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Le glaive enfin fait place à l'olivier, et les préliminaires, une fois convertis en un traité définitif, la paix entre la France, l'Espagne, l'Angleterre et les États-Unis, est signée le 3 septembre 1783 (*).

Telle fut l'issue de la longue lutte entreprise pour la cause de l'Amérique. Si l'on peut croire que les colons cherchaient, dès long-temps, l'occasion de faire éclater leur mécontentement secret, l'on doit avouer aussi que les Anglais furent eux-mêmes les premiers à les y exciter. Leurs

(*) Le traité définitif, entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, fut signé, à Paris, par David Hartley, d'une part, et par John Adams, Benjamin Franklin *, et John Jay, de l'autre.

La veille, avait été conclu également, à Paris, le traité particulier entre la Grande-Bretagne et les États-Généraux de Hollande le duc de Manchester stipulant au nom de Sa Majesté Britannique, et MM. Van-Berkenroode et Bransten, au nom de Leurs Hautes-Puissances.

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* On a souvent cité le vers suivant, au sujet de Franklin; ce qui est sûr, c'est qu'il est sorti de la bouche de Mirabeau, à l'époque de l'assemblée constituante:

Eripuit Coelo fulmen, sceptrumque Tyrannis.

Trop long-temps son genie enchaina le tonnerre,
Vous, tyrans, frémissez!.... il regagne les cieux ;
Il va rendre à la foudre et sa force et ses feux,
Pour punir désormais les crimes de la terre,

lois rigoureuses irritaient, au lieu de restreindre; l'insuffisance de leurs forces militaires, la versatilité de leurs mesures enhardirent encore la résistance des Américains. Entre eux et leurs anciens maîtres, comme on l'a toujours vu dans les guerres civiles, les hostilités prirent un caractère d'acharnement, et quelquefois même elles furent souillées par des barbaries.

Entre les Anglais, au contraire, et les autres nations européennes, qu'ils eurent à combattre, les traits de valeur mutuelle furent encore relevés par cette humanité, cette courtoisie, qui caractérisaient éminemment le xvIe siècle. Le congrès, et les Américains, en général, déployèrent une constance peu commune; le cabinet britannique mérita peut-être le reproche d'une obstination trop prolongée, et le ministère français s'illustra par des actes d'une politique con

sommée.

De ces causes diverses, naquit, au sein du Nouveau-Monde, une république heureuse, au dedans, par sa constitution, pacifique par caractère, considérée et recherchée; au dehors, par l'abondance de ses ressources. Autant qu'il est possible de juger des choses d'ici-bas, l'étendue et la fertilité de son territoire, et l'accroissement rapide de sa population, doivent l'élever un jour

au rang des états les plus puissans. Pour consolider leur ouvrage, et en éterniser la durée, deux périls sont surtout à éviter par les Américains: l'un est la corruption morale qu'enfante, trop souvent, l'amour excessif du gain; l'autre, l'oubli des principes sur lesquels repose l'édifice social.

Qu'ils s'efforcent, du moins, d'y revenir promptement à ces mêmes principes, si jamais le cours ordinaire des événemens de ce monde introduisait le relâchement et le désordre dans le régime qu'ils se sont donné!

RÉVOLUTION FRANÇAISE.-LA RÉPUBLIQUE.

Louis XVI avait reçu, à son avénement au trône, le trésor public en mauvais état, résultat inévitable de l'incurie de ses ministres, et son premier vœu avait été de le rétablir. Dans son édit pour la remise des droits de joyeux avénement, ce prince s'exprimait en ces termes : « Entre les différentes dépenses qui sont à la charge du trésor public, il en est de nécessaires, qu'il faut concilier avec la sûreté de nos états; d'autres, qui dérivent des libéralités, peut-être susceptibles de modération, mais qui ont acquis des droits dans l'ordre de la justice par une longue possession, et qui, dès lors, ne présentent que

des économies partielles; il en est, enfin, qui tiennent à notre personne, et à la maguificence de notre cour; sur celles-ci, nous pouvons suivre plus promptement les mouvemens de notre

cœur. >>

Peut-être le monarque ne les suivit-il que trop à cet égard, en se privant d'une garde nombreuse, que son amour pour son peuple lui fit envisager comme inutile à sa sûreté. Il la sacrifia, ainsi qu'une multitude d'autres objets de dépenses, à la passion de combler le déficit, qui faisait son tourment, et qui a fait tous ses malheurs, sans que l'exemple de sa modération et de sa simplicité personnelles apportât aucune réforme dans une cour livrée au plus grand faste.

Les ministres, que des mutations successives mettaient à la tête des finances, commençaient tous par insinuer la nécessité de ces réformes, comme le moyen le plus propre à rendre égales entre elles les dépenses et les recettes; mais, s'apercevant que ce moyen, en horreur à toute la cour, excepté au monarque, pouvait entraîner leur disgrâce par la faiblesse du prince, ils en revenaient ou à des impôts, ou à des emprunts, véritables impôts déguisés, dont les intérêts sont toujours à la charge des nations.

Six années étaient à peine écoulées entre le

jour où la cour de Versailles avait forcé celle de Londres à reconnaître l'indépendance des ÉtatsUnis d'Amérique, et celui où les symptômes d'une révolution inouïe dans les fastes du monde, se manifestèrent en France, lorsque, par suite de mouvemens insurrectionnels, dont les causes, à la honte de leurs auteurs, ne sont malheureusement que trop connues, la Bastille, enlevée de vive force, vint changer tout-à-coup la face des affaires.

à

La noblesse détruite cessait de faire un corps part dans l'état, mais il n'en était pas de même du clergé. L'assemblée nationale, qui, depuis la confiscation de ses biens, se trouvait dans la nécessité de le salarier, chercha la diminution de ses charges, dans le retranchement d'une partie des ministres du culte catholique. Un évêque parut suffisant par département, et l'était en effet de là des éliminations sans autre forme, des suppressions, des dispositions nouvelles d'élection, une suite de lois enfin, auxquelles on donna le nom de Constitution Civile du Clergé, et qui, loin de le constituer, le détruisait (*). Les droits de la hiérarchie y étaient méconnus, et

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(*) Anquetil, à qui cette phrase et la suivante sont empruntées, en sa qualité de prêtre et de gros bénéficier, avait ses raisons pour tenir un pareil langage. Tout prouve, au

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