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d'en bâtir une, qui les aurait rendus maîtres du détroit, et peut-être de Portsmouth, un des plus beaux postes maritimes de la Grande-Bretagne. Cette possession aurait encore procuré l'avantage d'embarrasser l'empereur, et de gêner son passage, lorsqu'il aurait voulu se transporter d'Espagne en Flandre. Comme ils étaient prêts à mettre leur projet à exécution, protégés par leur flotte, le roi ordonna subitement aux galères de dans la Méditerranée, sur le bruit qui se répandit que Doria, amiral de l'empereur, pensait sérieusement à attaquer Marseille. Cette alarme se trouva fausse; mais elle eut l'effet le rusé Charles-Quint en espérait, qui était d'empêcher les Français de fonder un établissement dont les suites auraient été probablement aussi désagréables pour lui que pour Henri VIII.

repasser

que

Pendant que la flotte française tenait en échec les Anglais sur mer, trente-quatre mille hommes, aux ordres du maréchal de Biès, bloquaient Boulogne, et achevaient la campagne en ravageant et en mettant à feu et à sang la petite contrée d'Oye, fertile en grains et en bestiaux, et d'où les Anglais, maîtres alors de Calais, tiraient toutes leurs provisions. Ce fut là l'exploit unique de forces de terre considérables, comme celui d'une flotte formidable avait été l'incendie

de quelques misérables villages sur la côte d'An gleterre.

Après avoir été amis, ennemis, brouillés, réconciliés, Henri vii et François 1er firent enfin la paix, et, pour ainsi dire, sur les marches de leur tombeau. La difficulté qui la retarda de quelques mois, était la possession de Boulogne. Le Français voulait que cette ville lui fût rendue; l'Anglais s'obstinait à la garder. Cependant il promit de la restituer dans huit ans, à condition que, pendant le cours du même temps, on lui paierait une somme de deux millions d'écus d'or, à des échéances stipulées, et une pension viagère de cent mille écus.

Cette pension ne fut pas onéreuse à la France; Henri VIII mourut, sans que peut-être il en ait été payé un denier. Quand sa mort fut annoncée à François 1er, il dit : « Mon aîné est parti, mon tour ne tardera pas. » Depuis long-temps, en effet, il dépérissait à vue d'œil, miné qu'il était par une fièvre de langueur, causée par une maladie (*) qui, huit ans auparavant, avait pensé l'en

(*) François 1er mourut à Rambouillet, le dernier mars 1547, de cette maladie alors presque incurable, que la découverte du Nouveau-Monde avait, dit-on, transplantée en Europe. Passionné pour les femmes, ce prince avait eu autrefois pour maîtresse la belle Ferronnière. Jaloux et vindi

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lever à ses peuples, dont il fut loin de faire le bonheur et de mériter les regrets (*).

Peu de règnes ont commencé sous des auspices

catif, le mari de cette femme avait été prendre du mal dans un lieu de débauche, pour le donner à son adultère compagne, et par elle à son royal amant. Tout lui réussit comme il le désirait, et François 1er s'éteignit, après avoir souffert pendant neuf années consécutives.

Dict. Hist.

(*) On reprochera toujours avec raison à François 1er d'avoir permis d'employer contre les calvinistes le secours des armes. Cette permission fut accordée à la sollicitation de Jean Ménier, baron d'Oppède, premier président du parlement d'Aix, homme violent et sanguinaire, qui fit revivre un arrêt de ce parlement, rendu cinq ans auparavant, contre une population de plusieurs milliers de Vaudois, qui étaient établis sur les confins de la Provence et du Comtat Vénaissin, espèce de colonie d'un reste des disciples du fanatique Valdo, réfugiés depuis trois cents ans dans les gorges des montagnes qui séparent le Dauphiné du Piémont, et entrés depuis peu en communion avec les calvinistes.

