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Une pension de deux mille livres venait d'être la récompense de sa valeur, mais le héros écrivit au ministre pour le prier de faire tomber cette pension sur Saint-Auban, son capitaine en second, qui avait eu une cuisse emportée. « Je suis trop récompensé, ajoutait-il, si j'obtiens l'avancement de mes officiers. » Rare et noble exemple de désintéressement, qui, nous le disons à la honte du siècle, trouverait peu d'imitateurs! toutefois, il

en est encore,

Il en est jusqu'à trois que l'on pourrait citer (1).

PENN DONNE SON NOM A LA PENSYLVANIE (

Propriétaire souverain du territoire contigu au New-Jersey, et situé à l'ouest de la Delaware,

(*) C'est en 1681 que le célèbre William Penn jeta les fondemens de cette colonie, à laquelle il donna son nom, et dont les succès étendus et rapides sont dus au génie avec lequel il conçut l'ensemble du plan de cet établissement; à la prévoyance, à la sagesse, à la justice des moyens qu'il employa; aux principes de prudence et de moralité qui le dirigèrent.

La couronne d'Angleterre avait fait espérer cette cession à l'amiral Penn, en paiement d'une somme considérable qu'elle lui devait, et qu'il réclamait d'elle. Il mourut avant

(1) BOILEAU.

Penn donne son nom à la Pensylvanie, et assure de grands avantages à ceux qui s'y établiraient. Plusieurs familles d'Angleterre et d'Écosse accep

que cette promesse fût réalisée, et la pétition que, après la mort de son père, fit Penn pour obtenir l'exécution de cette promesse, fut long-temps contrariée par les agens de lord Baltimore, propriétaire du Maryland, et ne fut signée de Charles II que vers la fin de l'année 1681.

Déjà quelques points des bords de la Delaware étaient habités. Ils avaient fait partie de la province de New-Yorck, occupée par les Hollandais; ils avaient été ensuite possédés par les Suédois, et ils étaient, depuis 1664, reconquis par la couronne d'Angleterre.

La patente qui accorde à William Penn cette concession, porte pour motif, dans son préambule, les mérites et les services de l'amiral Penn, et le louable désir de son fils d'agrandir l'empire britannique, en encourageant tous les établissemens qui pouvaient lui être utiles, et en civilisant les nations sauvages.

Les limites du terrain concédé par Charles 11 à William Penn, étaient, à l'est, le fleuve de la Delaware, commençant à douze milles au nord de Newcastle, jusqu'au quarantième degré de latitude, en cas, disait la patente, que le fleuve s'étendît aussi loin au nord. De là, par une ligne droite, tirée vers l'ouest, à angle droit sur la première, dans l'étendue de cinq degrés; et de là, une autre, perpendiculairement au midi : enfin, une troisième ligne droite, tirée parallèlement à celle du nord, et commençant au point milieu du territoire de Newcastle, marquant les limites du sud.

Le commerce, dont la nouvelle province pouvait être

tent ses offres, et partent aussitôt sur des bâtimens chargés de toutes sortes de provisions, qui doivent leur être distribuées en débarquant. Des commissaires sont envoyés pour installer ces familles, et il leur remet, en même temps, pour les chefs des peuplades voisines, une lettre dont la diplomatie moderne n'offre pas un second exemple, et qui produisit tout l'effet qu'il avait droit d'en attendre (*).

Après avoir pris congé de sa femme et de ses,

susceptible, devait être soumis aux lois anglaises, et fait seulement avec l'Angleterre. William Penn devait avoir un agent à Londres, responsable des dérogations qui pourraient ètre faites dans la colonie, aux lois commerciales anglaises; mais cette même patente ordonnait que si quelque cas douteux s'élevait entre William Penn, ses héritiers, et les négocians de sa colonie d'une part, et le gouvernement de l'autre, relativement aux prérogatives du commerce anglais, la décision fût toujours favorable aux propriétaires et habitans de la Pensylvanie, enjoignant aux ministres de leur donner, en tout, aide et protection. LA ROCHEFOUCAULD-LIANCourt,

(*) William Penn arriva sur les bords de la Delaware, en 1682, suivi d'un assez grand nombre de familles de Quakers. Ne pensant pas, comme la plupart des fondateurs des colonies européennes, que sa qualité d'Européen, et la concession du roi d'Angleterre, lui donnassent le droit de s'emparer du territoire des nations sauvages sans leur consentement, il crut devoir traiter avec elles pour l'acquérir,

enfans, Penn alla visiter la nouvelle colonie, et ce fut à l'endroit où est maintenant Philadelphie, sous un vieux orme, qu'il eut, avec des chefs de Sauvages, cette entrevue fameuse qu'a si bien exprimée sur la toile le pinceau d'un artiste cé

et mit dans ses marchés l'esprit de justice, la simple et stricte probité, qui les lui rendirent plus faciles, et qui lui concilièrent l'amitié et la confiance, non-seulement des Indiens, mais aussi des Hollandais et des Suédois, au milieu desquels il s'établissait.

La conduite des Quakers, avec lesquels il était arrivé, était semblable à la sienne; aussi, les nouveaux établissemens, loin d'être troublés par les Indiens, étaient aidés de tous leurs secours, et les bons et justes procédés de William Penn envers ces peuples, ont laissé parmi eux une telle reconnaissance, qu'aujourd'hui que ces malheureux Indiens, toujours repoussés en arrière par les habitans de la Pensylvanie, ont trop souvent à se plaindre des procédés aussi injustes que barbares des Américains policés, ils conservent encore la tradition si fidèle de la franchise et de la loyauté de William Penn, qu'ils ne montrent jamais une entière confiance dans leurs traités avec l'état de Pensylvanie, avec les 'autres états, même avec l'Union, que quand quelques Quakers sont présens aux conférences, « parce que, disent – ils, les descendans de William Penn ne souffriraient pas qu'on les trompât. (1) » Quel éloge! Partisans des maximes ultramontaines, Jésuites de nos jours et des temps anciens, Pères de la Foi, tartufes de Montrouge et de Saint- Acheul, qui de vous vaut un Quaker!

(1) LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOurt.

lèbre (1). Les Indigènes s'étant rangés autour de lui, Penn déroula le parchemin sur lequel il avait fait écrire le traité, et en fit expliquer les divers articles par un interprète; il paya ensuite le prix d'achat des terres cédées par les Sauvages, et leur fit des présens.

A quelques jours de là, ayant convoqué les colons, le législateur leur fit accepter une constitution en xxiv articles, connue sous le nom de Charte de Penn, et c'est elle qui, depuis, a servi de base à celle qui régit les États-Unis.

Sur un terrain acquis de trois frères, Suédois d'origine, Penn bâtit une ville qu'il nomma Philadelphie, devenue l'une des plus belles et des plus riches cités du monde, et il ne négligea rien pour assurer la prospérité des colons, et pour resserrer l'amitié qui les unissait avec les Naturels.

Les Indiens s'étant repentis d'avoir fait une cession de terres aux Européens, Penn déchira le traité, en déclarant que le sol serait commun, et qu'il ne regarderait les deux peuples que comme un seul corps divisé en deux parties. Content de son ouvrage, et comblé des bénédictions de toute une population dont il avait fait le bonheur, il revint en Angleterre, où,

(1) WEST.

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