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Elle habite le creux des antres solitaires.
Là, son amour s'aigrit de ses peines amères :
Son cœur est consumé par ses chagrins secrets.
Une affreuse maigreur dessèche ses attraits;
Tout son corps dépérit, tout son sang s'évapore.
Ce qu'elle fut n'est plus, et sa voix vit encore.
En pierre les destins transformèrent ses os :
Son ame dans les bois erre encor sans repos.
Sa voix répond encore à la voix qui l'appelle,
Mais ce n'est plus qu'un son qui vit encore en elle.
Comme elle, de Narcisse essuyant les dédains,
Mille Nymphes des eaux, des bois et des jardins,
De l'aimer sans retour connurent le supplice.
Mais une enfin des dieux implora la justice:
Ciel! fais qu'il aime un jour sans être aimé jamais!
Elle dit : Rhamnusie exauça ses souhaits.

X. Narcisse amoureux de lui-même.

UN vallon frais recèle une source argentéc, Inconnue aux troupeaux, des bergers respectée. L'écorce des vieux troncs, la plume des oiseaux, Jamais n'ont altéré le miroir de ses eaux;

Et sur ses bords charmans, plantés d'arbres sans nombre, Son cours nourrit les fleurs, et la verdure, et l'ombre. Narcisse fatigué vint en ce beau séjour

Chercher le frais de l'ombre, et fuir les feux du jour;

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Hic et studio venandi lassus et æstu,
puer,
Procubuit, faciemque loci, fontemque secutus.
Dumque sitim sedare cupit, sitis altera crevit ':
Dumque bibit, visæ correptus imagine formæ,
Rem sine corpore amat:corpus putat esse, quod umbra est.
Adstupet ipse sibi, vultuque immotus eodem
Hæret, ut e Pario formatum marmore signum.
Spectat humi positus geminum, sua lumina, sidus,
Et dignos Baccho, dignos et Apolline crines,
Impubesque genas,
et eburnea colla, decusque
Oris, et in niveo mixtum candore ruborem ;
Cunctaque miratur, quibus est mirabilis ipse:
Se cupit imprudens : et, qui probat, ille probatur.
Dumque petit, petitur: pariterque incendit, et ardet.
Irrita fallaci quoties dedit oscula fonti!

In medias quoties, visum captantia collum,
Brachia mersit aquas, nec se deprendit in illis!
Quid videat, nescit; sed, quod videt, uritur illo;
Atque oculos idem, qui decipit, incitat error.

Credule, quid frustra simulacra fugacia captas? Quod petis, est nusquam : quod amas, avertere, perdes.

1 Ce vers en exigeait nécessairement deux dans la traduction; ce qui prouve que la précision d'une phrase, en passant d'une langue dans une autre, consiste bien plus dans le tour que dans le nombre élémentaire des syllabes.

* Voilà encore un exemple charmant de l'apposition poétique, tour moins usité dans notre langue.

Mais en voulant calmer la soif qui le dévore,
Il sent naître une soif plus dévorante encore.
Son visage dans l'onde à ses yeux répété,
Le rend lui-même épris de sa propre beauté.
Narcisse prête un corps à l'image qu'il aime,
Sans voir que cette image est l'ombre de lui-même;
Et tel qu'une statue, immobile et penché,
Sur ses propres regards son regard attaché
Contemple, dans l'azur mouvant sous sa paupière,
De deux astres vivans la touchante lumière,
Et ses cheveux pareils aux cheveux d'Apollon,
Et sa joue où commence à poindre un doux coton,
L'albâtre de son cou, son teint où se marie
De la rose et du lys la nuance fleurie.

Narcisse en même tems admire, est admiré :
Narcisse en même tems desire, est desiré.
Combien de fois veut-il, sous cette onde trompeuse,
Imprimer sur sa bouche une bouche amoureuse!
Combien de fois ses bras vers son ombre élancés
Se plongent dans les flots vainement embrassés !
Il ne sait ce qu'il voit; mais ce qu'il voit l'enflamme;
Et l'erreur de ses yeux a passé dans son ame.

Insensé! quel fantôme ici te fait la loi?
Tu veux ce qui n'est point, ce qui n'a rien de soi :
L'image que tu vois n'est que ton ombre vaine;
Elle fuit, si tu fuis; ton retour la ramène,

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