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vie, dans l'esprit de la majeure partie de la nation, tout ce qu'il avait fait de plus illustre et de plus mémorable durant un règne le plus long et le plus glorieux qui ait été jusqu'à lui, mais que devaient effacer, sous le quatrième de - ses successeurs, des triomphes inouïs, et des vic

et surtout dans la famille; le Dauphin a communément pour confesseur celui du roi, son père. Cet usage pourrait faire regretter la confession aux rois protestans.

Toutes les consciences de la maison royale étaient, sous Louis XIV, entre les mains des Jésuites; mais il ne tint qu'à lui de s'apercevoir combien la crainte qu'il inspirait, ou le désir de lui plaire, y avaient de part.

Dès que la duchesse de Bourgogne parut en danger, le jésuite La Rue, son confesseur ordinaire, se présenta pour la disposer à la mort. Dans ces momens où l'on ne craint plus les rois mêmes, elle montra une telle répugnance, que l'habile jésuite, pour épargner à sa compagnie un plus grand éclat, dit à la princesse, que si elle avait plus de confiance en un autre qu'en lui, il irait le chercher. Elle lui nomma sur-le-champ Bailli, prêtre de la paroisse de Versailles. Celuici ne s'étant pas trouvé, elle demanda un père Noël, récolet; ce qui prouve un éloignement très-décidé pour les Jésuites, d'autant plus que Bailli était fort suspect de jansénisme, la plus noire des taches aux yeux du roi. Les Jansénistes avaient alors l'estime publique.

Ce dégoût marqué pour la Société n'était pas un exemple unique. Henri-Jules de Bourbon-Condé, avait réclamé, en mourant, le père La Tour, général de l'Oratoire, l'horreur

toires remportées par les Français, dans toutes les parties de l'Europe.

En contraste s'élevait une nouvelle cour, celle de Philippe, duc d'Orléans, fils de Monsieur,

des Jésuites*, et peu agréable au roi. Il est vrai que HenriJules se conduisit en courtisan jusque dans la manière de mourir. Il envoyait chercher le père La Tour dans un carrosse de louage, et on l'introduisait, comme en bonne fortune, par un escalier dérobé, tandis que, sous prétexte d'un mieux dans la maladie ou du sommeil du prince, on refusait la principale porte de l'appartement à un père Lucas, Jésuite, confesseur en titre, et qui, sur la nouvelle du danger, était accouru de Rouen, pour attraper l'âme du prince; mais elle lui échappa.

La place de confesseur est, chez tous les princes catholiques, une espèce de ministère plus ou moins puissant, suivant l'âge, les passions, le caractère et les lumières du pénitent.

Le Père La Chaise occupa long-temps ce poste, et procura beaucoup de considération à sa société.

Souple, poli, adroit, il avait l'esprit orné, des mœurs douces, un caractère égal. Sachant à propos alarmer ou calmer la conscience du roi, il ne perdait point de vue ses

Les Jésuites cherchèrent long-temps et inutilement à perdre le père La Tour. Le roi, fatigué des tentatives multipliées, imposa silence. « Il y a deux ans, dit-il, que je le fais observer, sans qu'il m'en » soit rien revenu de répréhensible. Il faut qu'il soit plus sage qu'on » me dit, ou plus fin que nous; qu'on ne m'en parle plus. »

DUCLOS.

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dont la jeune société professait assez hautement une vie licencieuse. Le roi ne le croyait pas si perverti pour les mœurs, qu'il voulait le paraître, et il disait de lui « que c'était un fanfaron

intérêts ni ceux de sa compagnie, qu'il servait sourdement, laissant au monarque le soin de la protection. Persécuteur voilé de tout parti opposé, il en parlait avec modération, et en louait même quelques particuliers. Il montrait sur sa table le livre des Réflexions morales du père Quesnel, et disait à ceux qui paraissaient étonnés de son estime pour un auteur d'un parti opposé à la Société : « Je n'ai plus le >> temps d'étudier; j'ouvre ce livre, et j'y trouve toujours de quoi m'édifier et m'instruire. »

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A sa mort, le roi en fit publiquement l'éloge, rappela les occasions où le Père La Chaise avait pris contre lui la défense de plusieurs gens accusés ou suspects, et ajouta : « Je lui disais quelquefois : Vous êtes trop doux. Ce n'est >> pas moi qui suis trop doux, me répondait-il; c'est vous, sire, qui êtes trop dur. » Ils se connaissaient bien l'un et l'autre.

