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de régner encore après sa mort en adoucissait l'image. Louis XIV, par cet acte, établissait un conseil de régence, dont le duc d'Orléans devait être le chef, et la personne du jeune roi était mise sous la tutelle et garde du conseil de régence.

Le testament fut placé dans un trou creusé dans l'épaisseur du mur d'une tour du palais, sous une grille de fer et une porte fermée de trois

serrures.

Pendant que le roi s'occupait d'assurer la tranquillité du royaume, il eut la douleur d'apprendre la mort de la reine Anne, pour qui il avait de l'amitié, de la reconnaissance, et à qui il en devait. Cette perte lui aurait encore été plus sensible, si elle fût arrivée avant la conclusion de la paix, qui peut-être ne se serait pas faite. Georges Ier monta sur le trône d'Angleterre, et gouvernement changea entièrement de face.

le

Le nouveau ministère poursuivit à outrance tout le conseil de la feue reine. Le duc d'Ormond, qui avait succédé à Marlborough dans le commandement des troupes, se réfugia en France. Le grand trésorier Horley, comte d'Oxford, fut cité au parlement, et près de perdre la tête. Bolinbrocke, qui avait eu plus de part que personne à la paix, ne sauva sa vie qu'en passant en France,

où Stairs (*) vint, en qualité d'ambassadeur, relever Schewsbury.

Mais il est temps d'arriver aux derniers momens de Louis XIV. Sentant sa fin prochaine, ce prince se fit amener le Dauphin par la duchesse de Ven

(*) Stairs était un Écossais de beaucoup d'esprit, instruit, aimable dans la société particulière, et très-avantageux en traitant avec les ministres français. Audacieux jusque dans son maintien, par caractère et par principes, il paraissait s'en être fait un système de conduite. Il essaya même d'être insolent avec le roi, à qui il parla avec peu de retenue, dans une audience particulière qu'il eut de ce prince.

Louis XIV refusa depuis de le voir, et le renvoya pour ses affaires à M. de Torcy *, dont Stairs reçut une leçon assez vive. Croyant pouvoir abuser du caractère doux et poli du ministre, il s'échappa un jour devant lui en propos sur le roi. Torcy lui dit froidement : « Monsieur l'ambassadeur, tant que vos insolences n'ont regardé que moi, je les ai passées pour le bien de la paix; mais si jamais, en me parlant, vous vous écartez du respect qui est dû au roi, je vous ferai jeter par les fenêtres. » Stairs se tut, et de ce moment fut plus réservé.

*M. de Torcy était estimé du roi, mais il n'en avait jamais été aimé. Louis XIV avait la faiblesse de ne vouloir aucun ministre qui eût une grande réputation d'habileté, persuadé qu'elle portait préjudice à ce qui lui était dû de respect et d'égards. Lorsque des courtisans eurent assuré à ce monarque que M. de Chamillard n'avait pas de grands talens, il répondit : « Je le formerai. »

MASSILLON.

tadour, et lui adressa ces paroles, copiées littérallement d'après celles qu'on voyait encadrées au chevet du lit de Louis xv, au-dessus de son prie-dieu.

« Mon cher enfant, vous allez être bientôt roi d'un grand royaume. Ce que je vous recommande le plus fortement, est de n'oublier jamais les obligations que vous avez à Dieu..... Souvenez-vous que vous lui devez tout ce que vous êtes.....

» Tâchez de conserver la paix avec vos voisins. » J'ai trop aimé la guerre. Ne m'imitez pas en cela, non plus que dans les trop grandes dépenses que j'ai faites.

>> Prenez conseil en toutes choses, et cherchez à connaître le meilleur, pour le suivre toujours. Soulagez vos peuples le plus tôt que vous pourrez, et faites ce que j'ai eu le malheur de ne pouvoir faire moi-même.

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>> N'oubliez jamais les grandes obligations que vous avez à madame de Ventadour. Pour moi, madame, dit-il en se retournant vers elle, je suis bien fâché de n'être plus en état de vous en marquer ma reconnaissance. »

Il finit en disant au Dauphin : «< Mon cher enfant, je vous donne de tout mon cœur ma bénédiction. » Il l'embrassa ensuite deux fois avec de grandes marques d'attendrissement.

La duchesse de Ventadour, voyant le roi s'attendrir, emporta le Dauphin. Le roi fit entrer successivement les princes et les princesses du sang, leur parla à tous, mais séparément au duc d'Orléans et aux légitimés, qu'il fit venir les premiers. Il remercia tous ses officiers-domestiques des services qu'ils lui avaient rendus, et leur recommanda le même attachement pour le Dauphin.

L'après-dînée, le roi, s'adressant à tous ceux qui avaient les entrées, leur dit : « Messieurs, je vous demande pardon du mauvais exemple que je vous ai donné. J'ai bien à vous remercier de la manière dont vous m'avez toujours servi, de l'attachement et de la fidélité que vous m'avez marqués, je suis bien fâché de n'avoir pas fait pour vous tout ce que j'aurais bien voulu. Je vous demande pour mon petit-fils, la même application et la même fidélité que vous avez eues pour moi. J'espère que vous contribuerez tous à l'union, et que si quelqu'un s'en écartait, vous aideriez à le ramener. Je sens que je m'attendris, et que je vous attendris aussi. Je vous demande pardon. Adieu, messieurs; je compte que vous vous souviendrez quelquefois de moi. »

Le mardi, 27, Louis XIV n'ayant auprès de lui que madame de Maintenon et le chancelier, se

fit apporter deux petits coffres, dont il fit tirer et brûler beaucoup de papiers, et donna pour les autres ses ordres au chancelier. Il fit ensuite appeler son confesseur, et, après lui avoir parlé bas, il fit venir le comte de Pontchartrain et lui ordonna d'expédier l'ordre de porter son cœur aux Jésuites, et de l'y placer vis-à-vis celui de Louis XIII, son père.

Ce fut avec le même sang-froid qu'il fit tirer d'une cassette le plan du château de Vincennes, et l'envoya à Cavoie, grand-maréchal-des-logis, pour faire les logemens de la cour, et y conduire le jeune roi; ce furent ses termes. Il lui arriva même quelquefois de dire : « Dans le temps que j'étais roi! » Puis, s'adressant à madame de Maintenon « J'avais toujours ouï dire qu'il est difficile de mourir; je touche à ce dernier moment, et je ne trouve pas cette résolution si pénible. Madame de Maintenon lui dit que ce moment était effrayant quand on avait de l'attachement au monde, et des restitutions à faire. « Je ne dois, comme particulier, reprit le roi, de restitutions à personne; pour celles que je dois au royaume, j'espère en la miséricorde de Dieu. Je me suis bien confessé; mon confesseur veut que j'aie une grande confiance en Dieu, je l'ai tout entière. » Quel garant que le père Le Tellier pour la con

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