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dans les Antilles, ainsi que les opérations dont ces îles avaient dû être l'objet, intéressaient beaucoup plus Charles IV que Louis XVI.

Les pertes que la France avait éprouvées dans l'Inde pouvaient d'ailleurs contre-balancer les conquêtes qu'elle avait faites en Amérique. Cette puissance, au total, se voyait en droit de traiter, pour elle-même, sur le pied d'une égalité réciproque, en ce qui concernait les chances de la guerre, mais sur celui d'une supériorité incontestable, relativement à l'indépendance des États

Unis.

Outre ce puissant motif, il en existait d'autres qui faisaient soupirer après le prompt rétablissement de la paix. Les finances étaient épuisées : malgré la sagesse des réglemens, et l'économie que le gouvernement cherchait à établir dans toutes les parties de l'administration du royaume, les ressources n'étaient plus en proportion avec les frais exorbitans qu'entraînait la guerre. Les dépenses excédaient les recettes, et chaque jour voyait s'accroître la dette publique.

Le rétablissement de la marine, des expédi

effectivement, de reconnaître l'indépendance des EtatsUnis; or, c'était le principal, et même le seul motif qu'eût avoué la France, en prenant les armes.

BOTTA.

tions dans des contrées lointaines, la prise de plusieurs convois qu'il avait fallu remplacer, telles étaient d'abord les premières charges qu'avait dû supporter le trésor royal. Les Français à cette époque avaient donné des soins particuliers à l'extension de leur commerce. La guerre lui avait été extrêmement préjudiciable, et les négocians qui avaient le plus souffert ne pouvaient plus espérer de réparer leurs pertes que par la cessation des hostilités.

Quant à l'Espagne, l'espoir de conquérir Gibraltar et la Jamaïque, se trouvait anéanti, et la continuation de la guerre, pour parvenir à ces deux points, eût donc été plutôt l'effet de l'obstination que de la constance. D'un autre côté, la cour de Madrid avait soumis à ses armes Minorque et la Floride occidentale, et la GrandeBretagne n'ayant aucune compensation à lui offrir pour ces deux acquisitions, il était naturel de penser qu'un traité de paix en assurerait la propriété à l'Espagne.

Quoique les vues du cabinet de Madrid eussent été portées plus haut, cet avantage suffisait néanmoins, pour que les Espagnols cessassent de dire qu'ils avaient pris part à la guerre, sans aucun intérêt personnel, et par pure complaisance. Déjà plus d'une fois, en effet, on n'avait

pu voir, sans étonnement, Charles Iv fournir des alimens à un incendie qui pouvait devenir si funeste à ses états d'outre-mer. Le but de cette guerre n'était-il point d'établir une république indépendante au sein d'une contrée, voisine de ses possessions du Mexique (*)? La nouveauté, la contagion de l'exemple, la tendance naturelle des peuples à secouer le joug, ne devaient-elles pas inspirer de justes alarmes (1)? Mais si l'Espagne était intervenue dans cette grande querelle, contre ses intérêts particuliers, elle eût été doublement blåmable de prodiguer tant d'or et de sang pour la prolonger, à l'époque surtout où Minorque et la Floride lui garantissaient des conditions honorables. Cette puissance inclinait donc aussi vers la pacification générale.

Il nous reste à jeter un coup d'œil sur la situation où se trouvait alors la Hollande. Suivant de loin leurs alliés, plutôt que marchant du même pas, les États-Généraux étaient réduits, par leur position, à vouloir tout ce que voudrait la France.

(*) C'est ce qui a été fait dans ces derniers temps, et qui durera, parce que le charme est rompu, et que l'Espagne n'a plus, et n'aura jamais le pouvoir de ressaisir le sceptre de fer qu'elle a si durement fait peser, depuis la découverte, de l'Amérique, sur les malheureux Indiens.

(1) Вотта.

Ce n'était plus que de cette puissance seule, et non de leurs propres forces, qu'il leur était permis d'espérer le terme de leurs inquiétudes. S'ils avaient recouvré Saint-Eustache et Démérary, n'était-ce pas à Louis xvi qu'ils en étaient entièrement redevables? Ils souhaitaient donc la paix, depuis que l'expérience leur avait démontré que la guerre ne pouvait être pour eux d'aucun avantage, et qu'elle n'est jamais plus nuisible qu'aux peuples dont l'existence est fondée sur le commerce.

A ce penchant pour la paix, que laissèrent éclater à la fois les puissances belligérantes, vint se joindre la médiation de l'impératrice de Russie et de l'empereur d'Allemagne; leur intervention fut acceptée, avec un empressement unanime, et tout semblait s'acheminer vers une paix générale.

Elle se négociait, en Europe, au milieu des dispositions les plus formidables des alliés, qui avaient encore quarante-six vaisseaux de plus que les Anglais. L'échec de la campagne précédente n'avait fait que réveiller l'énergie des Français, et, pour remplacer les sept vaisseaux qui avaient été perdus, il s'était fait par les particuliers, les corps et les provinces, des soumissions généreuses d'en fournir le double.

De nouveaux renforts, pour l'Inde, ainsi que huit mille hommes, et neuf bâtimens de guerre, pour le continent de l'Amérique, venaient de partir de Brest, et un nouvel armement s'y préparait encore, et devait joindre, sous peu, la flotte espagnole. Désiré par les deux nations, d'Estaing était destiné au commandement général. Il s'était même mis en route, pour se rendre en Espagne; l'escadre était prête à faire voile de Cadix, et l'on se proposait de conquérir Gibraltar, à la Jamaïque, lorsque les préliminaires de paix, entre toutes les puissances belligérantes, rendirent ces préparatifs superflus.

Les Anglais et les Américains furent les premiers qui se rapprochèrent. Ils signèrent un traité provisoire, qui devait être regardé comme définitif, et rendu public à l'époque où la France et la Grande-Bretagne auraient terminé leurs différens. Les bases de ce traité étaient la reconnaissance, par le roi d'Angleterre, de la liberté, de la souveraineté et de l'indépendance de treize Etats unis d'Amérique, individuellement et successivement nommés, renonçant Sa Majesté Britannique, tant pour elle, que pour ses héritiers et successeurs, à tout droit quelconque sur le gouvernement, les propriétés ou le territoire desdits Etats.

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