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Peu de jours avant que de mourir le Père La Chaise dit à Louis XIV : « Sire, je vous demande en grâce de choisir » mon successeur dans notre compagnie. Elle est très-atta» chée à Votre Majesté; mais elle est fort étendue, fort >> nombreuse, et composée de caractères très-différens, tous passionnés pour la gloire du corps. On n'en pourrait pas répondre dans une disgrâce, et un mauvais coup est bientôt >> fait. >>

>>

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Le roi fut si frappé de ce propos, qu'il le rendit à Maréchal, son premier chirurgien, qui, dans le premier mo

de vices. » Cependant il voyait avec regret que le gouvernement du royaume allait tomber entre ses mains.

De toute la famille royale il ne restait qu'un faible rejeton, qu'on n'espérait pas de conserver. Les princes'du sang, éloignés de la tige directe, étaient en petit nombre. Louis se laissa persuader qu'il y pouvait suppléer par des princes adoptifs.

A cet égard, il éprouva des sollicitations importunes qui affligèrent ses derniers momens. Il avait deux fils naturels, le duc du Maine et le comte de Toulouse. On pressa le roi, dont la santé devenait de jour en jour plus alarmante,

ment de son effroi, le rapporta à Blouin, premier valetde-chambre, et à Boulduc, premier apothicaire, ses amis. particuliers.

Ce que le Père La Chaise pensait de sa compagnie doit se supposer de tout autre ordre religieux attaché à la cour par le confessionnal. Il serait à souhaiter que ce ministère ne fût jamais confié qu'à un séculier.

Le roi de Sardaigne, Victor Amédée, a dit à un ministre de France que son confesseur, Jésuite, étant au lit de la mort, le fit prier de le venir voir, et que le mourant lui tint ce discours : « Sire, j'ai été comblé de vos bontés; je » veux vous en marquer ma reconnaissance. Ne prenez ją>> mais de confesseur Jésuite: ne me faites pas de questions, » je n'y répondrais pas. >>

DUCLOS.

de faire un testament par lequel il assurerait d'une manière positive le sort du duc du Maine, et enlèverait au duc d'Orléans le pouvoir de priver le fils légitimé des avantages que la faiblesse du père lui décernait. C'était un conseil de régence qu'on lui demandait, afin de borner la puissance du régent. Il fit son testament sur ce principe. En le remettant clos entre les mains du premier président, pour n'être ouvert qu'en présence des pairs assemblés, «Voici, lui dit-il, » mon testament. L'exemple des rois mes pré» décesseurs et du roi mon père, ne me laisse >> pas ignorer ce que celui-ci pourra devenir; » mais on l'a voulu, on m'a tourmenté, on ne » m'a donné ni paix ni patience qu'il ne fût » fait. J'ai donc acheté mon repos. Prenez-le, >> emportez-le, il deviendra ce qu'il pourra; mais » au moins je serai tranquille, et je n'en enten>>drai plus parler.

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Le mot de testament était cruel à l'oreille d'un roi toujours traité en immortel (*); mais l'idée

Il ne faut, pour se convaincre de la justesse de cette expression, que jeter les yeux sur les peintures des galeries de Versailles, où Louis xiv est partout représenté en Dieu, en Jupiter, en Mars, etc., et qu'on ne peut voir sans s'indigner de cette dégradation de l'espèce humaine.

Révolutions de Paris.

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