révolutionnaire parcourant les départemens; Nantes décimée par Carrier, Bordeaux par Lacombe, Arras par Lebon; Orange, Avignon, Ro ; Fument de nos vaisseaux les débris confondus Un seul homme, un vieillard, que son mâle courage, Déchiré, mais fidèle à ses devoirs cruels, Ne pleura point son fils dans sa patrie en cendre ; Il cherche ces vaisseaux, qu'il guidait autrefois, chefort présentant l'image hideuse de tous les forfaits; l'héroïsme et la vertu à côté du crime et de la lâcheté; mille combats plus glorieux les Allait au Gange esclave annoncer la vengeance; Ces vaisseaux ne sont plus : nos remparts ébranlés, Il implorait, du moins, un trépas sans outrage; Soit qu'aux yeux des mourans, comme l'ont cru des sages, L'airain tonnant encor sur la ville soumise, De ses derniers regards, attachés dans les airs, perce le nuage étendu sur les mers › Et, de nos vieux marins, ses guides, ses modèles, Il croit voir devant lui les ombres immortelles. Il reconnaît ce Paul, si long-temps redouté; Ce Forbin, dont Venise admira la fierté ; Duquêne, la terreur du rivage africain; Cassart, que ses exploits recommandaient en vain, uns que les autres; vingt succès pour un revers, et cent victoires pour un échec aussitôt reparé que reçu, telle était la situation de la France, Quand sur lui d'un rival l'estime courageuse Le mourant tressaillit à cet aspect funeste : Entend et reconnaît la voix qui la rappelle: Soumise, elle s'élance, et fixe le destin: La paix la suit de loin, des palmes à la main ; Et, seule, dans le fond de ce tableau mobile, (*) Fréjus. Déjà cité. lorsqu'une insurrection grave éclata à bord de l'escadre de Brest, stationnée entre Grouaix et Belle-île-en-mer, dans le mauvais mouillage de Quiberon. Le principal auteur de cette insurrection fut un canonnier de marine, né à Lille, département du Nord, et le prétexte des mouvemens qui eurent lieu, et des circulaires manuscrites adressées aux divers équipages, ne vint que de la crainte vague d'une trahison, bien impossible sans doute, puisque Morard de Galles et le vieux Linois commandaient la flotte; Morard de Galles, qui depuis avec Hoche fut chargé d'une expédition contre l'Irlande, où débarqua Humbert à la tête de sept à huit mille hommes seulement (*). Craindre, pour sa grandeur, le repos de la terre, Alors tout disparaît un voile favorable Le vieillard, qui l'entend, perd la voix et le jour; ESMÉNARD. (*) Une tempête dispersa l'escadre française, et la descente complète en Irlande manqua, parce qu'elle avait été tentée Déclarons, avant tout, que, dans cette affaire, et dans toutes celles qui précédèrent et suivirent, soit à bord du Censeur ou du Ça-ira, soit à bord de la Montagne, soit à Aboukir, soit à Trafalgar, nul Français n'a à se reprocher un acte de félonie; déclarons encore que, sur aucun point, l'Anglais n'a jamais osé attaquer les émules des Duquesne, des d'Hector, des de Grasse, des la Motte-Piquet, etc., etc., sans une force d'un tiers en plus. Paris le sait; Londres, pleurant ses éternelles guinées, le sait mieux encore. Cependant près de cette côte (1), où Hoche dans une saison peu favorable. Hoche débarqua à La Rochelle, avec quelques troupes en habits rouges. Il revint à Brest par mer. Morard de Galles et sa suite se rendirent, par terre, à la même destination. Citons ici une aventure qui n'est point indigne de l'histoire. Arrivé à Chantonay, Morard de Galles ne trouva point de lit, même au Mouton Blanc. Les bleus avaient tout brûlé dans le pays. L'hôtesse lui donna le sien, ou plutôt quelques misérables débris de matelas échappés aux flammes. Deux draps blancs reçurent l'amiral dans une salle semi-couverte, et au milieu de tout son monde, buvant, fumant et chantant. Ceux qui voulurent dormir allèrent se jeter sur du foin. Le lendemain, on se remit en route, et l'on arriva à Nantes. « Je n'ai jamais passé de meilleure nuit, » dit Morard de Galles. Nous l'avons entendu. (1) Quiberon. |