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aucune preuve. Tous les catholiques reconnoiffent fept facremens, & ce dogme eft décidé par l'églife, fous peine d'anathême, c'est-à-dire de retranchement de fon fein.

Ils font tous foumis aux mêmes pafteurs, fur-tout à l'évêque de Rome, fouverain pontife, en qui ils reconnoiffent une primauté d'honneur & de jurifdiction, même de droit divin.

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Delà le gouvernement de l'églife romaine présente un ordre de conducteurs réunis par des liens de correfpondance & de fubordination, qui fe trouve le même dans toutes les parties de l'univers; des clercs, qui par des épreuves multipliées, des interstices marqués, parviennent aux divers ordres de fous-diacre, de diacre de prêtre, de curé, foumis aux évêques; ces évêques fubordonnés au pape, feul chef de l'églife; ce chef entretenant une perpétuelle vigilance fur tout le corps, qui eft auffi toujours en correfpondance avec lui chef actif, qui rend des décifions, & les adreffe à tous les évêques, qui convoque des affemblées générales, quand elles font néceffaires, & qui y préfide.

C'est là ce qui établit, dans l'églife romaine, un gouvernement uniforme, un même culte divin, & dans ce culte ainfi

que

dans l'administration des facremens les mêmes rits facrés, & le même langage.

Il y a donc dans l'églife romaine, à tous égards, une parfaite unité.

II. Mais au contraire fi l'on confidere les fociétés de la prétendue réforme, quel principe d'unité pourroit-on y trouver ?

D'abord elles n'ont point de chef à qui l'on puiffe recourir pour décider aucune queftion, pour faire aucun réglement; elles n'ont aucun centre de communion fi ce n'eft, peut-être, l'églife anglicane, qui regarde le roi comme fon chef: mais quel chef? Est-ce bien là celui que JéfusChrift avoit établi dans la perfonne de faint Pierre? Auffi leur gouvernement n'a aucune uniformité; il n'y a point de principes généraux d'adminiftration; ce font par-tout de fimples miniftres fans union, fans fubordination, fans que l'un ait fur l'autre la moindre autorité.

Bien loin que les prétendus réformés foient réunis entr'eux fur les facremens. c'est le point fur lequel leur divifion fe manifefte de la maniere la plus marquée : åls ne conviennent pas même du nombre des facremens, comme je vous le ferai voir dans les entretiens fuivans. S'ils pa roiffent aujourd'hui la plupart ne recon noître que deux facremens, le baptême &

l'euchariftie, c'eft fur la fubftance même de cette euchariftie qu'ils difputent avec le plus de chaleur; les luthériens foutiennent qu'elle eft le corps même de JéfusChrift, & les autres qu'elle n'en eft que la représentation, ce qui répand enfuite la plus grande diverfité de culte & de cérémonies dans l'adminiftration de ce facrement.

Mais c'eft fur-tout l'unité de croyance qui leur manque. Leur principe fondamental eft qu'il n'y a fur la terre aucune autorité établie pour fixer la foi des fideles; que chacun d'eux n'a d'autre regle de foi que l'écriture fainte, interprétée fuivant fes lumieres; ce qui a fait dire à Jurieu, dans fon traité de l'unité de l'églife, que l'églife univerfelle ne préche point, n'enfeigne rien, & qu'elle ne fauroit inftruire, non plus qu'elle ne peut juger & décider. Principe qui tend à détruire toute unité & toute certitude dans la foi.

Il est donc certain que les prétendus réformés, en fuivant les principes de leur églife, ne peuvent avoir tous la même croyance: auffi ont-ils été fouvent obligés d'en convenir, & d'en gémir eux-mêmes.

Beze dans la premiere de fes lettres rapporte ainfi le témoignage d'André Duditius calvinifte: «Nos gens font emportés

par tout vent de doctrine, tantôt d'un » côté, & tantôt d'un autre, Peut-être

» qu'on pourroit favoir quelle croyance » ils ont aujourd'hui fur la religion; mais » on ne fauroit s'affurer de celle qu'ils au»ront demain. En quel point de religion, » ces églifes qui ont déclaré la guerre au » pape, font-elles d'accord ensemble? Si » vous prenez la peine de parcourir tous » les articles, depuis le premier jufqu'au » dernier, vous n'en trouverez aucun qui » ne foit reconnu comme de foi par quel» ques-uns, & rejeté par les autres » comme impie. »

De ce défaut d'unité dans la croyance & dans le gouvernement, qu'eft-il arrivé? un défaut de fubordination & de difcipline, qu'ils ont déploré eux-mêmes. » L'autorité des miniftres eft entiérement » abolie, » écrivoit Capiton, miniftre de Strasbourg, à Farel fon ami, <<< tout fe » perd, tout va en ruine. Il n'y a parmi » nous aucune églife, pas même une feule » où il y ait de la difcipline. Le peuple » nous dit hardiment: Vous voulez faire » les tyrans de l'églife qui eft libre; vous voulez » établir une nouvelle papauté. Dieu me fait » connoître le tort que nous avons fait » à l'églife, par , par le jugement précipité & » la véhémence inconfidérée qui nous a » fait rejeter le pape. Car le peuple ac» coutumé, & comme nourri à la licence,

» en détruifant la puiffance des papistes," >> nous avions détruit en même-tems toute » la force des facremens & du miniftere. > Ils nous crient: Je fais affez l'évangile, « qu'ai-je befoin de votre fecours pour trou»ver Jésus-Chrift? Allez prêcher à ceux qui

» veulent vous entendre. »

Mais non-feulement les prétendus réformés n'ont entr'eux aucune unité de croyance: ils font encore de l'église de Jésus-Chrift un affemblage monftrueux de fociétés, qui s'accablent mutuellement d'anathêmes.

Ils ont fouvent calomnié l'églife romaine, jufqu'au point de dire qu'elle étoit tombée dans l'idolâtrie, qu'elle étoit tombée en ruine & dans la défolation, qu'elle étoit plus fouillée que la récompenfe d'une prostituée que Dieu a défendu d'offrir dans fon temple. Ils ont dit que le pape étoit pire que le Turc, & cependant ils regardent l'église romaine comme une portion de l'église de Jéfus-Christ, & ils font convenus qu'on pouvoit fe fauver dans fon fein.

On fait que ce fut le principe qui frappa fur-tout Henri IV, & le ramena à l'églife catholique cette églife foutenant qu'on ne pouvoit être fauvé fans être de fes membres, & les proteftans reconnoiffant de leur côté qu'on pouvoit obtenir le

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