Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

pas plus de succès, ou, du moins, les mesures qui en furent la suite, parurent des actes de connivence. Dès lors, le commerce des ProvincesUnies fut livré à la rapacité anglaise. L'accession, que méditait la Hollande, à la neutralité armée, semblait devoir y porter remède; mais l'Angleterre, que cette menace aurait frustrée de son espérance, déclara nettement la guerre à la Hollande, se flattant de compenser sur les possessions sans défense de cette puissance, les pertes que pourraient lui faire éprouver les autres.

Rodney n'eut pas plus tôt reconnu şon erreur sur les projets des Français et des Espagnols, qu'il revola vers les Antilles, et, seule puissance alors dans ces mers, il se hâta d'en profiter, pour mettre quatre mille hommes à terre à SaintVincent. Toutefois, sept cents Français, qui formaient la garnison de Kinstown, suffirent pour lui enlever l'espérance qu'il avait conçue de s'en rendre maître.

Informé de la déclaration de guerre entre l'Angleterre et la Hollande, il tourna ses efforts vers des conquêtes plus faciles et plus lucratives. Saint-Eustache est pris; trente-deux navires, chargés des dépouilles des négocians hollandais, sont expédiés en Europe, sous l'escorte de quatre vaisseaux de ligne, mais, à la vue des côtes bri

tanniques, et à la hauteur des Sorlingues, ils sont rencontrés par La Motte- Piquet, qui en enlève vingt-six.

Vers le même temps, le comte de Grasse, parti de Brest, avec vingt-un bâtimens de hautbord, et un nombreux convoi, ayant fait remorquer les plus mauvais voiliers, arrive aux Antilles. Occupé, à Saint-Eustache, à la vente des effets qu'il a capturés, Rodney détache le viceamiral Hood, pour l'observer, et lui fermer l'entrée du port de la Martinique. La flotte française se grossit, en vue du Fort-Royal, d'un renfort de quatre vaisseaux; Hood, malgré son infériorité, ne refuse pas le combat, et ne prend chasse qu'après quatre heures d'engagement.

Une diversion sur Sainte-Lucie, en trompant les Anglais sur le véritable dessein de l'amiral français, lui permit de descendre à Tabago, sans y être attendu. Bouillé, déjà en réputation par la prise de la Dominique, conduisit les attaques, et fit capituler les forces de cette île importante et par ses productions, et par son voisinage du continent méridional de l'Amérique. Quant à de Grasse, des dépêches qu'il reçut, alors, de RhodeIsland, par la frégate la Concorde, qui lui amenait des pilotes américains, lui firent quitter ces parages, et gagner d'abord Saint-Domingue. Ju

geant la campagne finie dans les Antilles, Rodney repassa en Angleterre, avec une partie des dépouilles de Saint-Eustache, et laissa à Hood le commandement en chef de la flotte.

De Grasse ne fit que toucher à Saint-Domingue; il y prit des troupes de débarquement, et, de cette île, il gagna le rapide et dangereux canal de Bahama, pour se rendre plus tôt sur les côtes de l'Amérique où il était attendu avec impatience. Il pensa, dans sa route, intercepter, à la pointe de Cuba, un riche convoi, qui venait de sortir de la Jamaïque, et qui, y rentrant aussitôt, jeta l'alarme dans toute l'île. Enfin, l'amiral français, mouilla à l'entrée de la Chesapeak, et commença à exécuter, pour sa part, le plan concerté, à Rhode-Island, par Washington et Rochambeau, et auquel la frégate, dépêchée aux Antilles, l'avait invité à concourir. Ce plan consistait à enfermer tellement Cornwalis, dans la péninsule d'Yorck-Town, qu'il fût contraint de subir le sort de Burgoyne, à Saratoga, et de mettre bas les armes.

Contrarié dans sa marche par La Fayette, qui, avec un faible corps de milices, ne cessait, depuis long-temps, de Fobserver et de le harceler, le général anglais se vit forcé de rétrograder vers la mer, lorsque la jonction des Français avec les

Américains vint accroître pour lui la difficulté de subsister dans un pays qu'il avait ruiné par ses dévastations. Il gagna Yorck-Town, et il y était en communication avec la flotte de l'amiral Arbuthnot, qui le fournissait de vivres, et qui devait même lui amener des renforts. Toutefois Clinton, qui les lui promettait, changea de résolution sur l'avis certain qu'il crut avoir par une lettre interceptée, que Washington et Rochambeau se proposaient de marcher contre lui.

Cette lettre était une feinte des deux généraux; ils lui donnèrent un nouveau crédit, par un mouvement prononcé qu'ils firent sur NewYorck. Clinton, dès-lors, rappela encore Arbuthnot, ce qui permit à de Grasse d'entrer sans obstacle dans la baie, et de couper toute retraite à Cornwalis, du côté de la mer, ainsi qu'on s'appliquait à la lui enlever du côté de la terre, mais insensiblement pour le mieux abuser.

Trois mille hommes, amenés par la flotte, et commandés par Saint-Simon, se réunissent aussitôt à La Fayette. Terminant une marche de près trois cents lieues, Washington et Rochambeau arrivèrent à Baltimore, à l'autre extrémité de la baie, où l'officier chargé de leur annoncer la présence de l'amiral à sa station, les attendait depuis une heure concours bien extraordinaire dans

une entreprise d'une exécution si longue, et concertée de si loin!

Des frégates les transportent à Williamsbourg, où toutes les troupes de l'expédition se trouvent réunies au nombre de vingt mille hommes, dont la moitié sont Français. Custines, Vioménil, Chatellux, se font remarquer parmi les principaux officiers, ainsi que Biron, connu alors sous le nom de Lauzun, qui avait achevé la conquête du Sénégal; Noailles, qui s'était déjà distingué à la prise de Grenade; Rochambeau, fils du général, et colonel du régiment d'Auvergne; Mirabeau, frère du député de ce nom, à l'assemblée constituante, colonel de celui de Touraine; Duportail, depuis ministre; le commissaire ordonnateur Villemanzy, Charles Damas, Robert Dillon, Charles Lameth, Matthieu Dumas, Alexandre Berthier, mort prince de Neuchâtel et de Wagram, et une foule d'autres, tous unis alors de sentimens, et qui depuis, par l'effet de nos dissensions domestiques, ont combattu sous des drapeaux divers, mais ont également conservé purs, intacts et sans tache, la gloire et l'honneur français.

Réunis, Graves et Hood essaient de troubler les opérations combinées, suivi de vingt-quatre vaisseaux de ligne, de Grasse marche à leur rencon

« ZurückWeiter »