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mémorable, qui tourna à la gloire des États-Unis, et dont le succès fut dû, en partie, à des artilleurs français.

LA CANONNIÈRE ET LE TREMENDOUS.

Quelque temps avant que les Anglais, débarqués à Copenhague, qu'ils bombardèrent et brùlèrent en partie, eussent emmené dans les ports de la Grande-Bretagne, la flotte du Danemarck, la marine française, malgré sa faiblesse numérique, ne cessait de les harceler et de les combattre, souvent mêre avec avantage. Le trait suivant en est une preuve irrécusable, et fait trop d'honneur au capitaine de la Canonnière et à son équipage, pour ne pas leur consacrer quelques lignes.

Le désastre de Trafalgar et le renouvellement de la guerre sur le continent avaient réduit les forces navales de l'empire à un rôle secondaire. Il n'était plus question de conquérir l'Irlande, d'envahir la Grande-Bretagne, et d'aller planter sur la Tour de Londres, les aigles, vierges encore, que Napoléon avait substituées aux vieux drapeaux vainqueurs à Gemmapes, à Fleurus, à Arcole et à Marengo. Le ravitaillement des colonies, et la destruction du commerce britannique, sur les différentes mers du globe, furent des tâches

le gou

plus utiles que brillantes, prescrites par vernement aux commandans des escadres dont la France pouvait encore disposer; aussi, les missions' confiées à ces différens chefs, soit dans l'Océan Atlantique, soit dans la Mer des Antilles, soit dans l'Océan indien, soit dans la Mer Glaciale, soit sur les côtes de France, ne furent point remplies avec un bonheur égal, et de nouveaux revers vinrent accabler une marine qui, depuis l'incendie du port de Toulon, et le combat du 13 prairial, n'avait cessé d'en éprouver. Mais quittons ces tristes et inutiles réflexions, et esquissons le combat glorieux qui se livra, dans la mer des Indes, entre la frégate la Canonnière, de quarante canons, et le Tremendous, vaisseau de guerre, portant soixante-quatorze pièces en batterie.

Commandée par Bourayne, capitaine de vaisseau, la frégate la Canonnière avait fait voile, de Cherbourg, pour l'Ile-de-France. L'amiral Linois était alors absent de cette colonie; cependant, on présumait qu'il devait se trouver dans les parages du cap de Bonne-Espérance, et Bourayne reçut l'ordre d'aller l'y rallier. Arrivée à la hauteur, mais hors de vue, de la pointe Natal, la Canonnière découvrit un convoi. Bourayne, aussitôt, manœuvra pour le joindre, et reconnut

qu'il se composait de treize grands bâtimens, ayant l'apparence de vaisseaux de la compagnie, et il continua de s'en approcher; bientôt il distingua, parmi ces bâtimens, deux vaisseaux de guerre, dont un, dont un, le Tremendous, se détacha du convoi, pour se porter au-devant de la frégate, à laquelle il fit des signaux de reconnaissance, dès qu'il la crut à portée de les apercevoir.

Tout en manoeuvrant pour éviter un ennemi aussi supérieur, Bourayne désirait se maintenir au vent, pour pouvoir profiter, plus tard, de la première circonstance qui lui offrirait le moyen d'attaquer quelque partie du convoi écartée du reste; mais la vue de la côte le força de laisser arriver, pour prendre chasse au large.

Cependant le Tremendous, ayant une grande supériorité de marche sur la Canonnière, se trouve bientôt, à petite portée, dans ses eaux. Le feu commence alors par les canons de chasse de l'un, et ceux de retraite de l'autre. Peu de temps après, le vaisseau étant parvenu à une trèspetite distance de la frégate, celle-ci est forcée à lui présenter le travers. Bourayne manoeuvre en conséquence, et s'établit à deux cents toises sous le vent du Tremendous; mais le capitaine anglais, pour mieux profiter de tous les genres de supériorité de son vaisseau sur la frégate,

la serre au feu, jusqu'à demi-portée de fusil. Ainsi placée, la Canonnière devait, en quelques bordées, être coulée à fond, ou mise entièrement hors d'état de combattre, et la résolution montrée par son capitaine et son brave équipage de courir la chance d'une lutte aussi inégale, mérite les plus grands éloges.

Bourayne ne tarda pas à s'applaudir du parti qu'il avait pris. En vain le Tremendous faisait sur la Canonnière le feu le plus vif; ses canons mal pointés, ne causaient à la frégate presque aucun dommage, tandis que ceux de cette dernière, étaient servis par d'excellens artilleurs, qui ne perdaient pas un coup. Cette circonstance permit au capitaine français de prolonger un combat, que la grande supériorité de son adversaire aurait dû rendre très-court.

Au bout d'une heure et demie, en effet, la Canonnière avait encore sa mâture et son gréement presque intacts, pendant que le vaisseau ennemi était dans le plus grand délabrement, avait une partie de ses voiles désemparées, et son grand mât menaçant de tomber.

Ces avaries du Tremendous, lui ayant fait perdre une grande partie de sa vitesse, soit que la frégate n'eût pu modérer assez la sienne, soit que Bourayne, au contraire, ent voulu en profiter,

pour s'éloigner d'un ennemi aussi formidable, la Canonnière se trouva, tout d'un coup, avoir dépassé le vaisseau, qui arriva vent arrière sur elle. Le capitaine français se décida aussitôt à tenter de lui gagner le vent, en le doublant sur l'avant. Dans cette manoeuvre la Canonnière recut en poupe, et presque à bout portant, une bordée du Tremendous; mais ce vaisseau, n'ayant pu revenir au vent assez promptement, présenta, à son tour, l'arrière à la frégate, qui tira de cette position tout l'avantage que lui donnait l'adresse de ses canonniers.

Désormais le vaisseau ennemi, que ses avaries faisaient tomber sous le vent, aurait en vain cherché à se rapprocher de la frégate il fut obligé de l'abandonner, et de se retirer vers les bâtimens de son convoi. Ces bâtimens, qui avaient forcé de voiles, pendant le combat, n'étaient plus qu'à une petite distance de la Canonnière. L'un d'eux l'Asia, fort vaisseau de la compagnie, se dirigea sur la frégate, et lui envoya quelques volées auxquelles elle ne daigna pas répondre.

Pendant toute la durée de l'action, l'ardeur et l'intrépidité des marins français ne cessèrent de s'accroître, et, au moment où le Tremendous, abandonna le champ de bataille, elles étaient portées à leur comble. Il ne s'agissait plus même

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