Elle habite le creux des antres solitaires. X. Narcisse amoureux de lui-même. UN vallon frais recèle une source argentéc, Inconnue aux troupeaux, des bergers respectée. L'écorce des vieux troncs, la plume des oiseaux, Jamais n'ont altéré le miroir de ses eaux; Et sur ses bords charmans, plantés d'arbres sans nombre, Son cours nourrit les fleurs, et la verdure, et l'ombre. Narcisse fatigué vint en ce beau séjour Chercher le frais de l'ombre, et fuir les feux du jour; Hic et studio venandi lassus et æstu, In medias quoties, visum captantia collum, Credule, quid frustra simulacra fugacia captas? Quod petis, est nusquam : quod amas, avertere, perdes. 1 Ce vers en exigeait nécessairement deux dans la traduction; ce qui prouve que la précision d'une phrase, en passant d'une langue dans une autre, consiste bien plus dans le tour que dans le nombre élémentaire des syllabes. * Voilà encore un exemple charmant de l'apposition poétique, tour moins usité dans notre langue. Mais en voulant calmer la soif qui le dévore, Narcisse en même tems admire, est admiré : Insensé! quel fantôme ici te fait la loi? |