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Prusse en Hollande, où, comme simple charpentier, il va s'instruire à Sardam dans l'art de construire un vaisseau, et de là, pour se perfectionner, passe en Angleterre.

Dans l'intention de visiter l'Italie, il dirige ensuite sa marche par Vienne; mais à peine est-il arrivé dans cette ville, qu'il y reçoit l'avis d'une nouvelle sédition occasionée par les strélitz. Il reprend, à la hâte, la route de Moscow, et y fait, à son arrivée, un exemple terrible des rebelles. Plus

de ne le pas trouver mauvais; et là dessus, il se met à boire avec eux. Un de la troupe dit alors : « Il est temps; » un autre, qui voulait attendre que le Czar fût ivre, répond : « Pas

encore. »

Pierre, pénétrant leur dessein, assène à l'un des interlocuteurs un coup de poing sur la tête : « Scélérats que vous êtes, s'écrie-t-il, s'il n'est pas encore temps pour vous, il l'est pour moi. »

Sur ces entrefaites, onze heures sonnent, la garde entre, et les conjurés sont arrêtés. Le Czar, qui croit avoir donné l'ordre pour dix heures et demie, frappe violemment, dans sa colère, le chef du détachement. « Voilà, lui dit-il, pour t'apprendre, une autre fois, à être plus exact. » Interdit, l'officier montre son ordre, et Pierre, revenu de son erreur, l'embrasse aussitôt, descend jusqu'à l'excuse, avoue son tort, et le proclame hautement un brave homme.

Précis hist., géog. et polit, de la Russie.

de deux mille d'entre eux sont mis à mort, et leur corps est à jamais supprimé (*).

Pierre le Grand, après cette exécution, conclut

(*) Il fallait des exemples de sévérité pour inspirer l'effroi à un corps enclin à la révolte. Le crime des strélitz était grand, le châtiment le fut aussi. Le souverain, qui ne pouvait accorder sa confiance à ses Boyari, fut contraint d'interroger lui-même les coupables, qui rendirent sa vengeance terrible, par leur obstination à garder le silence sur les auteurs de la sédition et sur des détails importans.

Deux mille strélitz, leurs chefs, plusieurs officiers et quelques popes furent condamnés à la mort. Les plus coupables furent roués, et deux femmes-de-chambre, confidentes de la princesse Sophie et de Marfa, sa sœur, furent enterrées vives. Elles faisaient passer, dans des pains, et par une vieille femme, les lettres que Sophie écrivait aux chefs des strélitz.

Plus de trois cents NOBLES eurent la tête tranchée par des NOBLES.

Le prince Romodanofski, qui avait commandé autrefois les quatre régimens rebelles; Mentchikof, et tous les Boyari, qui avaient assisté à l'interrogatoire et au jugement des criminels, furent obligés d'exécuter eux-mêmes l'arrêt de mort. Lefort et le baron de Blumberg en furent dispensés.

Pierre se conduisit, dans cette circonstance, à l'égard des Nobles, à peu près comme le czar Ivan Vasilievitz s'était conduit dans une conjoncture moins terrible que celle-ci.

Les coupables virent sans effroi l'appareil des supplices : un trait frappant va le prouver. Un des rebelles était de tour pour avoir la tête tranchée, et celles de ses complices cou

une suspension d'armes avec les Turcs, et, de ce moment, la discipline militaire, la réforme dans les finances deviennent les principaux objets de ses soins. Celle du clergé fixe à son tour son attention; il supprime la dignité patriarcale et institue des écoles publiques où sont enseignées les langues étrangères. Il abolit la peine de mort,

vraient entièrement la longue poutre qui servait de billot; il les écarte et dit : « Padité prochs, mnié mesta nïet. »

Témoin de cet acte de fermeté ou d'insensibilité, le Czar suspend la hache, et pardonne. La clémence est une vertu dans un prince, et un acte de vertu conduit toujours à un autre. C'est ainsi que les temps modernes ont vu Napoléon Bonaparte épargner un Polignac, et rendre un époux à une femme enceinte, la princesse de Hatzfeld *.

Si Pierre le Grand avait cru devoir étonner et subjuguer pour jamais l'esprit de sa nation par l'appareil et par la multitude des supplices, il comprit qu'il n'avait plus besoin d'exemples terribles; que la vie des hommes devait être comptée pour beaucoup, dans un pays surtout où la population demandait tous les soins d'un législateur. Il fit, et fit bien, grâce à plus de sept mille strélitz condamnés à mort, et qui avaient leurs femmes et leurs enfans à Moskow. Ils furent dispersés, avec leurs familles, dans la Sibérie, dans le royaume d'Astrakan, et dans le pays d'Asof. LE CLERC.

*BOUVET DE CRESSÉ, Specimen Virtutum (1810). – - « Hæc nunc tua est epistola: hanc comburi jube; cùm nulla sit, judex nullus. » << Eh bien! vous tenez cette lettre; jetez-la au feu cette pièce anéantie, je ne pourrai plus faire condamner votre mari. »

22 Bulletin officiel, 8 novembre 1806.

sous laquelle il était défendu à tous les sujets russes de sortir de la Russie, et leur ordonne même, au contraire, de visiter les différens états de l'Europe, pour s'y instruire dans les sciences et les arts. Il réforme le calendrier abolit quantité d'usages et d'abus que l'ignorance et la superstition avaient enracinés. Son grand courage et sa fermeté savent braver les obstacles, les murmures et les plaintes.

Depuis long-temps l'établissement de plusieurs ports sur la Baltique faisait l'objet de ses voeux; la difficulté était de s'y frayer un chemin. Bientôt quelques prétendus mécontentemens contre la Suède deviennent des délits graves, et la guerre est déclarée à Charles XII.

Pierre d'abord perd la mémorable bataille de Nerwa; mais, loin de se décourager, reparaissant, l'année suivante avec des troupes plus nombreu ses encore, il s'empare de l'Ingrie, de la Courlande, et d'une partie de la Livonie. C'est alors qu'il jette les fondemens de Saint-Pétersbourg, de Cronstadt et de Cronstlot qui vont bientôt devenir le berceau de cette marine respectable qu'entretient aujourd'hui la Russie.

Charles XII, pour s'opposer aux succès et aux entreprises de Pierre er, entre en Russie à la tête de toutes ses forces; mais il ne peut long-temps,

résister à un rival que ses défaites multipliées ont enfin instruit à vaincre. Lowenhaupt est coupé, battu; ses bagages, ses munitions et toutes les provisions de l'armée restent au pouvoir du vainqueur. Enfin Charles perd la fameuse bataille de Pultawa; son armée entière y est faite prisonnière de guerre : lui-même, dangereusement blessé, ne sauve sa vie, ou au moins sa liberté, que par la fuite la plus précipitée, et est réduit à se réfugier en Turquie.

Pierre alors ne trouve plus d'obstacles, et bientôt la Livonie entière, Wibourg, Kerkolm, tombent en son pouvoir; il est libre enfin de presser les travaux de Pétersbourg avec la plus grande vigueur.

Cependant les Turcs, à l'instigation de Charles XII, tournent leurs armes contre la Russie. Le Czar, n'écoutant que son courage, veut leur épargner une partie du chemin; il vole au devant d'eux, et s'avance, mais imprudemment, dans la Moldavie : son armée y est enveloppée et il est à son tour menacé du même sort que vient d'éprouver Charles devant Pultawa. Le génie tutélaire de la Russie veille sur son régénérateur, et Catherine, sa fidèle amie, lui prouve, dans cette affreuse extrémité, qu'elle est digne de lui.

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