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leur procurer des vivres, et ils manquèrent de parole. Les Turcs furent obligés de détruire tous les retranchemens qu'ils avaient élevés, et de se retirer sans avoir obtenu le plus léger succès.

Voyant qu'ils n'avaient plus rien à espérer des Turcs, et voulant rendre leur défection envers les Russes moins punissable, ces Tartares conseillèrent aux Ottomans de passer par la Steppe de Moschav, comme étant la route la plus courte et la plus facile pour se rendre à Azof. Ce funeste conseil occasiona la perte des Turcs; ils furent détruits par la fatigue, le froid et la disette. Trois mille hommes seulement retournèrent à Constantinople.

Ce fut vers le même temps que les Livoniens, qui avaient à redouter le voisinage de deux ennemis puissans, Sigismond et Ivan, engagèrent Gustave Vasa à rompre la paix de soixante-dix ans, qu'il avait conclue avec les Russes. Il la rompit, et assiégea la ville d'Orechek. Les Russes vinrent à son secours. Les Suédois furent obligés de lever le siége et de se rembarquer. Les Russes prirent sur eux un vaisseau que montaient cent soixante hommes, et s'avancèrent ensuite vers la Finlande. Ils ne rencontrèrent aucun obstacle, jusqu'à Vibourg, et ravagèrent impunément les pays par où ils passèrent.

Un auteur allemand (1) dit, à ce sujet, que Sigismond offrit à Gustave d'entrer en alliance contre les Moscovites, en lui promettant de ménager tellement les villes anséatiques, pendant cette guerre, qu'elles ne le troubleraient aucunement; qu'ensuite Gustave marcha vers la Finlande avec des troupes nombreuses, et resta sous les armes, et la même année et la suivante. Mais voyant que ni les Livoniens ni les Polonais n'attaquaient de concert les Moscovites, comme on en était convenu, Gustave fit la paix et s'en retourna en Suède (*).

Près de cinquante ans s'étaient écoulés, au milieu de troubles et de guerres continuels; la famine et des voleurs avaient porté la désolation au sein même de la capitale de l'empire, lorsque Boris, après avoir vu ses états délivrés de ces deux fléaux, s'occupa des moyens propres à réparer ces pertes. Toutes les communications avaient été interrompues entre les provinces, et les marchands étaient ruinés. Il fallait ranimer

(*) Ici les historiens russes ne sont pas d'accord avec Puffendorf, car ils prétendent que l'armée suédoise livra une bataille, et que les Moscovites remportèrent une victoire complète.

(1) PUFFENDORF.

LE CLERC.

R

l'industrie sans ressources, et favoriser le commerce intérieur et extérieur de l'état. Boris ne négligea rien pour procurer ces avantages à la nation. Les ports de Riga, de Dorpat et de Revel, furent ouverts aux navires des villes anséatiques, dont plusieurs obtinrent l'exemption d'être soumis à l'inspection des douanes, toujours abusives et vexatoires quand l'impôt qu'elles prélèvent est immodéré. Rome et la Grande-Bretagne députèrent auprès du Czar, pour le prier de permettre que les Italiens et les Anglais eussent la liberté de faire le commerce en Russie et en Perse. Cette demande n'éprouva aucune difficulté, et les envoyés reçurent des présens considérables. Boris était assez ambitieux pour désirer qu'on publiât sa magnificence dans les pays étrangers.

Toutefois, en ouvrant les ports de la Baltique aux peuples commerçans, le Czar crut devoir fermer les frontières de la Russie aux peuples nomades, qui l'avaient ravagée tant de fois, et Bogdan Belski fut chargé de faire bâtir une ville et une forteresse qui pussent servir de boulevart contre les irruptions des Tartares Nogaïs et des Circassiens. Cette ville fut appelée Borissova, du nom de son fondateur, et l'on entoura Smolensk d'un mur de pierres, pour la défendre

contre les entreprises des Polonais et des autres peuples limitrophes.

Nous touchons à une époque bien glorieuse pour la Russie; mais, avant de parler de Pierre 1er, qu'on doit, à juste titre, regarder comme le créateur, le réformateur et le législateur de son empire, nous terminerons ce paragraphe par quelques lignes sur un de ses prédécesseurs dont le père et l'aïeul, comme le remarque Voltaire, ont fait tous leurs efforts pour civiliser les peuples qu'ils étaient appelés à gouverner.

Guidé par les conseils d'un ministre ami du calme, Alexis fit la paix avec tous ses ennemis, et ne s'occupa que des avantages de la nation. Il tourna son attention du côté des sciences, des arts, des manufactures et du commerce. Il avait conçu le projet d'équiper et d'entretenir des flottes sur la mer Noire et sur la mer Caspienne, et de faire venir de Hollande des constructeurs habiles, des hommes enfin capables d'instruire ses sujets dans l'art de la marine. Son premier vaisseau, dû aux soins de David Butler, fut appelé l'Aigle.

Les historiens s'accordent à faire l'éloge du caractère d'Alexis, et disent unanimement qu'il était bon époux, bon père, bon parent, bon ami, bon souverain. Il était vif à l'excès; mais

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sa douceur naturelle calmait bientôt ses impatiences rendu à lui-même, il réparait ses torts par des bienfaits envers les personnes qu'il avait maltraitées dans un premier mouvement, et donnait des marques non équivoques d'amitié à tous ceux qui l'environnaient. Son âme élevée était véritablement digne du trône; et son cœur humain, compatissant, généreux, souffrait lorsqu'il devait signer des sentences de mort. Il dit un jour à Narichkin, qui lui en présentait une : « Je ne suis pas Czar pour faire périr mes sujets; je dois, au contraire, les conserver et accorder grâce à tous ceux qui ne sont pas convaincus d'assassinat. » Lecture faite, voyant que le coupable était un déserteur, il mit au bas de la sentence : « J'accorde grâce, » et signa.

ANGLAIS.

Après avoir secoué le joug que l'Espagne faisait depuis long-temps peser sur ses provinces, la Hollande avait été obligée, pour conserver son indépendance, de chercher un appui chez les autres nations, et ne pouvant, à cause des troubles de la Ligue, s'adresser à la France, elle eut recours à la Grande-Bretagne.

Les propositions faites à Élisabeth sont favo

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