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DE

MADAME CAMPAN.

CHAPITRE XII.

Affaire du collier. - Détails sur le joaillier Boehmer.

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de diamans qu'il avait réunie à grands frais. Le roi veut en faire présent à la reine qui la refuse. - Boehmer se jette aux pieds de la reine qui le renvoie sans vouloir acheter le collier. Il annonce qu'il a placé cette parure à Constantinople. Billet énigmatique qu'il écrit à la reine. — Entretien de Boehmer avec madame Campan: il est dupe d'une intrigue. - Madame Campan l'apprend à la reine. Surprise, indignation de cette princesse. Conseils du baron de Breteuil et de l'abbé de Vermond.

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Le cardinal

de Rohan interrogé dans le cabinet du roi. · On l'arrête.

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- La reine, ni

- Détails sur madame de Lamotte et sa famille. - Démarches que font les parens du cardinal. personne de son service n'avaient jamais eu de relations avec la femme de Lamotte. Détails relatifs au procès. · Le

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clergé fait des représentations. Arrêt du parlement. Douleur de la reine. - Paroles de Louis XVI.

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'PEU de temps après le mouvement donné à l'esprit public, par la représentation du Mariage de Figaro, une intrigue sourde, combinée par des es

TOM. II.

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crocs, et qui se préparait dans l'ombre d'une société corrompue, devait essentiellement attaquer le caractère de la reine, et porter l'atteinte la plus directe à la majesté du trône et au respect qui lui est dû.

Je vais parler de cette fameuse intrigue du collier acheté, disait-on, pour la reine par le cardinal de Rohan. Je n'omettrai pas une seule des circonstances qui ont été à ma connaissance : les moindres détails prouveront à quel point la reine devait être éloignée de craindre le coup qui la menaçait, et qu'on doit attribuer à une fatalité que la prudence humaine ne pouvait prévoir, mais dont, à la vérité, elle pouvait se dégager avec plus d'habileté 1.

J'ai dit qu'en 1774 la reine avait acheté, du joaillier Boehmer, des girandoles de trois cent soixante mille francs, les avait payées sur les pres fonds de sa cassette, et avait mis plusieurs

pro

Pour bien comprendre le récit que va tracer l'auteur de ces Mémoires, pour sentir de quelle importance est son témoignage historique dans cette malheureuse intrigue, il faut en savoir les principaux faits. Il existe un grand nombre de circonstances remarquables qui se lient au récit de madame Campan, sans en faire partie, parce qu'elle n'a parlé que de ce qu'elle savait bien. Une foule de personnages ont joué un rôle vil ou coupable dans cette scène honteuse on a besoin d'en connaître les acteurs. Nul n'a été mieux instruit que l'abbé Georgel; mais en même temps nul ne fut plus dévoué au cardinal de Rohan, ne se montra plus ingénieux à lui trouver des moyens de défense; plus habile, quoiqu'avec des ménagemens affectés, à présenter sous un faux jour la conduite irréprocha

années à effectuer ce paiement. Depuis ce temps, le roi lui avait fait présent d'une parure de rubis et de diamans blancs, puis d'une paire de bracelets de deux cent mille francs. La reine, après avoir fait changer la forme de ses parures de diamans blancs, avait dit à Boehmer qu'elle trouvait son écrin assez riche, et ne voulait plus y rien ajouter; cependant ce joaillier s'occupait depuis plusieurs années de réunir un assortiment des plus beaux diamans en circulation dans le commerce, pour en composer un collier à plusieurs rangs, qu'il se proposait de faire acheter à Sa Majesté; il l'apporta chez M. Campan, le priant d'en parler à la reine pour lui donner le désir de le voir et d'en faire l'acquisition. M. Campan refusa de lui rendre ce service, et lui dit qu'il sortirait des bornes de son devoir, s'il se permettait de proposer à la reine une

