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autels, et qu'une glorieuse victoire doit être la récompense de notre valeur, ou Rhodes, le plus fort rempart de la chrétienté, nous servira de tombeau.» Avec les bourgeois, son langage, toujours persuasif, était approprié aux circonstances : « Songez, ajoutait-il, que, outre la défense de la foi, vous avez pris les armes pour votre patrie, pour vos femmes, pour vos filles, et pour tous vos enfans. Combattez généreusement, mes amis, pour les sauver de l'infamie dont les Barbares les menacent. Leur liberté, la vôtre, votre sang, votre honneur et vos biens sont entre vos mains, et dépendent de votre courage. »

Ce peu de mots, prononcés avec une ardeur héroïque, attendrirent si fort les cœurs, que tous, habitans et chevaliers, Grecs et Latins, protestèrent hautement de n'abandonner leurs postes qu'à la mort, et, s'embrassant fraternellement, les yeux baignés de larmes, ils se dirent comme le dernier adieu, sans songer à autre chose qu'à vaincre ou à mourir.

Mais, lorsque, au son des cloches, indice certain du danger qui menace la ville, on voit, de tous les points, accourir sur la brèche le grandmaître, le prieur de Saint-Gilles, et le bailli Martinengue, encore convalescent d'une blessure qu'il a reçue dans une action précédente, suivis

des chevaliers et des habitans de l'île, chacun alors ne prenant plus d'ordre que de son courage, et plus encore de son désespoir, tous fondent avec fureur sur les Turcs. Des deux côtés la valeur est égale; on se bat corps à corps; le carnage est affreux, et les fossés se remplissent de blessés, de mourans et de morts. Enfin, c'en est fait, l'étendard de la Croix s'incline devant le Croissant; Rhodes capitule.

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Soliman a fait dire au grand-maître «< que la conquête ou la perte des empires sont des jeux ordinaires de la fortune, » et, pour tâcher d'attirer à son service un aussi grand capitaine, il a ajouté: « Vous venez d'éprouver d'une manière bien dure peu de fond qu'il y a à faire sur l'amitié et l'alliance des princes chrétiens, qui vous ont si indignement abandonnés; si vous voulez embrasser ma religion, il n'y a ni charges, ni dignités, dans toute l'étendue de mon empire, dont je ne sois disposé à vous gratifier.»>

Français, Villiers de l'Ile-Adam refusa les offres de Soliman (*).

(*) Villiers, de l'Ile-Adam, mourut en 1534, à soixantedix ans, pleuré de ses chevaliers, dont il avait été le défenseur et le père. On grava sur son tombeau ce peu de mots qui renferment un éloge complet : « C'EST ICI QUE repose la VERTU VICTORIEUSE DE LA FORTUNE,»

Dict. Hist.

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RÈGNE DE LOUIS XIV.

Fils et père de deux grands rois, Henri iv et Louis XIV, Louis XIII était mort peu regretté de ses sujets, comme il en avait été peu aimé pendant sa vie (*). La marine, sous son règne, n'avait guère brillé de quelque éclat, qu'au siége de la Rochelle, et lors de l'expulsion des Anglais devant l'île de Rhé; mais, encore quelques années, et nous la verrons florissante et respectée dans les deux hémisphères.

Louis XIV paraît: avec lui commence le grand siècle, et c'est escorté d'hommes du premier mérite, dans tous les genres, qu'il sut mettre et conserver à leur place, que ce prince se présente aux regards de la postérité. Constamment heuil eut à la tête de ses armées, Turenne, Condé, Luxembourg, Catinat, Créqui, Boufflers, Montesquiou, Vendôme et Villars. Château-Re

reux,

(*) Louis XIII avait un caractère sombre et soupçonneux; on le gagnait par des démonstrations d'attachement exclusif. L'amitié chez lui n'était pas toujours une suite de l'estime. Il aima sans estimer; il estima sans aimer; et, comme l'estime est impérieuse, elle donna à Richelieu, sur son maître, l'ascendant dont il jouit toujours, malgré les efforts de ceux que Louis aimait

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naud, Duquesne, Tourville, Duguay-Trouin, Jean-Bart, commandèrent ses escadres. Colbert, Louvois, Torcy, étaient appelés à ses conseils. Bossuet, Bourdaloue, Fléchier, Massillon surtout, lui annonçaient ses devoirs. Son premier sénat avait Molé et Lamoignon pour chefs, Talon et d'Aguesseau pour organes. Vauban fortifiait ses citadelles; Riquet creusait ses canaux; Perrault et Mansard construisaient ses palais; Pujet, Girardon, Le Poussin, Le Sueur et Le Brun les embellissaient; Le Nôtre dessinait ses jardins; Corneille, Racine, Molière, Quinault, La Fontaine, La Bruyère, Boileau, éclairaient sa raison et amusaient ses loisirs; Montausier enfin, et Fénélon élevaient ses enfans (1). La révolution générale qui se fit, sous son règne, dans les arts, dans les esprits, dans les mœurs, influa sur toute l'Europe. Elle s'étendit en Angleterre; elle porta le goût en Allemagne, les sciences en Russie; elle ranima l'Italie languissante. Ces peuples divers doivent de la reconnaissance et de l'admiration à Louis XIV (*).

Ministre zélé et jaloux de la gloire de son pays, sûr d'ailleurs de l'acquiescement ferme et éclairé

(*) Dict. Hist.

(1) MAURY.

du monarque qui seul pouvait procurer la vie aux spéculations commerciales, Colbert (*) avait fait conclure une alliance protectrice entre la Hollande et la France.

Ce fut aussi dans les mêmes vues qu'on prit da

(*) En 1680, 1681, 1682, la marine fut élevée à un point de grandeur que les Français eux-mêmes n'auraient osé espérer. Louis xiv, qui portait dans toutes les parties de l'administration la hauteur de son âme, avaît formé le projet de donner à la France l'empire de la mer. Colbert était digne d'exécuter ce projet. L'activité du'ministre seconda les vues du prince. Bientôt le port de Toulon, sur la Méditerranée, le port de Brest, sur l'Océan, furent perfectionnés à frais immenses. La nature fut forcée à Rochefort. Dunkerque et le Havre de Grace furent remplis de vaisseaux. Un homme de génie, mais qui sans Colbert n'eût peut-être jamais été connu, Renaud inventa pour la construction une méthode plus régulière et plus facile. C'est à lui qu'on doit l'invention des galiotes à bombes, si cependant une telle invention est un service rendu au genre humain. Des écoles de gardes-marines furent instituées dans les ports. La foule des citoyens ou inutiles à l'état par leur oisiveté, ou dangereux par leur occupation, ou onéreux à des provinces qui ne pouvaient les nourrir, fut enrôlée; on en forma soixante mille matélots. L'ordonnance de la marine parut; des lois justes disciplinèrent ce peuple immense et féroce; lois nécessaires sur la mer, où la société polit moins les mœurs, et où la rudesse de l'élément se communique aux esprits. La France eut alors plus de cent vaisseaux de ligne dont plusieurs étaient montés de cent canons. D'Estrées, Duquesne, Tourville, Château - Re

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