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d'agitations, de fatigues et de tourmens continuels. Toutefois Boulogne bloquée et restituée; les fortifications dont les Anglais avaient couvert le pays, ruinées; l'Artois envahi par une armée française, aux ordres de l'amiral Coligny; Lens pris, pillé, et la frontière ravagée; Calais enfin, emporté de vive force par le duc de Guise, consolaient la France des longues erreurs de François 1er.

Quelques années après ces divers événemens, d'autres eurent lieu sur la Méditerranée et sur l'Océan. Le baron de La Garde, revenant de Civita-Vecchia, où il avait conduit les cardinaux de Tournon et de Lorraine, qui allaient à Rome, fut jeté par la tempête, avec dix galères qu'il commandait, à San-Fiorenzo, dans l'île de Corse, où il apprit que onze vaisseaux espagnols, transportant cinq mille hommes à Gênes, avaient été forcés par le même ouragan à mouiller dans une rade voisine. La proximité de cette flotte ennemie fit naître au général français l'envie de l'attaquer, quoiqu'elle fût plus forte que la sienne, et il tomba sur elle, à l'improviste, avec

lorsqu'il couvrit la France de tribunaux. Il ne fit que multiplier les suppôts affamés de la Justice, que le bon roi Louis XII appelait porte-sacs, et qu'il ne voyait jamais sans frémir.

ANQUETIL.

tant d'impétuosité qu'elle prit la fuite, croyant avoir affaire à des Turcs. La Garde la suivit, lui coula deux vaisseaux, et, de mille Espagnols qui les montaient, une partie fut noyée, l'autre resta prisonnière de guerre.

Ce fut vers le même temps que, à la hauteur de Douvres, le Pas-de-Calais fut témoin d'un combat plus glorieux encore pour la marine française. Des armateurs de Dieppe, instruits qu'une flotte flamande était en mer, chargée de riches marchandises des Indes, font voile vers la Manche, où ils la rencontrent. Les Flamands ont plus de vaisseaux et d'artillerie que les Normands; ces derniers sont plus forts d'équipages, et d'ailleurs comptent moins sur l'ordre de bataille que sur leur courage. Toutefois, ils délibèrent avant que d'en venir aux mains. Les uns s'opposent à un engagement général, et opinent pour qu'on attaque seulement l'arrière - garde` ennemie, dans l'espérance que le centre et l'avant-garde prendront la fuite pour sauver plus facilement les deux tiers du convoi; les autres, au contraire, demandent un combat dans les formes.

Les opinions étaient ainsi partagées, lorsque celui qui commandait les Normands décida la question. Forçant aussitôt de voiles, il se dirige

vers le principal vaisseau flamand, et, son exemple est, à l'instant, suivi par tous ses compagnons. Chaque capitaine ordonne l'abordage; les grapins balancés accrochent l'ennemi; les lances se croisent, et, de part et d'autre, on montre et la plus rare opiniâtreté, et le plus grand acharnement. Des deux côtés l'avantage est égal; on se bat bord à bord. Rendue inutile par le serrement des navires, qui s'oppose à toute manoeuvre, l'artillerie des Flamands ne peut foudroyer leurs adversaires; la victoire enfin est incertaine, lorsque, pour la décider, des grenades, lancées d'un point élevé, mettent le feu aux bâtimens dieppois.

Que faire dans cette affreuse perplexité, et après une lutte soutenue, avec bravoure, pendant six heures consécutives? Les flammes dévorent un vaisseau normand, et se communiquent à cinq autres de la même nation. Six navires flamands éprouvent le même sort, dans l'impuissance où ils sont, faute de temps, de couper les amarres des grappins. Tous alors paraissent plus occupés du soin de leur conservation, que de l'ambition de vaincre. La flotte normande est entièrement consumée; mais, dans cette fatale conjoncture, les équipages, ne prenant conseil que de leur désespoir, sautent en foule dans

les vaisseaux ennemis, et préfèrent la captivité à une mort certaine. Cet acte d'intrépidité sublime, incontestablement dû au désir, bien naturel, de sauver sa vie aux dépens de sa liberté, devient l'occasion de la victoire.

Aussi étonnés de la hardiesse des Normands, qu'effrayés de leur nombre, les Flamands, attentifs au salut de leurs marchandises, ne songent à se défendre, que quand ils n'ont plus la faculté de le faire, et, sur dix-huit bâtimens, dont se compose leur flotte, ils en abandonnent cinq, qui entrent triomphans dans le port de Dieppe. La nuit seule mit fin à ce combat, un des plus honorables qui se soient jamais livrés entre particuliers, et qui coûta mille hommes aux Flamands; les Français n'en perdirent que quatre cents (*).

La marine française s'était presque toujours montrée active sous les rois de la troisième race, et si alors elle n'a point obtenu le degré de perfection qu'on lui a vu atteindre dans la suite, elle n'est cependant pas restée sans réputation; mais entièrement négligée depuis la fin du règne

Les détails de cette brillante affaire se trouvent dans une ancienne relation annexée au Mare Liberum de Grotius, appartenant à la bibliothèque du Panthéon(Sainte Geneviève).

de Henri I jusqu'à celui de Louis XIII, elle se ressentit des troubles intérieurs du royaume qui furent un obstacle majeur à son accroissement et même à son entretien. Aussi, laissant de côté Charles IX, la prise du Havre, les Anglais croisant sur les côtes de l'Aunis, Henri II, l'expédition des Açores, et la conjuration contre Boulogne, révélée par Poulain, nous passerons au siége de la Rochelle, que soumit le cardinal de Richelieu, après la plus vigoureuse résistance, et la belle et noble conduite de son maire, le brave et intrépide Guiton (*).

(*) Tout à leur religion et à la liberté, les Rochellois voulurent avoir un chef aussi déterminé qu'eux. Ils élurent pour leur maire, leur capitaine et leur gouverneur, Jean Guiton, lequel, avant d'accepter une place qui lui donnait la magistrature et le commandement des armes, prit un poiguard, et dit en présence des principaux habitans de la ville: « Je serai maire, puisque vous le voulez, à condition qu'il me sera permis d'enfoncer ce poignard dans le sein du premier qui parlera de se rendre. Je consens qu'on en use de même envers moi, dès que je proposerai de capituler; et je demande que ce poignard demeure, tout exprès, sur la table où nous nous assemblons dans la maison de ville. »

Guiton soutint ce caractère jusqu'à la fin. Un jour qu'un de ses amis lui montra une personne de sa connaissance tellement exténuée par la faim, qu'elle n'avait plus qu'un souffle de vie: « Etes-vous surpris de cela? lui dit-il. Il faudra bien

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