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Je dis donc, que l'églife romaine eft fainte. Elle l'eft dans fon origine, puifqu'elle a été fondée, comme je vous l'ai prouvé, par Jéfus-Chrift même qui eft le faint des faints. Elle eft fainte dans fa doctrine, dans fes facremens, fa morale, fes préceptes qui n'ont pour but que de conduire les hommes à la fainteté; elle l'eft dans fes enfans, & dans cette multitude innombrable de juftes de tout fexe, de tout âge, de tout état, qui fe glorifient de la reconnoître pour mere. Enfin pour qu'on ne pût pas révoquer fa fainteté en doute, Dieu à daigné, par un avantage réservé à elle feule, la confirmer par d'éclatans miracles.

Jamais les proteftans n'ont pu attaquer la pureté de la morale de l'église romaine, ni la fainteté de fes loix, qu'en les calomniant. Depuis la naiffance du chriftianifme on a recueilli avec foin les regles de conduite ou canons de tous les conciles foit particuliers, foit œcuméniques. Or ces canons qui forment de grands volumes, ont tous pour objet, fans en excepter un feul, d'étendre le royaume de Dieu, d'entretenir l'union, l'édification, la charité, de réprimer les paffions & tous les genres de défordres, de rendre au culte divin fon luftre, à l'état de fes miniftres fa majefié, de porter tous fes enfans à la

pureté des mœurs, & à la vraie fageffe.

Qu'ordonne-t-elle aux fideles par les fix préceptes généraux qu'elle leur fait apprendre, & réciter dès leur tendre enfance? De fanctifier les dimanches & les jours confacrés à célébrer la mémoire des principaux myfteres de la religion, ou à honorer Dieu par le culte qu'on rend aux faints, dont il a couronné les vertus, de participer en certains tems aux facremens que Jésus-Chrift a inftitués pour le falut de nos ames, de pratiquer des jeûnes, des abstinences pour expier nos péchés par des mortifications que nous négligerions, peut-être, fi l'on ne nous en faifoit pas un précepte.

Que fait-elle enfuite, cette églife fainte, & pourquoi ces chants facrés, ces inftitutions de pfalmodies, ces longs offices du jour & de la nuit, ces cérémonies auguftes, ces proceffions multipliées ? Pourquoi emploie-t-elle le fon des cloches la fplendeur du fervice divin, la décoration des temples, l'abondance des inftruc-. tions? Pourquoi, fi ce n'eft pour élever à Dieu les ames des fideles, pour les détacher de la terre, & les rappeller au ciel?

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Mais quel fpectacle de fainteté & de perfection évangélique nous préfente encore cette églife! Spectacle perpétué

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depuis les apôtres, & répandu de toutes parts fous mille formes diverses.

Tous les miniftres des faints autels , tous les pafteurs des ames frappés de la majefté de leur état, de la fublimité de leur vocation, devenus à leurs propres yeux, fuivant la vive expreffion de faint Pierre, le peuple d'élite, le facerdoce royal, la nation fainte (a), forment le grand projet de vivre dès-à-préfent, par anticipation de la fpiritualité du ciel, comme des anges fur la terre. De peur d'être détournés de leurs fonctions auguftes par les foins temporels, d'être partagés dans l'entier abandon qu'ils ont fait d'eux mêmes à Dieu, par la néceffité de pourvoir à l'éducation, aux befoins d'une famille, ils renoncent à toute union conjugale. Que dis-je? des milliers de chrétiens ferde l'un & de l'autre fexe, se sentent infpirés de furajouter au premier voeu de chafteté perpétuelle, ceux de pauvreté & d'obéiffance, la clôture perpétuelle, la vie la plus auftere, les mortifications les plus effrayantes, le renoncement le plus abfolu.

vens,

L'Efprit-Saint qui anime toujours cette églife fi chérie, & qui peut feul opérer de fi merveilleux effets, fufcita en différens

(a) 1. Petri 2. 8.

fiecles les fondateurs de ces ordres célebres, qui dans les villes, dans les folitudes, dans les déferts, fe peuplent d'ames ferventes fans nombre : dans les premiers tems un Antoine, un Bafile, un Benoît un Martin, un Auguftin; enfuite S. François, S. Dominique, S. Bernard, S. Bruno, & dans ces deux derniers fiecles encore Ste. Thérefe, fi auftere réformatrice du Carmel, S. François de Sales, S. Vincent de Paul, les célebres abbés de la Trappe, de Sept-fonds, ces inftituteurs de tant de féminaires, de tant d'oeuvres publiques de charité, de tant de maifons d'une étroite obfervance, qui en France & fur-tout en Italie, font revivre, jufques dans ces tems de relâchement, la pénitence, la ferveur des anciens anachoretes, & des premiers chrétiens.

:

Vous ne les connoiffez pas, Monfieur, ces ames pures qui habitent toutes ces retraites facrées, ou plutôt vous ne les connoiffez peut-être que par les déclama tions calomnieufes que font contre elles vos miniftres mais moi qui en connois plufieurs, je vous certifie que les perfonnes fideles à leur vocation fainte, abondent dans ces fanctuaires de la perfection évangélique, que leur abandon à Dieu, leurs effufions de cœur, leurs confolations dans le fein de ce divin maître, font inexpri

mables, qu'il en est qui femblent déja ne plus tenir à la terre, & toucher au ciel.

Et que dirai-je d'un figne de la fainteté de l'églife catholique romaine, d'un gage de l'affiftance perpétuelle du Saint Efprit, bien plus éclatant encore, & bien plus touchant? C'eft l'abondance des dons, des impreffions célestes qui accompagnent la pratique des exercices de cette églife; l'effufion des graces fenfibles, en certains jours folemnels, quand il plaît à Dieu de les communiquer aux ames fideles à y répondre ; l'onction vive & douce dont fe fentent fi fouvent pénétrés ceux qui ont le bonheur d'affifter au divin facrifice, aux faints offices, de participer aux facremens. De quelle ardente ferveur voyons-nous embrafés quelquefois de jeunes lévites, à la réception des faints ordres, de tendres enfans à leur premiere communion, & tous les jours les fideles les plus animés d'une charité fincere, à la table fainte?

Et ce qui manifefte à tous les yeux de la maniere la plus frappante, la fainteté de l'églife romaine, c'eft l'éclat des miracles que Dieu y a fi fouvent opérés, par la force de fon bras tout-puiffant, fur-tout dans les circonftances où la foi des fideles ébranlée a eu befoin d'un tel fecours pour être affermie.

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