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que

Ce général devait rester momentanément au Cap, pour en diriger les moyens de défense, et y attendre de nouveaux renforts expédiés d'Europe. Divers obstacles s'opposèrent à cet envoi, et forcèrent à remettre à un temps plus favorable, les décisifs coups l'on s'était proposé de porter dans ce pays. Bussi ne put donc remplir, de sa destination, que ce qui concernait le Cap; mais il s'en acquitta si bien, que le commodore, ayant paru devant la place, et reconnu sa situation, n'essaya pas même de l'insulter, et reprit la route de la Grande-Bretagne.

Aux avantages près que les Anglais avaient obtenus, dans l'Inde, sur Hyder, avantages qu'ils achetèrent de la perte de beaucoup d'Européens, cette campagne fut malheureuse pour eux. Cependant ils la terminèrent par un incident qui fit honneur à Kempenfeld, mais dans lequel la fortune entra aussi pour sa part. Cet amiral croisait sur les côtes de France, avec douze vaisseaux de ligne, dans l'espérance d'intercepter un riche convoi de cent trente-cinq bâtimens, venant de Saint-Domingue, et qui entra heureusement à Brest, lorsqu'il fut rencontré par Guichen, à cinquante lieues, au sud d'Ouessant.

Le Français commandait une escadre égale en forces à celles de l'Anglais, et, se rendant à

Cadix, escortait chemin faisant, deux vaisseaux de ligne et un convoi destiné pour l'Inde, et sept autres bâtimens de guerre, avec cent dixhuit transports chargés de neuf mille hommes, que Vaudreuil conduisait aux Antilles, en sorte qu'il avait une immense supériorité sur l'Anglais. Un coup de vent d'abord, et une tempête terrible ensuite, l'empêcha d'en profiter, et sépara le convoi de la flotte.

A la vue des Français, dispersés à la vérité, Kempenfeld eut l'heureuse audace de couper quinze bâtimens, et il en eût amariné davantage, si Vaudreuil, avec deux vaisseaux seulement, ne l'eût arrêté dans ses progrès, et déterminé à une retraite prudente, par l'appréhension d'avoir à résister bientôt, peut-être, aux forces françaises réunies. Plusieurs navires du convoi furent jetés à la côte, et Vaudreuil n'en put conduire qu'une partie à la Martinique, où de Grasse et Bouillé l'attendaient, pour former une tentative sur la Jamaïque.

Cette expédition en Amérique, le siége de Gibraltar en Europe, et le recouvrement de l'Inde en Asie, tels étaient les résultats que l'on espérait des efforts immenses que faisaient encore la France et l'Espagne, dans la vue d'amener la paix. La prise de Saint-Christophe avait préludé à ces

grands projets. Fort de vingt-huit vaisseaux, l'amiral français y avait débarqué six mille hommes, aux ordres de Bouillé, qui avait sous lui Duchilleau, Saint-Simon, Dillon et Damas. L'île se soumit immédiatement, à l'exception de la forteresse de Brimstone - Hill, où Frazer avait réuni ses divers détachemens.

Pendant qu'on en faisait l'investissement, Albert de Rioms présidait à la pénible extraction de pièces de siége, englouties près de la côte avec le navire qui les transportait. Ses soins eurent le plus heureux succès, et déjà les batteries commençaient à jouer, lorsqu'on aperçut la flotte de Hood, montant de vingt à vingt-deux vaisseaux, qui s'approchait du fort.

De Grasse quitta aussitôt son mouillage dans la rade, pour aller au-devant de lui. Deux engagemens eurent lieu entre les escadres; ils furent peu importans, mais ils se terminèrent par une habile manœuvre de la part des Anglais, qui, donnant le change à de Grasse, eurent l'adresse de s'embosser sur le fond même qu'il venait de quitter, et de contraindre l'ennemi à tenir la mer, à leur place. Un coup de vent pouvait l'éloigner tout-à-fait, et alors la position des assiégeans, entre la flotte et la forteresse, serait devenue très-critique.

Redoublant d'efforts et d'activité, les Français triomphent de ce désavantage, et repoussant les troupes que Hood a débarquées à la Basse-Terre, ils éloignent ses frégates de Brimstone-Hill, et, à l'aide de l'artillerie auxiliaire du Caton, que Framont met à leur disposition, ils parviennent à faire capituler la place.

Non seulement de Grasse, durant cet intervalle, n'essaya point d'attaquer Hood, que l'immobilité de son embossement, à une certaine distance de la côte, rendait vulnérable, mais il eut encore à se reprocher de l'avoir si peu surveillé après la capitulation, que, malgré le temps qui fut nécessaire aux Anglais, pour lever leurs ancres, ils lui échappèrent. Il eut cruellement à se repentir, dans la suite, de cette double faute. Hood rentra heureusement à Sainte-Lucie, où l'escadre de Rodney porta la flotte anglaise à trente-huit vaisseaux, tandis que celle de France, après la réunion de Vaudreuil, n'en comptait que trente-cinq.

Toutefois, dix-sept bâtimens espagnols l'attendaient à Saint-Domingue, et devaient lui rendre la prépondérance nécessaire à la conquête de la Jamaïque. De Grasse partit de la Martinique pour effectuer cette jonction. Rodney l'épiait, de Sainte-Lucie: doublés en cuivre,

tous ses vaisseaux avaient une marche supérieure à celle des Français, que retardait encore le convoi qui portait les troupes de débarquement. Aussi, dès le soir même, fut-il en vue, et le lendemain, son avant-garde, aux ordres de Hood, atteignit l'armée française.

Ayant fait signal au convoi de continuer sa route, sous l'escorte de deux bâtimens de hautbord, de Grasse engage le combat avec l'avantgarde anglaise, la maltraite, et, au bout de deux heures, continue de faire voile sur la Guadeloupe. Le Caton et le Jason sont séparés de la flotte; mais, justement convaincu de l'importance d'éviter Rodney, tant qu'il n'aura pas opéré sa jonction, il les abandonne sagement, et poursuit sa route. Que ne s'est-il rappelé, le sur lendemain, les motifs qui l'avaient déterminé alors! Presque au moment de mettre l'ennemi dans l'impossibilité de l'atteindre, non seulement il s'arrête, mais encore il rebrousse chemin, pour dégager le Zélé, que des avaries dans ses manoeuvres font dériver sur la flotte anglaise. Il sauve en effet ce vaisseau, qui fut remorqué jusqu'à la Guadeloupe, où s'étaient rendus le Caton et le Jason; mais il est rejoint par Rodney, entre les Saintes et la Dominique, et se trouve dans la funeste impossibilité de refuser un combat in

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