En achevant ces mots, la déesse offensée Traîne par les cheveux la nymphe renversée. Calisto tend les bras, et ses bras étendus, Hérissés d'un poil noir s'arment d'ongles aigus. Déjà sur ses deux mains elle marche, et sa bouche Qui plut à Jupiter, est hideuse et farouche. Elle voudrait en vain et se plaindre et parler; Sa voix gronde, menace; elle s'entend hurler. Mais dans son changement son esprit est le même. Au défaut de la voix, dans sa douleur extrême, Levant au ciel ses piés, autrefois ses deux mains, Son coeur à Jupiter reproche ses destins. Combien de fois la nuit, craignant la forêt sombre, Près de son toit natal vint-elle errer dans l'ombre! Combien de fois des chiens entendant les clameurs, Chasseresse, elle fuit à l'aspect des chasseurs! Elle évite le loup sorti de son repaire, Et le loup qu'elle évite est peut-être son père: Oubliant ce qu'elle est, et se cherchant toujours, Elle est ourse elle-même, et redoute les ours. XIV. Calisto et son fils Arcas changés en Astres. ARCAS qui n'a point vu sa mère infortunée, Joignait quinze printems à sa première année. Comme elle, il fait la guerre aux hôtes des forêts. Un jour qu'à ce dessein les longs nœuds de ses rets Dumque feras sequitur, dum saltus eligit aptos, Arcuit omnipotens : pariterque ipsosque nefasque XV. Deos maris exorat Juno ne sit hisce sideribus novis in eorum imperium aditus. INTUMUIT Juno, post quàm inter sidera pellex Fulsit: et ad canam descendit in æquora Tethyn, Oceanumque senem ; quorum reverentia movit Sæpe Deos: causamque viæ scitantibus infit. Quæritis, æthereis quare regina Deorum Sedibus huc adsim? pro me tenet altera cœlum. Mentiar, obscurum nisi nox cùm fecerit orbem, 'Ovide, dans le Poëme des Fastes, liv. 11, a exprimé la même circonstance avec encore plus d'intérêt. Environnaient au loin la forêt d'Erimanthe, XV. Junon prie les Dieux de la mer de ne jamais CEshonneurs, pour Junon, sont de nouveaux chagrins. Elle descend aux bords où Thétis et Nérée Se retirent au fond de leur grotte azurée, Vieux époux, de qui l'âge est révéré des dieux. Pourquoi vous étonner si la reine des cieux Paraît en suppliante? Apprenez ma disgrace. Sachez qu'au firmament une autre prend ma place. Croyez que je me plains sur un prétexte faux, Si quand le soir viendra rallumer ses flambeaux, Le Pôle n'offre pas des étoiles nouvelles, Pour ma haine trompée injures immortelles. Nuper honoratas summo, mea vulnera, coelo Ultimus extremum, spatioque brevissimus, ambit. XVI. Cornicis ad Corvum admonitio. Dî maris annuerant. Habili Saturnia curru › Les étoiles de la grande Ourse et du Bouvier ne descendent jamais sous l'horizon; ce qui a fait dire aux anciens poètes qu'il leur était défendu de se plonger dans l'océan. Vetito metuentes æquore tingi. Et qui peut craindre encor le courroux de Junon? Et pour beau-père enfin qu'il prenne un Lycaon! XVI. L'Aventure du Corbeau. LES dieux de l'Océan satisfont à sa haine. Soudain son char d'azur dans les cieux la ramène ; Et ses paons, dans les airs, au souffle des zéphirs, Étalent leur plumage étoilé de saphirs. Comme eux, par ta beauté tu fus jadis célèbre, O corbeau! maintenant oiseau sombre et funèbre. |