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DE LA MARINE

DE TOUS LES PEUPLES.

LIVRE HUITIÈME.

PRISE, SUR LA GLACE, DE LA FLOTTE HOLLANDAISE PAR LA CAVALERIE FRANÇAISE.

PENDANT que, vainqueurs de la Prusse, de l'Autriche et de l'Angleterre, les Français poursuivaient leurs glorieux succès, préparés par la prise des villes d'Utrecht, de Gorcum, d'Amsterdam, de Rotterdam et de La Haye, la Hollande offrait le spectacle, jusqu'alors inconnu, d'une cavalerie européenne manoeuvrant sur une mer glacée, et faisant capituler des vaisseaux de ligne.

Des obstacles, qui auraient arrêté les armées

les plus entreprenantes, venaient d'être franchis par les républicains. La rigueur des saisons, l'insalubrité du climat, les fatigues et la misère, causées par une campagne prolongée pendant l'hiver le plus rigoureux, étaient pour les soldats de l'indépendance autant de causes d'émulation, et ils mettaient à vaincre les élémens autant d'obstination et de courage qu'ils en avaient montré contre les armées coalisées, dont l'intention manifeste était de renverser et de détruire le nouveau gouvernement de la république.

Etonnés du courage tranquille avec lequel les Français avaient combattu sur les glaces du Wahal, et de la promptitude qu'ils avaient mise à s'emparer de l'île de Bommel, les alliés s'étaient refugiés derrière le Lech, où ils restaient plongés dans le découragement, dont le duc d'Yorck lui-même donna le premier l'exemple.

Tous les efforts de ce prince, en effet, depuis qu'il était venu sur le continent prendre part à la grande querelle de la révolution, n'avaient abouti qu'à des défaites rarement rachetées par quelques actions d'éclat. Vaincu dès son début dans la carrière militaire, au siége de Dunkerque, il n'avait assisté aux campagnes de 1793 et 1794, que pour être témoin de la défaite des troupes, assez maladroitement confiées à son commandement; ce

qui prouve que, en Angleterre comme ailleurs, le hasard de la naissance, le choix de l'adoption ou la magie du nom ne font pas toujours les talens, et que, loin de contribuer aux succès des armes nationales, ils servent souvent à les déshonorer.

Les derniers avantages obtenus par l'armée du Nord, persuadèrent sans doute au duc d'Yorck qu'il ne serait pas plus heureux en Hollande qu'en Flandre, et, pour ne pas être encore une fois spectateur impuissant des nouveaux triomphes des Français, il prit tout-à-coup le parti d'abandonner son armée, et se rembarqua pour la Grande-Bretagne, au moment où Pichegru se préparait à porter de nouveaux coups aux ennemis de la France. Ce général n'attendait plus, pour attaquer les alliés, que de voir le Wahal suffisamment gelé vers Nimègue, où son cours beaucoup plus rapide l'avait empêché de prendre aussitôt que vers Bommel.

Enfin l'époque tant désirée arrive, et le froid est si intense, que le Wahal, devenu solide par les effets d'une gelée continue, fournit aux Français un chemin praticable pour marcher à l'ennemi. Chaque jour amène sa victoire; on s'avance de conquête en conquête, et le succès dont on est sûr pour le lendemain, ne sera qu'une addition au succès de la veille. Toutefois, si l'on a eu

raison de dire que, dans cette campagne mémorable, tout s'était fait par enchantement, cette assertion vraie s'applique mieux encore à l'espèce de prodige que nous allons rapporter, et qui fait naturellement partie de l'histoire de la

marine.

Pichegru avait envoyé dans la Nord-Hollande des détachemens de cavalerie et d'artillerie légère, avec ordre de traverser le Texel, de s'approcher de la flotte hollandaise, qu'il savait y être à l'ancre, et de s'en emparer. C'était la première fois qu'on parlait de prendre une flotte avec de la cavalerie. Cependant cette manœuvre réussit, comme toutes celles qui avaient été commandées. Les Français traversèrent au galop les plaines de glace, arrivèrent auprès des vaisseaux, les sommèrent de se rendre, et firent, sans combat et sans effusion de sang, l'armée navale prisonnière de guerre.

CATASTROPHE DE QUIBERON.

La guerre, quelle qu'en soit la cause, apparente ou cachée, est toujours une calamité; mais les discordes civiles sont le fléau le plus désastreux qui puisse désoler un état, surtout quand elles sont fomentées par l'étranger, dont le froid

égoïsme ne calcule que son intérêt, et la ruine de ses voisins.

On pressent que nous allons parler de Quiberon, où Hoche s'immortalisa; où l'Angleterre montra à nu, comme au temps de Jumonville, toute la turpitude de sa politique assassine. Catastrophe cruelle, que la postérité se refuserait à croire, si des milliers de contemporains, si la grande ombre de Sombreuil, si les côtes de Belle-Ile, d'Hoat, de Theviec, de Carnac, de Plouharnel, de Sainte-Barbe et d'Auray n'en attestaient l'horreur et la véracité!

Confians dans les promesse du ministère britannique, les émigrés quittent la terre de l'exil, accourent au rendez-vous, de toutes les parties l'Europe, et, dans l'ivresse de leur joie, ne doutant plus d'un succès dont les Vendéens euxmêmes ont désespéré, ils se représentent le drapeau sans tache flottant sur toutes les côtes de la France, et les nobles fils d'Henri IV, rétablis dans leurs droits légitimes. Hélas! ce n'était qu'une illusion, bien douce à la vérité; mais combien peu d'entre ces loyaux et fidèles serviteurs de la monarchie, jouiront du bonheur tardif de voir Louis XVIII habiter les Tuileries!

L'armement préparé par l'Angleterre, était un des plus considérables qu'on eùt faits depuis

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