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mercia l'inconnu et cacha sa dépêche avec soin; mais en avançant vers Paris, l'insurrection lui parut si générale et si animée, qu'il ne jugea aucun moyen suffisant pour s'assurer que cette lettre ne serait point saisie. Il prit sur lui de la décacheter, et fit l'effort, surprenant pour son grand âge, de l'apprendre par cœur, quoique cette lettre eût quatre pages d'écriture. Arrivé à Paris, il la transcrivit et vint la présenter à la reine, en lui disant que le cœur d'un vieux et fidèle sujet lui avait donné le courage de prendre une semblable résolution. La reine reçut M. Péraque dans ses cabinets, lui exprima sa reconnaissance par l'attendrissement le plus honorable pour ce respectable vieillard. Sa Majesté pensa que le jeune inconnu qui l'avait prévenu de la situation de Paris, était le prince Georges de Hesse-Darmstadt qui lui était fort dévoué, et qui avait quitté la capitale à cette même époque.

La marquise de Tourzel remplaça madame la duchesse de Polignac. Elle avait été choisie par la reine, comme une mère de famille d'une conduite irréprochable, et qui avait elle-même dirigé avec le plus grand succès l'éducation de mesdames ses filles.

Le roi partit le 17 juillet pour Paris, accompagné du maréchal de Beauvau, du duc de Villeroi, du duc de Villequier; il prit aussi dans sa voiture le comte d'Estaing' et le marquis de Nesle, qui avaient

'Le comte allait dîner à Versailles chez des bouchers, et flattait le peuple par des bassesses. (Note de madame Campan.)

alors la faveur populaire. Douze gardes-du-corps, et la garde bourgeoise de Versailles, le conduisirent jusqu'au Point-du-Jour, près de Sèvres, où l'atten-dait la garde parisienne. Son départ causa une douleur égale aux alarmes auxquelles on était livré, malgré le calme qu'il fit paraître. La reine retint ses larmes, et s'enferma dans ses cabinets avec toute sa famille. Elle envoya chercher plusieurs personnes de sa cour: on trouva des cadenas à leurs portes. La terreur les avait éloignées. Le silence de la mort régnait dans tout le palais, les craintes étaient extrêmes, à peine espérait-on le retour du roi 1.. La reine se fit préparer une robe, et fit ordonner à ses ecuries de tenir tous ses attelages prêts. Elle écrivit un discours de quelques lignes pour l'Assemblée, voulant s'y rendre avec sa famille, son palais et son service, si le roi était retenu prisonnier dans Paris. Elle apprenait ce discours; je me souviens qu'il commençait par ces mots : «Messieurs, je viens vous >> remettre l'épouse et la famille de votre souverain; >> ne souffrez pas que l'on désunisse sur la terre ce qui a été uni dans le ciel. » En répétant ce discours, sa voix était coupée par ses larmes et par ces mots douloureux Ils ne le laisseront pas revenir!

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Il était plus de quatre heures quand le roi, qui

Voyez les détails de ce voyage dans les Mémoires de Ferrières, qui les raconte avec autant d'intérêt que de sincérité. (Note de l'édit.)

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Le Roi arrivant à l'Hotel de Ville le 17 Juillet 1789 .

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