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lérant le commerce d'armes et de munitions, en activité dans ses ports, pour le compte des insurgés, fermait les yeux sur la disparition d'une jeunesse avide de gloire et folle de liberté, qui

qui méritât et obtînt plus de respect par son âge, qui était déjà de plus de soixante-dix ans ; par la supériorité de son esprit, par l'étendue de ses connaissances, et l'éclat de ses vertus. A. aucune époque, peut-être, les Français, naturellement si avides de nouveautés, n'avaient montré une égale impatience. Leurs discours, leurs écrits, leurs pensées mêmes, avaient pour objet unanime la cause de l'Amérique : elle ne trouvait parmi eux que des admirateurs et des partisans zélés. Aussi, dès que l'envoyé américain fut arrivé dans leur capitale, sa personne, ses actions, ses paroles, ses opinions devinrent l'objet de la curiosité publique. Or, l'on ne peut nier qu'il n'ait pris, avec une grande sagacité, le maintien qui convenait à la situation de sa patrie, et à la sienne propre. Partout il se montrait comme un citoyen d'une nation malheureuse, réduite aux abois par la cruauté de l'Angleterre.

L'on ne pouvait voir ses cheveux blancs et sa marche caduque, sans songer que ce vieillard avait traversé l'Océan, pour recommander la cause de sa patrie à ceux qui pouvaient en prendre la défense.

Jamais, s'écriait-on, une œuvre plus méritoire ne s'était offerte à la générosité française; la France est le refuge des malheureux, la protectrice des opprimés. La guerre que fait l'Angleterre à ses colons est une guerre impie et barbare; le sang qu'elle verse est un sang innocent; ce n'est que par l'appui tutélaire du roi, que les Américains peu→ vent espérer d'échapper à tous les maux qui les accablent,

s'échappait de la cour et des armées, pour s'associer à la cause des Américains, et former à la discipline et à la victoire leurs bataillons inexpérimentés, quarante mille Allemands, Hano

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et de retrouver un jour une existence sûre et paisible. Bientôt Franklin se choisit une retraite à Passy, auprès de Paris: il paraissait déplorer, dans cet asile, les malheurs de l'Amérique. Le bruit courait, et peut-être était-il répandu à dessein, que le gouvernement anglais, prenant de l'ombrage de sa présence, avait demandé à la cour de France de l'éloigner. De là naquit, dans toutes les classes, cette compassion que l'on ressent naturellement pour la vertu persécutée : il devint l'objet d'une curiosité plus vive.

Soit que, accompagné de plusieurs de ses compatriotes, cruellement bannis ou proscrits par le gouvernement anglais, il parût à la promenade, soit qu'il se montrât dans les réunions publiques et particulières, ou dans les académies littéraires, la multitude se pressait pour le voir. Partout on rencontrait les portraits de Franklin : il y était représenté avec une figure vénérable, et, selon l'usage, habillé d'une manière un peu étrange, pour mieux frapper les yeux. Il vivait à Passy, d'une manière qui retraçait sensiblement celle des philosophes anciens. Ses bons mots, ses graves maximes, le faisaient comparer à Socrate.

Le nom de Franklin était dans la bouche de tout le monde; et la mode, qui dirige si souvent les esprits, en France, sur de vaines frivolités, s'était attachée, cette fois, à un objet digne de fixer les regards de l'observateur. Mais le spirituel vieillard, quelque satisfait qu'il fût d'avoir attiré sur luipième et sur sa patrie l'attention et l'intérêt d'un peuple

vriens, Hessois et autres, débarquaient sur la côte nord du Nouveau-Monde.

Howe, frère du général du même nom, commande la flotte qui les a amenés, et la facilité qu'il a de transporter rapidement ces troupes sur divers points d'attaque, affaiblit l'ennemi, en le forçant, par l'état d'incertitude où il le tient, à disséminer ses nombreuses milices. Les Anglais, néanmoins, échouent devant Charles-Town, capitale de la Caroline du sud, habilement et vigoureusement défendue par le général Lée.

Ils furent plus heureux à New-Yorck; toutefois, ils y éprouvèrent un léger contre-temps. Ils avaient espéré la conquête de cette ville, d'une intelligence pratiquée avec le maire, avec le commandant même de la province, un des fils de Benjamin Franklin, et, enfin, avec la maîtresse de Washington, qui trahissait ce général. Cette trame fut heureusement découverte,

aussi renommé pour la douceur de ses mœurs, voulut obtenir des avantages plus réels. Usant d'autant de dextérité que de mystère, il voyait assidument les ministres, et se servait de l'accueil favorable qu'il en recevait, pour servir la cause de ses mandataires. Ses efforts obtenaient les succès les plus rapides, et déjà il entrevoyait le moment où la France ne dissimulerait plus l'assistance vigoureuse qu'elle était résolue de donner à l'Amérique.

BOTTA.

et les Anglais se virent réduits à employer ouvertement la force. Leur nombre seul décida du succès. New-Yorck fut évacuée à leur approche, et le généralissime, battu par le chevalier Howe, à Kingbride, abandonna les bords de l'Hudson, et se retira sur la Delaware, pour couvrir Philadelphie. Cette ville, où se tenait le congrès, était l'un des points de mire des Anglais. Cornwalis reçut ordre de s'y diriger, et, en y marchant, il rencontra Washington vers PrinceTown. Son but était de l'écraser; il y comptait même; mais à la faveur de la nuit le général en chef de l'armée américaine lui échappa, sans qu'il s'en aperçût, et cette retraite, qu'on a justement vantée, termina la campagne.

William Howe, au commencement de la suivante, reprenant les projets auxquels la saison avait mis obstacle, se fit porter à l'embouchure de la Delaware, remonta le fleuve, et prit terre, peu de distance de Philadelphie. Washington se proposait de lui opposer les moyens de temporisation, qui seuls pouvaient lui réussir avec une armée trop novice; le congrès lui ordonna de combattre.

à

L'action eut lieu à Brondywine: La Fayette, ce grand citoyen, honneur de sa patrie; La Fayette, jeune encore, et l'un des premiers Français qui

avaient offert leurs services aux fils de la liberté, s'y distingua d'une manière toute particulière; mais une blessure, qu'il reçut, ne lui permit pas de communiquer aux brigades qu'il commandait, l'héroïque ardeur dont son âme était embrasée. Les Américains furent battus : ils recueillirent néanmoins, de cette journée, un avantage, celui d'avoir privé l'armée anglaise d'un nombre considérable de militaires difficiles à remplacer.

Les Anglais entrèrent à Philadelphie (*), que le congrès avait quittée, pour aller s'établir à Yorck-Town. Toutefois, pendant qu'ils triomphaient dans le midi, ils éprouvaient dans le nord un échec honteux, qui contre-balançait, et au-delà, le faible succès récemment obtenu. Cerné, de toutes parts, par Gates et Arnold, et

(*) L'armée américaine, après la prise de Philadelphie, s'était retirée à dix ou onze lieues de cette place. Cet éloignement laissait les Anglais maîtres d'une grande étendue de pays. Leurs déprédations excitèrent les plaintes du peuple. Il fut dit qu'il était inutile de payer une armée qui n'était point en état de protéger les habitans. Le congrès, craignant la défection, crut qu'il valait mieux risquer une bataille, que de s'exposer à être abandonné. C'est pourquoi il donna ordre à Washington de combattre, à tout hasard. Cet ordre était certainement fort imprudent, puisque le gé néral américain n'avait pas alors plus de dix mille hommes,

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