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» villages, & de tous les bourgs contre » lui. Le pape eft fi plein de diables, qu'il » en crache, qu'il en mouche (a). »

Ainfi s'exprimoit le fondateur de la réforme, qui néanmoins se vantoit d'être l'envoyé de Dieu. Mais ce qu'il y eut de plus fcandaleux, ce fut fon incontinence. Il avoue (b) que pendant qu'il étoit religieux dans l'églife romaine, il avoit châtié fa chair par les jeûnes, les veilles, les prieres; qu'il avoit obfervé la chasteté, la pauvreté, l'obéiffance. Mais à peine eutil quitté cette églife, par des motifs qui n'avoient pas pour principe la fainteté que toutes ces pratiques, fur-tout la continence, lui parurent impoffibles : c'eft ce qu'il ne rougit pas d'avancer dans fon fcandaleux fermon fur le mariage. « Comme » il n'eft pas, dit-il, dans ma puiffance de » n'être pas du fexe mafculin, il ne l'eft pas >>> non plus de me paffer de femme, il m'eft » encore plus néceffaire d'en ufer que de » boire, de manger, de me moucher (c). »

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Il ajoute dans le même fermon, que «< fi » la femme légitime ne veut pas fe ren>>dre, on peut appeller la fervante (d). » Il en vient au point de foutenir « que les » femmes perdues font plus agréables à

(a) Adverfùs papatum, p. 451.

b) Luth. t. 5. in cap. I. ad Gal. p. 199,
(c) T. 5. Serm. de Matrim. p. 119.
(d) Ibid. p. 129.

» Dieu que les filles qui font des vœux » de religion; qu'une femme enceinte » d'un enfant, même illégitime, peut fe

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glorifier que fes œuvres font agréables » à Dieu, parce qu'elle porte un fruit qui » eft l'ouvrage de fes mains, & parce que » cette parole de Dieu croiffez & multi»pliez, autorife fes actions (a). »

C'eft d'après ces principes, que quoique prêtre & religieux, il époufa Catherine de Borée, auffi religieufe, & ce fut par fon confeil qu'en 1523, Leonard Coppen & huit autres religieux, enleverent, le vendredi faint, neuf religieufes du même monaftere. Il fit à fa louange un difcours où entr'autres chofes il dit: « On vous blâmera, mais moi je dis que » vous êtes un heureux raviffeur, comme » Jésus-Chrift l'a été fur la terre lorfqu'il » enlevoit au prince du monde, par fa » mort fes armes, & qu'il le menoit » captif à fa fuite. C'eft ainfi que vous avez » enlevé ces ames miférables de la prifon » de l'humaine tyrannie; ce que vous » avez fait très-à-propos à Pâque »tems auquel Jésus-Chrift a tiré les ames » des liens de la captivité (b). »

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*

au

Ses défordres firent tant d'éclat, que malgré l'intérêt de la caufe commune

(a) T. 5. édition de Wirtemb. p. 125.

b) Hift. Ecclef. Nat. Alexandri, t. 6. p. 101.

Calvin écrivit en ces termes : « Luther eft

plein de grands vices, plût à Dieu qu'il » eût foin de réprimer fon incontinence, » & qu'il eût travaillé plus férieusement » à fe vaincre. >>

Cependant Calvin lui-même

,

autre

fondateur, avoit auffi fes taches & fes défauts. Il étoit plein de fiel & d'orgueil; c'eft pourquoi Bucer, luthérien très-zélé difoit qu'il étoit comme un chien enragé infecté de l'envie de médire.

Melanchon, autre difciple de Luther, difoit de Calvin, qu'il étoit vindicatif & fanguinaire, que fous un air modefte il cachoit un orgueil fecret & un grand amour de lui-même.

En effet, on eut lieu d'être fort furpris quand on vit Michel Servet condamné à être brûlé vif, par ordre de Calvin, pour caufe de religion; car fuivant le principe de Calvin, chacun doit régler fa foi fur l'écriture, interprétée fuivant fes propres lumieres, & par conféquent Calvin ne pouvoit faire un crime à Servet de ce qu'il prétendoit qu'il ne voyoit pas dans la fainte écriture la trinité des perfonnes divines.

Zuingle, qui commença à prêcher trois ans apres Luther, imita fon maître, & quoique prêtre il fe maria. Il avouoit ingénument fon incontinence, & conve

noit qu'elle l'avoit couvert d'infamie (a): auffi n'étoit-il pas févere dans fes principes, car il difoit qu'un païen qui auroit de la piété feroit chrétien, quand même il n'auroit jamais entendu parler de JéfusChrist.

Carloftad, archidiacre de Wittemberg, & l'un des principaux difciples de Luther fe maria publiquement, & les prétendus réformés oferent célébrer la fête de ce mariage dans leur office divin. Il étoit trèsconnu de Melancton, homme d'un caractere doux & modéré. Or voici ce que Melancton écrivoit de Carloftad : « C'étoit » un homme brutal, fans efprit, fans » fcience, fans aucune lumiere du fens » commun, qui bien loin d'avoir quel»ques marques de l'efprit de Dieu, n'a

jamais fu ni pratiqué aucun des devoirs de » la civilité humaine; on voyoit en lui » des marques évidentes d'impiété; toute » fa doctrine étoit ou judaïque, ou fédi» tieufe; il condamnoit toutes les loix » faites par les païens, il vouloit que l'on jugeât fuivant la loi de Moïfe, parce » qu'il ne connoiffoit pas la nature de » la liberté chrétienne. Il embraffa la doc

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(a) Carnis ad libidinem certantem aftum in nobis fervere negare non poffumus, cùm hujus ipfius opera nos coram ecclefiis infames reddiderint.

In parenafi ad Helvetianos, tom. I. p. 1o.

» trine fanatique des anabaptiftes, auffi> tôt que Nicolas Bozéé commença à la » répandre dans l'Allemagne. Une bonne » partie de l'Allemagne peut rendre té» moignage que je ne dis rien que de » véritable. (a)

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Voilà cependant un des apôtres des églifes proteftantes. Beze, principal difciple de Calvin, & fon fucceffeur à Geneve, dont nous avons les poéfies, qui furpaffent l'indécence de celles d'Ovide & de Catulle, & qu'il appelle les ouvrages de fa jeuneffe, Juvenilia, après avoir vendu fes bénéfices, s'étoit enfui à Geneve avec fa Candide, jeune femme mariée qu'il avoit célébrée dans fes vers.

II. Si ce furent là les fondateurs de la prétendue réforme, quelle fut auffi leur doctrine? Au lieu de porter à la fainteté, elle en fape tous les fondemens.

Luther, Calvin & tous leurs difciples ont foutenu, dans les commencemens de leur féparation de l'églife romaine, que depuis le péché originel il n'est resté dans l'homme aucune liberté : or, ôtez la liberté, il n'y a plus ni fainteté, ni mérite, on pourra fe livrer à toutes fortes de crimes, & l'on aura le droit de ne se pas croire coupable.

(a) Melancton in Epift. ad Freder. Miton.

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