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science d'un roi, et d'un roi qui avait révoqué l'édit de Nantes (*)!

Cependant les craintes du roi vont se réaliser, et son testament aura le sort de celui de Louis XIII.

(*) La révocation de l'édit de Nantes fut l'acte le plus terrible de cette dévotion fanatique, à l'aide de laquelle Louis XIV prétendait régner sur les consciences.

La France, déjà ruinée par la guerre, le luxe et les fêtes, fut dépeuplée par les proscriptions, et les étrangers se sont enrichis de nos pertes.

que

Louis ne fut l'instrument aveugle de tant de barbarie. On lui peignait des couleurs les plus noires, ces hérétiques à qui son aïeul, Henri, devait principalement la couronne. On ne lui parlait point de la Ligue.

Madame de Maintenon, née dans le sein du calvinisme, craignit de rendre sa foi suspecte en intercédant pour ses premiers frères.

Louvois, qui frémissait de devenir inutile, s'il n'entretenait comme un feu sacré le feu de la guerre, espérait enflammer tout le protestantisme de l'Europe. Il n'eut pas même pour excuse l'aveuglement du fanatisme; il ne fut que barbare.

D'autre part, des moines ignorans, des prêtres forcénés, des évêques ambitieux, criaient qu'il ne fallait qu'un Dieu, un roi, une religion, et persuadaient à un prince enivré de sa gloire, que ce prodige lui était réservé. Une telle entreprise passe le pouvoir des rois : les esprits se séduisent, les cœurs s'avilissent; mais les consciences se révoltent.

Il est fâcheux pour l'honneur de Bossuet, dont le nom était d'un si grand poids dans les affaires de religion, qu'il

Louis XIV, en effet, avait à peine les yeux fermés, que Philippe d'Orléans prit en mains les rênes du gouvernement; mais, irréprochable sur les soins donnés à la conservation de son pupille, il se conduisit comme si le Dauphin, dont la pâleur

n'ait pas employé son éloquence à défendre l'esprit de l'Évangile contre les furieux apôtres du dogme. Au lieu de ces volumes théologiques, qu'on ne lit plus, il aurait donné des exemples de christianisme.

Ce Père La Chaise, dont on vantait la douceur, ne pouvait-il persuader à son pénitent qu'il n'expierait pas le scandale de sa vie passée par des actes de fureur ? Mais ce confesseur était un ministre qui craignait de hasarder sa place, un prêtre timide qui tremblait devant celui qu'il voyait à ses pieds.

Loin d'entreprendre de les excuser, avouons que l'un et l'autre furent complices de la persécution. Le ministre de la guerre fut un des casuistes du roi. Le chancelier Le Tellier, digne père de Louvois, signa l'édit de sang qui proscrivait trois millions de citoyens.

Les gémissemens des vrais chrétiens étaient étouffés par des acclamations de louanges fanatiques. Les thèses d'apparat étaient dédiées au vainqueur de l'hérésie. La fureur du panégyrique avait passé du théâtre dans les chaires; les Jésuites surtout se signalèrent, en exaltant la puissance et la piété de Louis XIV; ils flattaient son orgueil et prévenaient ses remords. On ne lui parlait que de conversions opérées à sa voix ; et des dragons étaient ses missionnaires, portant le fer et la flamme. Il se croyait un apôtre, et se voyait canonisé au milieu des monumens de ses adultères.

DUCLOS.

et la délicatesse étaient extrêmes, eût dù lui succéder.

L'ambition de Louis XIV avait réduit le royaume à l'état le plus déplorable. La dette nationale se montait à deux milliards soixante-deux millions cent trente-huit mille livres. Les revenus se trouvaient, par anticipation, nuls pour plus de deux années, et tout présageait la plus orageuse des régences.

Épuisée d'hommes par la guerre de la succession, par la fuite des calvinistes, triste et déplorable résultat de la révocation de l'édit de Nantes, la France était encore épuisée d'argent par le luxe de la cour, par les dépenses de la guerre, par la destruction de ses flottes, par le nombre des impôts, par la désolation des campagnes, par l'anéantissement de son commerce, et la perte de ses manufactures, que les huguenots avaient portées chez des nations étrangères; enfin elle paraissait manquer de ressources, et, pour comble de malheur, l'hérédité légitime mettait le sceptre aux mains d'un enfant.

Unique et précieux rejeton d'une race auguste, Louis xv succéda à son bisaïeul, à l'âge de cinq ans, et, pendant la minorité du monarque, la régence du royaume fut déférée à Philippe, duc d'Orléans, petit-fils de France, prince dont la

calomnie et l'envie nous ont laissé les portraits. les plus affreux, mais dont l'administration doit être à jamais mémorable.

Louis xv vit, Philippe est vengé (*).

Orageux d'abord, le règne du successeur de Louis XIV, brillera, durant cinquante ans, du plus vif éclat, sera ensuite mêlé de grandes adversités

(*) On a accusé le duc d'Orléans d'avoir été l'auteur du désordre de la famille royale, de la mort de trois dauphins; d'avoir voulu même attenter, par le poison, à la vie du roi. Ce prince doit être suffisamment lavé, aux yeux de la postérité, d'un si odieux et si exécrable forfait.

On lui a reproché d'avoir porté le scandale et la corruption des mœurs au plus haut période; d'avoir consacré tous les crimes par son exemple public, l'inceste, l'adultère, le rapt et le viol.

Le téméraire écrivain des Philippiques n'a pas craint d'assimiler le duc d'Orléans, aux Héliogabales, aux Sardanapales; et sa fille, la duchesse de Berri, aux Messalines, aux Julies. L'auteur, Lagrange-Chancel, fut envoyé aux îles Sainte-Marguerite, d'où il sortit, pendant la régence même, et se montra librement dans Paris, pour détruire probablement l'opinion où l'on était que Philippe l'avait fait

assassiner.

Opposons à ce tableau celui qu'en a tracé un auteur contemporain, Voltaire : « C'était un prince, dit-il, à qui on ne pouvait reprocher que son goût ardent pour les plaisirs et pour les nouveautés. De toute la race de Henri iv, Philippe d'Orléans fut celui qui lui ressembla le plus; il en

et de quelque bonheur, et finira dans une tristesse assez sombre, après avoir commencé au milieu de factions turbulentes.

Le triomphe de Villars à Denain avait amené la paix d'Utrecht; mais cette paix, comme toutes les paix, soumise aux événemens, était destinée à ne vivre qu'un temps. L'espoir des peuples est trompé, et la guerre, la guerre cruelle va encore une fois ensanglanter les deux mondes.

Toutefois, au milieu du désordre universel, nous aurons la consolation de pouvoir reposer nos regards sur des bienfaits du premier ordre dus à la marine française et au courage des guerriers et des savans qui nous les ont procurés.

Deux partis divisaient la cour: l'un, attaché au système de Louis XIV, aurait voulu que, si on ne le suivait pas entièrement, du moins on n'en prît pas un directement contraire; l'autre, soit haine, soit malin plaisir de rendre sans effet les volontés d'un monarque si absolu, s'opposait avec ardeur à tout ce qu'il avait paru désirer.

avait la valeur, la bonté, l'indulgence, la gaieté, la facilité, la franchise, avec un esprit plus cultivé. Sa physionomie, incomparablement plus gracieuse, était cependant celle de Henri Iv; il se plaisait quelquefois à mettre une fraise, et alors, c'était Henri IV embelli,

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