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« Nous sommes forcés à faire la guerre pour repousser une injuste agression, dit-il; nous la ferons avec gloire.... Les sentimens qui animent les grands corps de l'état, et le mouvement spontané qui les porte auprès du gouvernement dans cette importante circonstance, sont d'un heureux présage.... La justice de notre cause est avouée même par nos ennemis, puisqu'ils se sont refusés à accepter la médiation offerte par l'empereur de Russie et le roi de Prusse, deux princes dont l'esprit de justice est connu de toute l'Europe. Quelles que puissent être les circonstances, nous laisserons toujours à l'Angleterre l'initiative des procédés violens contre la paix et l'indépendance des nations, et elle recevra de nous l'exemple de la modération, qui seule peut maintenir l'ordre social.... »

Une déclaration de guerre suivit le refus de la médiation offerte par le cabinet de Pétersbourg, et l'invasion du Hanovre fut la première opération que Bonaparte crut devoir entreprendre pour punir le roi d'Angleterre de la rupture du traité d'Amiens.

Arrivé sur la frontière de l'électorat (*), Mor

(*) Remarquons, en passant, que, à la première nouvelle de l'approche des Français, le duc de Cambrige, général en chef des Hanovriens, avait donné sa démission, pris la poste

tier répond par une proclamation, au manifeste que Georges in a adressé aux Hanovriens, et dans lequel, après avoir présenté l'armée française comme une troupe de brigands et de spoliateurs, il appelle aux armes tous ceux qui sont en état de les porter, pour repousser ce qu'il ose nommer, lui, parjure à ses engagemens les plus sacrés, lui qui a faussé sa signature, en refusant d'évacuer Malte, la plus inique des agressions.

de

Mais déjà le Hanovre est occupé par les Français, et l'armée chargée de sa défense a mis bas les armes, tandis que Bonaparte, dans le dessein pousser vigoureusement la guerre, fait tracer un vaste camp sous les murs et sur la côte de Boulogne. Dans les villes, dans les campagnes, on ne parle plus que d'une descente en Angleterre, et, impatient de se venger de la duplicité britannique, le premier consul, certain d'être secondé, fait un appel au patriotisme de la Grande

pour s'embarquer, craignant, sans doute, de partager la honte que son frère, le duc d'Yorck, avait recueillie de son expédition de Hollande.

Cette fuite du troisième fils du roi d'Angleterre, parut d'autant plus étrange, que, quelques jours auparavant, il avait juré de mourir les armes à la main, plutôt que de permettre à l'ennemi de s'emparer du Hanovre. Mémoires du temps.

Nation. Le delenda Carthago devient l'expression favorite de tous ceux qui veulent faire leur cour au chef du gouvernement. Des milliers d'adresses sont envoyées de toutes les parties de la France. Les grandes administrations, dont les premiers fonctionnaires tiennent à leurs places, par amour de la patrie, protestent tous d'un dévoùment sans bornes, et font des voeux exaltés pour la réussite des projets de Bonaparte. Cet élan de haine devient universel, et la France paraît prête à s'élancer tout entière sur le sol de la GrandeBretagne pour en punir les perfides habitans.

D'après le nouveau plan adopté par le premier consul, on devait se servir, pour la descente, de canonnières, de bateaux plats et de péniches, qui, offrant peu de prise aux boulets de l'ennemi, et manœuvrant principalement à la rame, pouvaient échapper d'ailleurs avec plus de facilité à la surveillance des croisières, à cette époque de l'année où les brouillards couvrent le canal de la Manche, et où les gros temps forcent les bâtimens de haut-bord à chercher un abri sur les rades et dans les ports de la côte. Cent soixante mille hommes, portés sur ces frêles esquifs, doivent débarquer aux rives d'Albion, et si ce débarquement réussit, on marche droit à Londres. On dirait que cet espoir a tourné toutes les têtes,

et chaque département veut contribuer à cette expédition gigantesque (*).

Les modèles de construction une fois arrêtés, les ports, les rivières navigables se couvrent de

(*) Des esprits superficiels ont pu tourner cette expédition en ridicule, mais le cabinet de Saint-James la vit comme une chose très-sérieuse, et il avait doublement raison de la redouter, car l'esprit national des Français était alors au plus haut degré d'exaltation contre un gouvernement qu'ils regardaient comme l'âme de toutes les coalitions et le chef de toutes les entreprises formées contre eux.

La France, à cette époque, aurait donné dix armées, l'une après l'autre, pour aller combattre l'Angleterre sur son pro pre territoire.

A ces dispositions menaçantes d'un grand peuple, se joignait un véritable danger. Il y eut un moment où les escadres françaises, espagnoles, hollandaises, réunies à la flottille, dans la Manche dégarnie de vaisseaux ennemis, auraient pu traverser la mer, presque sans obstacles, et porter une armée de héros, animés du profond sentiment d'une haine nationale, sur des côtes alors dénuées de moyens de défense.

Disons-le sans crainte d'être démenti, si des soldats français avaient mis une fois le pied sur le sol britannique, tout le monde aurait voulu venir à leur secours, et partager leur gloire. Telle était, en effet, alors la direction de l'esprit public dans les départemens : ce que nous avançons n'a rien d'exagéré, et le hasard, ou plutôt l'or, l'or tout-puissant du cabinet anglais, fit manquer cette entreprise presque cer

taine.

TISSOT.

chantiers et de cales, où les travaux sont poussés avec une incroyable activité; et, comme l'état des finances ne permet pas au gouvernement de faire les frais de cette dépense extraordinaire, on voit se renouveler les dons patriotiques qui ont signalé le commencement des guerres de la révolution.

Le sénat, le tribunat et le corps législatif prennent l'initiative dans cette espèce de souscription nationale, et votent des sommes considérables destinées à la construction des vaisseaux de ligne. Paris et les principales villes de la république imitent cet exemple. Toutes les classes de la société partagent ce généreux enthousiasme, et souscrivent partiellement ou collectivement pour la construction d'un ou plusieurs bateaux. Les femmes, les enfans, les plus pauvres citoyens montrent le même empressement, et les hommes de la classe indigente, qui ne peuvent point fournir leur quote-part dans ce tribut volontaire, offrent les seules ressources qu'ils aient à leur disposition, leurs bras et leur temps.

Tous les corps de l'ancienne armée, de cette armée victorieuse de l'Europe, et qui commençait à être impatiente de son inaction, reçoivent l'ordre de se tenir prêts à marcher sur les divers points de la côte de l'Océan, où doivent se ras

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