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LES GRANDS PRÉCURSEURS

Après la longue nuit du moyen âge, les Sciences renaissent au XVI° siècle, en même temps que les lettres et les arts. Nous ne pouvons dire ici que quelques mots des hommes qui ont enfin découvert les vrais principes de l'Astronomie, de l'Algèbre et de la Physique.

Le chanoine polonais Copernic (1473-1543) expose le véritable Système du monde c'est-à-dire le double mouvement des planètes sur elles-mêmes et autour du Soleil. Il n'ose pas publier lui-même son livre latin Des révolutions célestes, parce qu'il craint les objections scolastiques et théologiques.

Viète (1540-1603), né dans le Bas-Poitou, entrevoit les propriétés générales des équations, résout par l'algèbre les problèmes de géométrie et complète la trigonométrie. Le grand algébriste est Conseiller des rois Henri III et Henri IV.

Le père de la méthode expérimentale et de la physique moderne est l'Italien Galilée (1564-1642). Il a confirmé le système de Copernic en découvrant avec la lunette qui porte son nom les satellites de Jupiter, les phases de Vénus, les taches du Soleil, etc... Condamné par la Congrégation de l'Index, il a été emprisonné et

obligé de se rétracter solennellement; on prétend qu'il ajouta tout bas : « Et pourtant la terre tourne! >> Les découvertes de Galilée sont aussi nombreuses qu'importantes isochronisme des oscillations du pendule, lois de la chute des corps, plan incliné, etc. Mort aveugle à 78 ans, ses deux principaux livres sont les Dialogues sur les deux systèmes de Monde de Ptolémée et de Copernic et le Discours sur la Mécanique; ses œuvres complètes, en latin et en italien, n'ont pas été traduites en français.

L'Allemand Képler (1571-1630) a illustré son nom par la découverte des trois grandes lois réglant le mouvement des planètes autour du Soleil. Pauvre, laborieux et hardi il tire des conclusions précises des observations accumulées avant lui. Son enthousiasme déborde: « Le sort en est jeté; j'écris mon livre. On le lira dans l'âge présent ou dans la postérité, que m'importe? il pourra attendre son lecteur : Dieu n'a-t-il pas attendu six mille ans un contemplateur de ses œuvres? » Les deux principaux livres de Képler, écrits en latin, sont l'Astronomie nouvelle et les Harmonies du monde; ses œuvres complètes (8 vol., à Francfort) n'ont pas été traduites.

Notre grand Descartes (La Haye en Touraine, 1596; Stockholm, 1650) a parcouru l'Allemagne et l'Italie, a habité vingt ans la Hollande et est allé mourir en Suède, où il avait été appelé par la reine Christine. Ce réformateur a ruiné les Scolastiques et essayé de reconstruire l'édifice de nos connaissances. Il est le créateur de la Géométrie analytique qui est l'étude de la géométrie par l'algèbre en représentant les courbes par des équations. Cette conception, d'une portée immense, est la base des mathématiques nouvelles. Les idées de Des

cartes en physique et en astronomie ont été abandonnées; il avait du monde une conception géométrique : il n'admettait que la pure étendue et le mouvement. La Géométrie de Descartes est une annexe, publiée à part, du Discours sur la méthode auquel se rattachent aussi la Dioptrique, les Météores, etc. Une grande édition des OEuvres de Descartes, publiée sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique, est en voie de publication.

Fermat, Conseiller au Parlement de Toulouse (16011665) a révélé les propriétés les plus secrètes des nombres; on n'a pas encore démontré son théorème : « Au dessus du carré, il n'y a aucune puissance entière décomposable en deux puissances entières du même degré. » Fermat a donné une méthode pour les tangentes et les maxima, où l'on trouve les germes du calcul infinitésimal. Ses œuvres complètes sont en cours de publication, sous les auspices de l'Académie des sciences.

Blaise Pascal (Clermont, 1623; Paris, 1662), compose à seize ans un Traité des sections coniques où se trouve son hexagramme mystique. On peut le considérer comme le créateur de l'analyse combinatoire et du calcul des probabilités. Il a étudié la courbe appelée roulette ou cycloïde, imaginé une machine arithmétique, fait géométriquement des intégrations, etc. Ses recherches sur la pesanteur de l'air sont restées classiques. Malheureusement les dix dernières années de Pascal, consacrées à la philosophie et à la religion, ont été perdues pour la Science. On lui doit le Traité de l'équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l'air et, dans un ordre d'idées tout différent, Les Provinciales, les Pensées, etc.

L'ANCIENNE ACADÉMIE DES SCIENCES

(1666-1793)

« Les sciences excèdent les facultés d'un seul homme, dit Biot. Leur sphère immense ne peut plus être embrassée que par un grand corps littéraire qui, dans son ensemble, comme dans un vaste sensorium, réunit toutes les conceptions, toutes les vues, toutes les pensées; qui ne connaissant ni la décadence des sens et de la vieillesse, toujours jeune, toujours actif, sonde incessamment les propriétés intimes des choses naturelles, découvre les forces qui y sont cachées, et les offre enfin à la société tout élaborées et préparées pour les applications. Dans ce centre où toutes les opinions s'agitent et se combattent, nulle autorité ne peut prévaloir, si ce n'est celle de la raison. et de la nature... Telle est aujourd'hui la noble destination des sociétés savantes. La simultanéité et la durée que leur institution donne à des efforts mortels, complètent la puissance de la méthode expérimentale. Elles seules pouvaient désormais assurer la continuité du progrès des connaissances humaines; seules elles.

1. Consulter les livres sur L'Ancienne Académie des sciences de MM. A. Maury et J. Bertrand.

pouvaient développer les grandes théories et faire obtenir des résultats qui, par leur difficulté, par la diversité, la persévérance et la difficulté des travaux qu'ils exigent, n'auraient jamais été accessibles pour des individus. »

Le besoin de s'associer pour activer et coordonner les travaux scientifiques se fit sentir, chez les divers peuples, dès le milieu du xvn° siècle.

La Société royale de Londres et l'Académie del Cimento datent de 1640 et de 1657. L'Académie des sciences de Paris a été fondée par Colbert en 16661 et sa première séance a eu lieu le 22 décembre, dans la Bibliothèque du Roi (près de la Bibliothèque nationale actuelle). Il y eut vingt et un membres seulement; les mathématiciens se réunirent le mercredi et les physiciens le samedi.

On remarque dans la Compagnie Mariotte, l'abbé Picard, auquel on doit la mesure des angles à l'aide des lunettes, le géomètre Roberval, Cassini, le danois. Roehmer qui mesura la vitesse de la lumière, etc... Le secrétaire fut Du Hamel 2.

On étudia d'abord, en commun, les plantes et les animaux avec plus de zèle que de méthode, on distilla des crapauds, etc.

Les travaux astronomiques furent meilleurs, surtout après la construction de l'Observatoire, en 1667.

Lorsque Louis XIV visita l'Académie dont il se déclara le protecteur, on vit Duvernay sortir des profondeurs d'une baleine qu'il explorait, pour saluer le

1. On sait que Richelieu avait fondé l'Académie française en 1635. 2. On trouvera, dans la suite, des détails sur les savants dont nous ne donnons ici que les noms.

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