Londres la reçut à la porte, accompagné de tout son clergé, et, lorsqu'elle fut entrée dans le temple, on remercia Dieu d'avoir délivré l'Angleterre d'un si grand danger. Le Doyen de SaintPaul prononça un discours sur ce texte : << Si Dieu ne garde la Ville, celui qui la garde fait en vain sentinelle. >>

Cependant Philippe II, persistant dans la résolution qu'il a prise de détrôner Élisabeth, arme de nouveau contre l'Angleterre. Ses escadres insultent les côtes de la Grande-Bretagne;

mais, trouvant que c'était trop peu faire pour prendre sa revanche, il assemble, de nouveau, dans le golfe de Cadix, une flotte composée de plus de soixante-cinq vaisseaux de haut-bord, de deux galéasses, et d'un grand nombre de galions et de frégates.

Attentive aux desseins du roi d'Espagne, Élisabeth met en mer cinquante-six vaisseaux de guerre et cinquante transports remplis de troupes et de munitions, aux ordres de d'Essex et de Howard, que rejoignent vingt-quatre gros vaisseaux hollandais, et six de moindre dimension. On se rencontre, on combat; l'Espagnol est battu sur tous les points, et Cadix assiégé tombe au pouvoir du vainqueur.

DANOIS.

Assiégée par les Suédois, Copenhague avait reçu de la Hollande un secours de deux mille hommes et des provisions, qui furent le salut de cette ville. Un combat sanglant venait d'être livré, et plusieurs vaisseaux avaient été brûlés ou coulés à fond. Ce qu'il y eut de singulier dans cette affaire, c'est que, des deux côtés, tous les chefs d'escadre furent blessés. Chaque parti s'attribua la victoire : les Hollandais se prévalurent du passage du Sund et du ravitaillement de Copenhague; les Suédois alléguèrent que si l'ennemi fût resté maître du champ de bataille, il les serait venu attaquer à leur mouillage. Toutefois, il est certain que les Hollandais auraient aisément détruit la flotte suédoise, si telle eût

été leur volonté. Quelques-uns ont blâmé Opdam de ne l'avoir pas fait; il en reçut même des reproches en Hollande. On doit croire alors que son dessein n'était pas de ruiner les Suédois, mais de les empêcher de se rendre maîtres du Danemarck, ce qu'il exécuta habilement, en secourant la capitale.

Quelques années de paix ont arrêté l'effusion du sang humain; mais bientôt les hostilités recommencent. Christiern, fils de Frédéric, qui, par des alliances sagement calculées avec ses voisins, s'était mis en état de tout entreprendre et de ne rien craindre, déclare la guerre à la Suède, qu'une assez longue suite de prospérités avait rendue florissante. Il confisqua d'abord tout ce qui, dans son royaume, appartenait aux Suédois, mesure injuste, pour ne rien dire de plus, en ce que les peuples seuls en sont les victimes, et joignit sa flotte à celle des Hollandais.

de

Ce fut sur mer que se tira le premier coup canon. Deux vaisseaux danois attaquèrent sur l'Elbe un vaisseau suédois, et, après un combat opiniâtre, l'un des agresseurs fut coulé à fond, et l'autre obligé de gagner le large.

Les flottes de Danemarck et de Hollande n'étaient que de quatorze vaisseaux, de deux brûlots, d'une barque d'avis et de cinq galiotes. A

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