« Tout était horrible et cruel dans la sentence qui fut prononcée contre eux, dit le véridique de Thou, et tout fut plus horrible et plus cruel encore dans l'exécution. Vingt - deux bourgs ou villages furent brûlés ou saccagés, avec une inhumanité dont l'histoire des peuples les plus barbares présente à peine des exemples. Les malheureux habitans, surpris pendant la nuit, et poursuivis de rochers en rochers, à la lueur des feux qui consumaient leurs maisons, n'évitaient souvent une embûche que pour tomber dans une autre : les

plus favorables que celui de Henri ; peu aussi ont été moins heureux, car ce prince fut tou

cris pitoyables des vieillards, des femmes et des enfans, loin d'amollir le cœur des soldats forcenés de rage, comme leurs horribles chefs, ne faisaient que les mettre sur la trace des fugitifs, et marquer les endroits où ils devaient porter leur fureur. >>

La reddition volontaire n'exemptait ni les hommes du supplice, ni les femmes des plus affreuses violences. Il était défendu, sous peine de mort, de leur accorder aucune retraite. A Cabrières, une des villes principales de ce canton, on égorgea plus de sept cents hommes, de sang froid, et toutes les femmes restées dans les maisons, furent enfermées dans un grenier plein de paille, auquel on mit le feu. Celles d'entre elles qui tentaient de s'échapper par les fenêtres, étaient repoussées à coups de crocs et de piques; enfin, selon la teneur de la sentence, les maisons furent rasées, les bois coupés, les arbres des jardins arrachés, et, en peu de temps, ce pays, si fertile et si peuplé, devint désert et inculte.

Ainsi se préparèrent les fureurs qui ont couvert la France d'échafauds, de bûchers, de gibets et de ruines ensanglantées. On n'était point encore accoutumé à ces horribles proscriptions, devenues si communes sous les règnes suivans. Les cris des malheureux, si cruellement traités, parvinrent aux oreilles du roi; mais ils y parvinrent trop tard. Il se repentit d'avoir donné son consentement à l'exécution de cet arrêt sanguinaire, qu'il suspendit quelque temps. Mais n'avait-il pas encouragé ces barbaries, en autorisant les supplices par sa présence? Il est rare que les subalternes n'excèdent pas, quand les chefs donnent eux-mêmes l'exemple.

jours en guerre, excepté les trois dernières années de sa vie, passée au milieu de faux calculs (*),

Un auteur contemporain a dit que le calvinisme s'est répandu en France, parce que François 1er permit ses progrès, et n'y prit pas garde. Mézeray lui répond : « Quoi donc? faire six ou sept édits rigoureux pour l'étouffer; convoquer plusieurs fois le clergé, assembler un concile provincial, dépêcher, à toute heure, des ambassadeurs à tous les princes de la chrétienté, pour en assembler un général; brûler les hérétiques par douzaines, les envoyer aux galères par centaines, les bannir par milliers; dites-nous, je vous prie, estce là permettre, ou ne point prendre garde? Sont - ce de simples résolutions, ou des effets?» C'est là réellement la trop véritable histoire des cruautés qui s'exercèrent en France sur les réformés, et l'on peut ajouter, à la honte de Henri VIII, que celles dont les catholiques furent alors les victimes en Angleterre, leur ressemblaient, si elles n'étaient pas plus atroces encore 1. On peut croire à tous ces crimes de la politique ou du fanatisme, et, s'il était quelqu'un qui osât en douter, qu'il lise ce qui s'est passé, il y a quelques années, dans les départemens du Gard, de Vaucluse, et des Bouches-du-Rhône *.

(*) Jamais, jusqu'à Henri 11, les impôts n'avaient été si multipliés, si onéreux, si variés. Il se fit illusion s'il crut rendre service à son peuple, qu'il trompa, en se trompant lui-même,

Voir une brochure très-bien écrite, intitulée : Nîmes, Marseille et ses environs; par DURAND.

ANQUETIL.

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