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tion! « Ah! le brave enfant! dit la reine; quel bonheur pour nous si de pareils hommes eussent toujours crié vive le roi! »

Dans tout ce que j'ai rapporté jusqu'ici de la plus infortunée des femmes et des reines, ceux qui ne vécurent pas près d'elle, ceux qui la connurent mal, la plupart des étrangers surtout, prévenus par d'infàmes libelles, pourront penser que j'ai cru devoir sacrifier la vérité à la reconnaissance. Heureusement qu'il existe encore des témoins irrécusables que je puis attester; ils diront si ce que j'ai vu, si ce que j'ai entendu leur paraît faux ou invraisemblable.

CONCLUSION.

Pétion refuse à madame Campan la permission de s'enfermer Elle excite les soupçons de Ro

au Temple avec la reine.

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vre le portefeuille qu'elle a reçu du roi. Papiers qu'il renfermait avec les sceaux de l'État. Correspondance se

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crète de Mirabeau avec la cour. Elle est détruite ainsi que les autres papiers. Seule pièce conservée. Elle est remise à M. de Malesherbes au moment du procès de l'infortuné Louis XVI. Fin des Mémoires.

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La reine, ayant perdu sa montre et sa bourse pendant le trajet des Tuileries aux Feuillans, demanda à ma sœur de lui prêter vingt-cinq louis 1.

I

'A son interrogatoire, la reine déclara que ces vingt-cinq louis lui avaient été prêtés par ma sœur ; cela motiva son arrestation et la mienne, et amena la mort de cette vertueuse mère de famille *. (Note de madame Campan.)

* Madame Auguié, remarquable par sa taille et sa beauté, était capable des résolutions les plus courageuses. La mort ne lui causait point d'effroi ; mais l'idée de périr innocente sur un échafaud l'indignait. « Jamais, disait-elle, le bourreau ne portera ses mains sur

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moi. » Ses sentimens religieux l'auraient ramenée peut-être à plus de résignation; mais elle était mère, et le désir de conserver ses biens à sa famille ne lui permit plus de songer qu'aux moyens de prévenir un arrêt inévitable. Au moment où on se présentait pour

Je passai une partie de la journée aux Feuillans, et Sa Majesté me prévint qu'elle demanderait à Pétion de m'avoir auprès d'elle dans le lieu où l'Assemblée décréterait leur prison; je retournai donc chez moi préparer tout ce qui m'était nécessaire pour la suivre.

Le même jour ( 11 août), à neuf heures du soir, je revins aux Feuillans, je me trouvai consignée à toutes les portes; je réclamai mon entrée à raison de la première permission qui m'avait été donnée; je fus refusée de nouveau. On me dit que la reine avait assez de monde auprès d'elle. Ma sœur y était restée, ainsi qu'une de mes compagnes, sortie le 11 des prisons de l'Abbaye. Le 12, je recommençai mes sollicitations; mes prières et mes larmes ne purent fléchir les gardiens des portes, ni même un député auquel je m'adressai.

J'appris bientôt la translation de Louis XVI et de sa famille au Temple. Je me rendis chez Pétion accompagnée d'un homme que j'avais placé à l'administration des postes ', et qui m'était très-dévoué. Il voulut monter seul chez Pétion; il le supplia et lui dit que, lorsqu'on demandait à porter des fers, on ne devait pas être suspect de mauvais

l'arrêter, elle se précipita d'un troisième étage. Ce dernier sacrifice de la tendresse maternelle rend ses derniers momens aussi respectables que son dévouement pour la reine avait été noble et touchant. (Note de l'édit.)

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projets, et qu'il n'y avait pas d'opinion politique qui pût faire trouver ces instances blåmables. Voyant que ce brave homme n'avait pu réussir, je crus obtenir davantage par ma présence; mais Pétion persista dans son refus, et me menaça de m'envoyer à la Force. Plus cruel encore par le genre de consolation qu'il voulut me donner, il ajouta que je pouvais être certaine que toutes les personnes qui, en ce moment, étaient près de Louis XVI et de sa famille, n'y resteraient pas long-temps. En effet, deux ou trois jours après, la princesse de Lamballe, madame de Tourzel, mademoiselle sa fille, la première femme de la reine, celle du dauphin et de Madame, MM. de Chamilly et Hue, furent enlevés pendant la nuit et transférés à la Force.

Après le départ du roi et de la reine pour le Temple, ma sœur fut constituée prisonnière pendant vingt-quatre heures dans l'appartement que Leurs Majestés venaient de quitter.

Dès ce moment, j'eus la douleur d'être réduite à n'avoir plus de nouvelles de mon auguste et infortunée maîtresse que par la voie des journaux, ou par quelques détails que l'on obtenait des gardes nationaux qui faisaient le service du Temple.

Le roi et la reine ne m'avaient rien dit aux Feuillans du portefeuille qui m'avait été remis en dépôt; sans doute ils croyaient me revoir. Le ministre Roland et les députés qui composaient le gouvernement provisoire étaient très-occupés de la recherche des papiers de Leurs Majestés. On fit fouiller par

tout aux Tuileries. L'infàme Robespierre pensa à M. Campan, secrétaire intime de la reine, et dit qu'il croyait que sa mort n'était pas réelle, et qu'ignoré dans quelque coin de la France, il était, sans doute, le dépositaire de tous les papiers importans. On avait trouvé dans un grand portefeuille du roi une seule lettre du comte d'Artois, qui, par sa date et les sujets qu'elle traitait, indiquait l'existence d'une correspondance suivie. (Cette lettre figure dans les pièces du procès de Louis XVI.) Un ancien précepteur de mon fils avait étudié avec Robespierre; celui-ci, l'ayant rencontré dans la rue, et connaissant les rapports qu'il avait eus avec la famille de M. Campan, le somma de lui dire, sur son honneur, s'il avait la certitude de sa mort. Cet homme lui répondit que M. Campan était mort en 1791, à la Briche, et qu'il l'avait vu enterrer dans le cimetière d'Épinay. «Eh bien! reprit Robespierre, apportemoi demain à midi son extrait mortuaire, cela m'est fort nécessaire. » Sur la communication qu'il me fit de la demande du député, j'envoyai à l'instant même lever l'extrait mortuaire de M. Campan, et Robespierre l'eut le lendemain à neuf heures du matin. Mais en pensant à mon beau-père, je trouvais que l'on arrivait bien près de moi qui étais la véritable dépositaire de ces papiers importans. Je passais tous les jours et les nuits à chercher ce que je pouvais faire de mieux ou de moins mal dans une semblable circonstance.

J'étais dans cette situation, lorsque l'ordre d'in

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