ble d'une princesse que l'aveugle crédulité ou la corruption d'un prince de l'Église livrait à des soupçons outrageans. L'abbé Georgel laisse percer, dans cette partie de ses Mémoires, si l'on peut s'exprimer ainsi, une haine respectueuse contre Marie-Antoinette. Il suppose la reine instruite, quand elle est encore dans la sécurité d'une femme dont l'imagination ne pourrait même concevoir l'idée d'une pareille intrigue. On trouvera sous la lettre (A), un extrait étendu de ces Mémoires. Le lecteur, qui veut s'éclairer et juger, fera bien de jeter d'abord un coup d'œil sur cet extrait, pour voir en quoi les assertions qu'il contient sont affaiblies ou tout-à-fait détruites par le témoignage de madame Campan.

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dépense de seize cent mille francs, et qu'il ne croyait même pas que la dame d'honneur ni la dame d'atours voulussent se charger d'une semblable commission. Boehmer obtint du premier gentilhomme d'année de service chez le roi, de présenter cette superbe parure à Sa Majesté qui en fut si satisfaite, qu'elle désira en voir la reine ornée, et fit porter l'écrin chez elle : mais la reine l'assura qu'elle serait très-affligée que l'on fit une dépense aussi considérable pour un pareil objet; qu'elle avait de beaux diamans, qu'on n'en portait plus à la cour que quatre ou cinq fois par an; qu'il fallait renvoyer ce collier, et que la construction d'un navire était une dépense bien préférable à celle que l'on proposait'. Boehmer, désolé de voir son espérance trompée, s'occupa, dit-on, pendant quelque temps, de faire vendre son collier dans diverses cours de l'Europe, et n'en trouva pas qui fût disposée à faire l'acquisition d'un objet aussi cher. Un an après cette tentative infructueuse, Boehmer fit encore proposer au roi d'acheter son collier de diamans, partie en paiemens à diverses échéances, et partie en rentes

I

« Les sieurs Boehmer et Bassange, joailliers de la couronne, étaient possesseurs d'un superbe collier de diamans qui avait été destiné, dit-on, à la comtesse Du Barry. Pressés de le vendre, ils l'avaient présenté, lors de la dernière guerre, au roi et à la reine, pour en faire l'acquisition; mais Leurs Majestés avaient fait aux joailliers cette réponse sage: Nous avons plus besoin d'un vaisseau que d'un bijou. » ( Correspondance secrète de la cour de Louis XVI.) (Note de l'édit }

viagères on, fit envisager ses propositions comme très-avantageuses, et le roi en parla de nouveau à la reine; ce fut en ma présence. Je me souviens que la reine lui dit que si réellement le marché n'était pas onéreux, le roi pouvait faire cette acquisition, et conserver ce collier pour les époques des mariages de ses enfans, mais qu'elle ne s'en parerait jamais, ne voulant pas qu'on pût lui reprocher dans le monde d'avoir désiré un objet d'un prix aussi excessif: le roi lui répondit que ses enfans étaient trop jeunes pour faire une dépense qui serait augmentée par le nombre d'années où elle resterait sans utilité, et qu'il refuserait définitivement cette proposition. Boehmer se plaignit à tout le monde de son malheur; et des gens raisonnables lui reprochaient d'avoir pensé à réunir des diamans pour une somme si considérable, sans avoir eu le moindre ordre à ce sujet. Cet homme avait acheté la charge de joaillier de la couronne, ce qui lui donnait quelques entrées à la cour. Après plusieurs mois de démarches inutiles et de vaines plaintes, il obtint une audience de la reine qui avait près d'elle la jeune princesse sa fille. Sa Majesté ignorait pour quel sujet Boehmer avait demandé cette audience, et ne croyait pas que ce fût pour lui reparler d'un bijou deux fois refusé par elle et par le roi.

Boehmer se jette à genoux, joint les mains, pleure, et s'écrie: «< Madame, je suis ruiné, déshonoré, si vous n'achetez mon collier. Je ne veux pas sur>> vivre à tant de malheurs. D'ici, madame, je pars

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