Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

teresse. On en croyait la prise si infaillible, qu'on avait menacé la garnison de la faire passer au fil de l'épée dans le cas où elle se permettrait d'endommager les fortifications de la place. Les approches, secondées par l'artillerie de la flotte, donnaient, en effet, une espérance fondée de réussite, lorsque Howe, malgré son infériorité, se hasarda dans les parages de l'île, pour essayer de lui porter quelques secours en hommes et en munitions.

Ravi d'avoir enfin (*) trouvé l'occasion de combattre l'Anglais, d'Estaing quitte sa station pour le joindre; mais, au moment où il l'atteignait,

(*) Le comte d'Estaing servait dans l'Inde en 1759, avec le grade de brigadier, lorsqu'il fut fait prisonnier par les Anglais durant le siége de Madras. Relâché sur sa parole, et supposant qu'il avait été échangé, il mit en mer avec deux vaisseaux de la compagnie des Indes, et détruisit, dans le golfe de Perse, et aux îles de la Sonde, divers établissemens anglais, dont il fit passer les richesses à l'Ile-de-France. Mais, retombé, dans le cours de ses expéditions, au pouvoir des Anglais, ils prétendirent le traiter en pirate, comme infracteur des lois de la guerre ; le jetèrent, en conséquence, à Londres, dans un cachot, et se disposaient même à lui faire son procès.

Les instances pressantes du dauphin, auquel il était attaché, le sauvèrent de la peine capitale dont il était menacé, et, de retour en France, il trouva, dans le grade de lieutenant-général de la marine, qui lui fut accordé, un dé

une tempête sépare les deux armées, et sa fureur est telle, que, horriblement maltraitées, elles sont forcées de se retirer, l'une à Boston, l'autre à New-Yorck. Réparée la première, la flotte anglaise reparaît devant New-Port, et décide la levée du siége.

Sur ces entrefaites, Howe et Byron ont opéré leur jonction, et menacent Boston même. D'EStaing les en éloigne par une diversion sur les Antilles. A peine arrivé à la Martinique, il apprend que les Anglais se sont emparés de Sainte-Lucie, au sud de cette île. Appareillant aussitôt, et trouvant dans le port Barington avec six vaisseaux seulement, mais embossés d'une manière inabordable, il est réduit à une attaque de terre, terre, dont son courage lui dissimule le danger, sans pouvoir en triompher. Une perte considérable qu'il éprouve, et l'arrivée de Byron dans le canal, contribuent à lui faire hâter son retour à la Martinique, où il attend les renforts que doit lui amener de Grasse.

Ainsi se consuma en tentatives, dont aucune

dommagement à ses longues souffrances. Son activité connue, et la haine qu'il avait vouée au nom anglais depuis les mauvais traitemens auxquels il avait été exposé, le firent choisir comme l'homme le plus propre à servir les desseins de la France contre la Grande-Bretagne.

ANQUETIL.

ne lui réussit, la campagne de d'Estaing, tandis que, plus heureux, le commandant de la Martinique, Bouillé, ayant sous ses ordres Duchillau et Damas, colonels des régimens de Viennois et d'Auxerrois, s'était emparé, et sans perdre un seul homme, de la Dominique, et, par cet exploit, avait jeté la terreur parmi les négocians anglais, qui tremblèrent pour toutes leurs autres possessions des Antilles.

1

Non seulement le commerce de la GrandeBretagne, mais sa marine militaire même, devait commencer à concevoir quelques inquiétudes de l'audace et de l'expérience françaises. Tel fut du moins le sentiment que fit naître le résultat inattendu du combat d'Ouessant, livré à l'entrée du canal de la Manche.

Trente vaisseaux de ligne, de part et d'autre (*), s'étant rencontrés, se mesurèrent, sous les ordres

(*) Les rapports officiels publiés dans le temps ne portaient la totalité de la flotte du comte d'Orvilliers qu'à trente vaisseaux, et encore faut-il observer que le Triton, de 74, le Saint-Michel, de 70, et le Fier, de 50, comme n'ayant ni assez de batteries, ni assez d'échantillon, pour combattre au vent et en ligne, avaient été placés aux postes des frégates.

L'ordre de bataille de l'amiral français, au combat d'Oues sant, n'était donc composé que de vingt-sept vaisseaux, en

du comte d'Orvilliers pour la France, et de l'amiral Keppel pour l'Angleterre. On se battit à outrance une journée entière, et à la nuit les deux flottes furent obligées de regagner leurs ports respectifs pour se radouber, sans qu'il y eût perte d'un seul vaisseau d'aucun côté.

Cette lutte opiniâtre fut pour les Français l'équivalent d'une victoire, par la confiance qu'elle leur rendit contre un ennemi, habile sans doute, mais dont on a toujours trop exagéré la capacité, pour la contre-balancer avec avantage. Les Anglais, au contraire, regardèrent l'issue de ce long la engagement comme une véritable défaite, par certitude qu'ils eurent d'avoir trouvé des égaux dans l'art des manoeuvres nautiques.

Le duc de Chartres, depuis si tristement célèbre sous le nom de duc d'Orléans, et sous celui d'Égalité (1), y commandait l'arrière-garde, as

trois escadres, de neuf chacune; et de ce nombre était l'Amphion, de 50, qui, comme tel, ne devait pas être réputé vaisseau de ligne. L'amiral Keppel eut en bataille trente vaisseaux, dont six à trois ponts.

Le nombre des canons de l'armée britannique s'élevait à deux mille cent quatre-vingt-huit; celui de l'armée française ne montait qu'à mille neuf cent quarante-quatre. SEVELINGES.

(1) ANQUETIL.

sisté du brave Duchaffaut. Vanté d'abord avec excès (*), le courage du prince fut dénigré peu après sans retenue, et l'on alla jusqu'à supposer que sa conduite irrésolue durant l'action avait privé la marine française d'une victoire qu'elle devait raisonnablement espérer, puisqu'on se battait à nombre égal de vaisseaux.

Quoi qu'il en soit, la cour satisfit au vœu des équipages, en l'éloignant du service de mer, par la charge incompatible de colonel- général des hussards, dont elle le gratifia. Un auteur contemporain (1) prétend que cette espèce d'affront, auquel le duc de Chartres ne se méprit pas, fut le premier germe de la haine, si fatale à la France, qu'il manifesta depuis contre la famille royale (**).

(*) Viri virtutem non cœptæ res arguunt, sed peracta designant. PROCOP., de Bello Goth.

(**) Curé de Château-Renard, où sa mémoire est encore en honneur, Anquetil nous semble ici pousser les choses trop loin. Il avait donc oublié que plusieurs fils de ses paroissiens avaient été couronnés au collège de Montargis, et que les livres dus à la munificence du duc d'Orléans, portaient, empreint sur leurs couvertures, l'écusson de ce prince. Un homme de son caractère, un prêtre connu par mille actes de charité et de bienfaisance, ministre de toutes

(1) ANQUETIL.

« ZurückWeiter »