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des constellations, et il les dessina; mais il ne leur donna ni des noms d'animaux, comme les bouviers de la Chaldée avaient fait autrefois, ni ceux de quelques princes, comme firent, dans ces derniers temps, des astronomes flatteurs; il leur imposa le nom des arts et des sciences: il les appela la Pompe Pneumatique, l'Atelier du Sculpteur, la Boussole, le Chevalet, l'Horloge; et il nous rapporta un planisphère austral peutêtre plus complet que ne le fut jamais notre planisphère boréal dessiné par tant d'astronomes; enfin, il observa la parallaxe de la lune.

Dès que l'académie avait été informée de son arrivée au Cap, elle avait envoyé Lalande à Berlin, observer cette même parallaxe; et l'on connut par le rapport de ces deux astronomes, la distance de la lune à la terre, à cinquante lieues près.

Un ordre du roi envoya Lacaille, du Cap, à l'île de France, pour en dessiner la carte, et il revint à Paris, après une absence de trois ans huit mois.

Si l'astronomie, la géographie et même la navigation se perfectionnèrent par ces voyages, l'histoire naturelle leur dut beaucoup aussi. Ces savans observèrent mieux ce qu'ils virent, que les navigateurs ordinaires, et ils rappor

tèrent avec eux les productions les plus rares des pays qu'ils parcoururent.

VOYAGES AUX INDES ORIENTALES ET A L'ILE RO

DRIGUE, POUR OBSERVER LE PASSAGE DE VÉNUS SUR LE DISQUE DU SOLEIL.

Une révolution céleste exigea bientôt de nouveaux voyages. On savait depuis près d'un siècle que la planète de Vénus, observée de la terre, semblerait passer sur le disque du soleil, le 6 du mois de juin 1761. C'était le célèbre Halley, astronome anglais, qui avait annoncé le moment de ce passage. Il mourut vingt ans trop tôt pour le voir. Il mourut très-vieux, et, depuis le moment où il fit cette prédiction, il porta dans son cœur le chagrin de ne pouvoir être le témoin de son accomplissement.

Si les Français s'étaient seuls occupés de la mesure des degrés du méridien, toutes les nations savantes voulurent observer ce passage, qui devait faire connaître la véritable distance du soleil à la terre.

L'Europe était alors en proie aux fureurs de la guerre; les Français et les Anglais se combattaient dans les quatre parties du monde; et ce sont les astronomes de ces nations, rivales en

tout genre, qui traversent les continens et les mers, pour observer le passage de cette planète, et pour instruire les hommes qu'épouvantent leurs sanglans débats (*).

L'académie des sciences envoya le P. Pingré à l'île Rodrigue, au milieu de la mer des Indes; Le Gentil à Pondichéry, et Chappe à Tobolsk, au fond de la Sibérie. Tous les trois se trouvaient ainsi, à peu près, sous le même méridien; le premier, près du tropique du capricorne, le second entre l'Équateur et le tropique du cancer, et le troisième vers le cercle polaire.

Le Gentil s'embarqua au port de Lorient, et passa à l'Ile-de-France, d'où il comptait facilement arriver à Pondichéry. La guerre avait rendu ce passage dangereux. Les flottes anglaises couvraient l'Océan; les Français n'avaient aucune escadre en mer, et peu de vaisseaux osaient s'exposer à passer au travers des croisières ennemies. Le Gentil ne put trouver aucune embarcation. Enfin des ordres du roi, qu'il fallait faire

() Des querelles des rois, peuple, ne sois pas juge :

Pourvu qu'on te laisse, en repos,

Remplir et vider tes tonneaux,

Après toi le déluge !

ANONYME.

parvenir, au plus vite, au gouverneur de Pondichéry, arrivèrent à l'île de France, et déterminèrent son gouverneur à envoyer à la côte de Coromandel une frégate, dans une saison où les vents ne sont pas favorables. S'étant embarqué sur cette frégate, Le Gentil erra long-temps des côtes de l'Afrique à celles de Malabar.

Instruit, près de Mahé, par des bateaux du pays, de la prise de Pondichéry par les Anglais, le capitaine de la frégate résolut de revenir à l'île de France. Il était encore en mer, lorsque le 6 juin arriva, et Le Gentil observa, comme il put, du tillac, le passage de Vénus. Peu satisfait de cette observation, il résolut de rester dans l'Inde pour observer cette planète à son retour

en 1769.

Voulant employer utilement ces neuf années, Le Gentil parcourut ces mers, et fit toutes les observations physiques, géographiques et astronomiques que les lieux et les circonstances lui offrirent. Il dressa une carte très-exacte de la côte orientale de Madagascar; il avait déjà éprouvé plusieurs maladies dans ces climats; les nourritures trop substantielles de cette île lui causèrent un coup de sang si violent, qu'il eût péri, sans de promptes saignées et sans l'émétique; toutefois, l'organe de sa vue en fut

dérangé, et, pendant quelque temps, il vit les objets doubles.

Descendu ensuite dans l'île de Manille, pour observer le second passage de Vénus, il y trouva un Péruvien fort instruit, don Estrevan Melo.

Des considérations pour les savans de France, qui désiraient que l'observation se fit à Pondichéry, engagèrent Le Gentil à s'y rendre; et, en partant, il chargea Melo d'observer à Manille le passage de Vénus.

Les nuits sont superbes à Pondichéry : Le Gentil dit qu'on ne peut se former, dans nos climats, une idée de la beauté de ce ciel; et cependant, au moment où il voulut faire son observation, le 3 juin 1769, un nuage lui cacha le soleil et la planète de Vénus, et lui fit perdre le fruit d'un voyage de plus de dix mille lieues, de neuf années, et de plusieurs maladies dangereuses.

Il s'instruisit de l'astronomie des Indiens; il apprit à calculer les éclipses à leur manière, et il les étonna en leur prédisant le retour des comètes. Plusieurs brames vinrent le visiter. Il en vint un de Carical, ville située à trente lieues au sud de Pondichéry. Il fit plusieurs expériences utiles à nos manufactures. Il retomba malade, et il lui prit un tel désir de revoir la terre natale, qu'il partit mourant pour l'Ile-de-France, d'où

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