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résolution de purger la Méditerranée des corsaires barbaresques qui l'infestaient. Cette opération fut confiée à Beaufort, qui battit deux fois leur flotte, la resserra dans leurs ports, et s'empara de Gigeri, au royaume d'Alger, où l'on se proposait de former un établissement. Le défaut de vivres et de munitions fit avorter ce projet.

Tout entier à l'idée de restaurer la marine, Colbert y donnait tous ses soins, et la France pouvait compter, à la mer, soixante vaisseaux de ligne, et quarante frégates, de construction récente, lorsque ses escadres s'ouvrirent une nouvelle carrière de gloire sur un élément qui leur était encore peu familier.

A peine formés à la tactique navale, les Français résistèrent seuls à Ruyter, qui, pour seconder les efforts des Espagnols contre Messine et Agouste, était entré dans la Méditerranée. Duquesne déconcerta leurs desseins au combat de

naud, Jean-Bart et Forbin portaient de tous côtés la gloire de notre marine. Duguay-Trouin commençait à s'élever; les Anglais et les Hollandais, jusqu'alors maîtres de la mer, furent vaincus dans plusieurs batailles rangées. Les vaisseaux ennemis se cachaient partout devant les flottes de Louis XIV. On sait que la marine française conserva cette supériorité jusqu'à l'affaire de la Hogue.

THOMAS.

Stromboli et à celui d'Agouste, qui coûta la vie à l'amiral hollandais. Enfin Vivonne, quoique inférieur en vaisseaux à la flotte ennemie, l'ayant attaquée comme elle sortait de Palerme, acheva de la détruire.

Vers le même temps Tourville (*), ayant armé en course un vaisseau, en société avec d'Hocquincourt, ces deux braves chevaliers firent des prises considérables, et ce qui est encore plus glorieux, ils donnèrent des preuves du courage le plus intrépide, car ils mirent en fuite six navires d'Alger, et contraignirent trente-six galères à une honteuse retraite, tandis que dans d'autres mers un gentilhomme languedocien se rendait fameux par une conduite toute particulière.

Montbars est son nom. Le hasard ayant fait,

(*) Tourville fit ses premières armes dans un vaisseau armé en course contre les Algériens. Il livra, en 1661, un combat terrible à des corsaires turcs; il continua à s'exercer et à s'instruire, dans la même école, jusqu'en 1667, que le roi l'attacha à la marine royale.

Quoique perdue, la bataille de la Hogue augmenta la gloire de Tourville: cette bataille se donna le 29 mai 1692. Tourville, qui n'avait que quarante-quatre vaisseaux, reçut ordre d'attaquer les flottes d'Angleterre et de Hollande, fortes de près de cent voiles. La supériorité du nombre l'emporta. Les Français couverts de gloire, mais vaincus, cédèrent après un combat de dix heures.

THOMAS.

dès l'enfance, tomber entre ses mains une relation détaillée des cruautés commises dans la conquête du Nouveau-Monde, il conçut contre la nation qui avait fait tant de mal, une haine qu'il portait jusqu'à la frénésie (*).

Attaqué par cinq gros vaisseaux de Tripoli,

(*) On raconte, à ce sujet, qu'étant au collége, et jouant dans une pièce le rôle d'un Français qui avait un démêlé avec un Espagnol, Montbars se jeta sur son interlocuteur avec tant de rage, qu'il l'aurait étranglé si on ne l'avait à l'instant soustrait à sa brutalité. Son imagination enflammée lui représentait sans cesse des peuples innombrables égorgés par les monstres sortis de l'Espagne, Il ne respirait que l'ardeur d'expier tant de sang innocent. L'enthousiasme de l'humanité devint en lui une fureur.

Ayant entendu parler des Frères de la Côte, comme des ennemis les plus implacables du nom espagnol, il s'embarqua pour les aller joindre. On rencontra dans la route un vaisseau espagnol, qui fut attaqué et aussitôt abordé; c'était l'usage alors de commencer le combat par l'emploi du grappin, préférablement au jeu des batteries.

Le sabre à la main, Montbars éperdu fond sur les ennemis, se fait jour au milieu d'eux, et, se portant de l'arrière à l'avant du navire, renverse tout ce qu'il rencontre. Vaincus, les Espagnols se rendent, et le farouche Languedocien, laissant à ses compagnons toute la joie que leur procure un riche butin, contemple avec une volupté atroce les cada-、 vres amoncelés d'hommes qu'il a juré de détruire.

Le reste de la vie de Montbars fut digne de cette première action. Il fit éprouver, sur terre et sur mer, tant de malheurs

Téméricourt se défendit avec tant de courage et d'intrépidité, qu'après en avoir démâté deux, et tué beaucoup de monde, les ennemis, désespérant de le prendre, abandonnèrent le combat, et le laissèrent libre de continuer sa route. Mais, peu à près, surpris par une tempête affreuse, qui le jeta sur les côtes de Barbarie, son vaisseau s'y brisa, et lui-même tomba entre les mains des Maures.

Conduit à Tripoli, et de là à Andrinople, Mahomet in, qui se trouvait dans cette dernière ville, demanda si c'était lui qui, seul, avait combattu les cinq vaisseaux de Tripoli? Moi-même, répondit Téméricourt.

De quel pays es-tu? Français. -Tu es donc un déserteur? continua le Sultan, car il y a une paix solennelle entre le roi de France et moi. Je suis Français, répartit Téméricourt; mais, outre cette qualité, j'ai celle

aux Espagnols, qu'on le surnomma l'Exterminateur. Hâtonsnous cependant de dire à sa louange, que jamais il ne tua un homme désarmé, et qu'on n'eut point à lui reprocher ces brigandages et ces dissolutions qui ont rendu la plupart des aventuriers détestables, cruautés gratuites qu'on ne rencontre que trop souvent, à la honte de l'humanité, dans les annales des flibustiers *.

* Ainsi appelés du nom de flibots, canots ou petits bâtimens propres pour la pêche, avec lesquels ils commencèrent à faire leurs courses. Hist. gén. de la Marine.

d'être chevalier de Malte, profession qui m'oblige à exposer ma vie contre les sectateurs de votre prophète et de la foi musulmane.

Sur ces entrefaites l'attention de Louis XIV s'était portée sur les régences barbaresques de la Méditerranée: elles infestaient cette mer, et mettaient des entraves au commerce français, qui seul pouvait guérir les plaies que la guerre avait faites à l'état. Chargé de les réprimer, Duquesne s'en acquitta avec gloire et succès. Alger, deux fois bombardée par lui à l'aide des galiotes à bombes, que venait d'inventer l'ingénieur Renaud, remit entre ses mains les esclaves chrétiens qu'elle possédait encore, reste précieux échappé à la férocité des Barbares, qui, dans la rage que leur inspirait le spectacle de destruction répandu autour d'eux, essayèrent de reporter, à leur tour, la terreur dans l'âme de leurs ennemis, en poussant sur leurs bords, à l'aide de mortiers et de pièces de gros calibre, les membres épars des malheureux captifs et du consul lui-même.

Ce fut dans cette occasion que Choiseul, près d'être attaché à la volée d'un canon, et conduit au lieu où devait se faire cette horrible exécution, fut reconnu par un capitaine algérien, que Lhéry avait autrefois pris dans ses courses, et

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