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de Louis le Désiré (*), et ce titre était, sans doute, la satire la plus sanglante qu'on pût faire du règne de son prédécesseur.

Élevé dans l'ignorance absolue des affaires, Louis xvi, parvenu à la couronne à l'âge de vingt ans, sentit qu'il avait besoin d'un conducteur dans le dédale du gouvernement où il allait entrer. Fit-il bien, fit-il mal de prendre pour mentor Maurepas, éloigné de la cour par une disgrâce de vingt-trois ans? N'y avait-il pas à craindre que, replacé à la tête des affaires, un vieillard amolli par un si long repos, et déjà porté par la frivolité de son caractère, à traiter tout avec légèreté, ne songeât plutôt à jouir tranquillement du crédit et des honneurs de sa nouvelle dignité de principal ministre (**), qu'à

(*) La décence ne permettait pas à Louis xvi d'adopter cette dénomination d'une flatterie anticipée ; il la rejeta avec indignation, jaloux, sans doute, de travailler à l'obtenir plus dignement de la postérité. Hélas!...... pourquoi n'a-t-il pas vécu plus long-temps?

La France, sous son règne, eût été trop heureuse;
Ce prince aurait compté ses jours par ses bienfaits.

VOLTAIRE.

(**) On prétend qu'une intrigue de cour appela Maurepas à cet emploi, peu fait pour lui, et que le roi, sur des notes qu'il avait trouvées dans les papiers de son père, l'avait des

se livrer au travail actif qu'exigaient les circon- · stances?

Un des principaux embarras de Louis xv, pendant son long règne, avait été sa lutte perpétuelle contre les parlemens. Souvent ces corps avaient molesté et fatigué le monarque par des remontrances pressantes, des cessations de service, et des coalitions menaçantes; Louis xv, toutefois, leur avait bien rendu la pareille, en les humiliant, en cassant leurs arrêts, en les exilant, et ils étaient encore sous l'anathème quand ce prince mourut, puisqu'il les avait dissous.

On se détermina à tirer ces compagnies du tombeau; mais il aurait sans doute été d'une bonne politique de profiter de l'occasion pour mettre un frein à leur autorité, soit en consolidant les changemens que Louis xv avait introduits, à plusieurs reprises, dans leur régime, soit en ne leur rendant le pouvoir qu'avec des restrictions plus ou moins atténuantes.

C'était l'avis que donnèrent au roi, et Du Muy, ancien ami du Dauphin, son père, qu'il avait appelé au ministère de la guerre, refusé par lui

tiné d'abord à Machault, homme habile, austère, et même religieux, malgré ses entreprises contre le clergé, mais que sa fermeté, effroi des courtisans, fit éconduire.

ANQUETIL.

sous Louis xv, et Turgot, ex-intendant de Limoges, successivement promu aux départemens de la marine et des finances, et qui, pénétré de la doctrine des économistes, dont il avait fait des essais dans son intendance, voyait, dans le retour des parlemens, un obstacle aux immenses réformes qu'il projetait dans toute l'adminis

tration.

Le vieux ministre trouva plus commode de rétablir ces compagnies, presque comme elles étaient auparavant, que de s'embarrasser dans un labyrinthe de négociations qui auraient nui à sa tranquillité. Il se délivra donc, le plus tôt qu'il lui fut possible, de ce sujet d'inquiétude, et l'impolitique rappel du parlement fut une des premières opérations du règne de Louis XVI.

Ce rappel, en général, plut au peuple, et surtout au peuple de Paris, très-attaché à ses magistrats, parce que c'étaient des magistrats, et non de simples fonctionnaires, salariés, amovibles et révocables à volonté, selon le caprice d'un ministre. Le jeune monarque avait fait précéder cette grâce par l'exemption du droit de joyeux avénement, dont il aurait pu tirer de très-grosses sommes. Cette remise fut son premier édit; par un second, il affranchit les serfs des terres domaniales; la loi rigoureuse, qui rendait les taillables

solidaires pour le paiement de l'impôt, et la question préalable furent aussi abolies. Ces témoignages de bienfaisance, par lesquels Louis XVI s'annonçait à ses peuples, donnèrent des espérances d'un bon gouvernement. Combien la France, hélas! a été cruellement trompée!...

RÉVOLUTION D'AMÉRIQUE.

Depuis plusieurs années, les Américains faisaient des démarches infructueuses auprès de leur Mère-Patrie, pour revendiquer leurs droits politiques, et faire cesser les vexations dont ils étaient accablés. Désespérant d'obtenir justice du gouvernement britannique, ils se réunirent pour lui opposer une résistance commune. Bientôt ils se sentirent assez forts pour secouer le joug de leurs oppresseurs, et ils donnèrent enfin une base légale à leur indépendance, par l'acte mémorable du 4 juillet 1776.

Abîmée de dettes, l'Angleterre avait conçu la pensée d'en faire acquitter une partie par ses colonies d'Amérique; mais celles-ci, accoutumées à se taxer elles-mêmes, et à voir consommer au dedans de leur territoire les dépenses de leur administration, virent, dans cette prétention, une injure à leurs droits, et la publication d'un

acte du parlement, qui introduisait en Amérique l'usage du papier timbré, fut le signal d'une émeute à Boston. La révolte s'étendit dans toute la province de Massachusset, dont cette ville était la capitale, et il y fut arrêté, dans une assemblée générale des francs-tenanciers, que nonobstant l'acte du parlement, il serait légal de contracter sur papier libre et non timbré.

Cette audace, jointe à des remontrances plus conformes à l'esprit de soumission, obtinrent la révocation de l'acte du timbre; mais pour faire place à un autre plus inquiétant encore. Il était enjoint, en effet, aux provinces américaines de recevoir les troupes qui leur seraient envoyées par la métropole, et de leur fournir gratuitement le logement, le chauffage, la bière, et autres menus accessoires.

Les plaintes de la province de New-Yorck sont punies par la suspension de son pouvoir législatif. Les Bostoniens se signalent, dans cette occasion, et chassent de leur ville deux régimens qui ont osé faire feu sur les citoyens, et organisent un soulèvement général. Le gouvernement mollit contre ces mesures séditieuses, et retire ses actes. Sa faiblesse accroît dans les Américains le sentiment de leur force, favorise l'émission d'une multitude d'opinions politiques, nuisibles à l'au

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