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depuis leur tems jufqu'à préfent, fans qu'on puiffe citer aucun exemple contraire, les feuls évêques dans l'églife catholique, ont pu donner le caractere de miniftre, & que nul n'en a eu les pouvoirs qu'en vertu de la miffion de Jéfus-Chrift, à lui tranfmife par l'impofition des mains des évêques.

Ce qui eft encore bien plus remarquable, c'eft que Calvin n'étoit pas même prêtre & c'eft un fait reconnu : cependant c'eft lui qui a établi de fon chef l'église de Geneve & plufieurs autres.

Il est donc démontré que Luther, Calvin, tous leurs difciples, ainfi que tous ceux qui ont gouverné depuis eux & qui gouvernent actuellement les églifes proteftantes, n'ont point été envoyés par Jésus-Chrift pour remplir ce miniftere.

LE PROTESTAN T.

Je ne fais, Monfieur, que vous répondre; je ne vois pas ce que nos ministres peuvent oppofer à vos raifons: mais cependant ils ne font pas demeurés muets; les controverfistes catholiques n'ont pas manqué de les preffer fur un point fi important. Je ferois bien curieux de favoir ce qu'ils ont répondu.

LE DOCTEUR.

Ils ont été dans le plus grand embarras.

Les fociniens, afin de se mettre tout d'un coup au large fur cette difficulté accablante, ont avancé que pour exercer les fonctions de pasteur de l'églife, il fuffifoit d'en avoir le talent; que ces ordinations ces impofitions des mains, fi fcrupuleusement obfervées depuis le temps des apôtres, n'étoient pas des cérémonies néceffaires, ou que fi elles avoient été autrefois néceffaires, elles ne l'étoient plus.

Les réformés établis en France, n'avoient fu imaginer qu'une miffion extraor dinaire, & c'eft ainfi qu'ils l'exprimerent dans l'article 31 de leur profeffion de foi: Nous croyons que nul ne doit s'ingérer de fon autorité propre, pour gouverner l'églife, mais que cela fe doit faire par élection, autant qu'il eft poffible & que Dieu le permet; laquelle exception nous ajoutons notamment, parce qu'il a fallu quelquefois, même de notre temps, auquel l'état de l'églife étoit interrompu, que Dieu ait fufcité des gens d'une façon extraordinaire, pour dresser l'églife de nouveau, qui étoit en ruine & défolation (a).

Beze dit auffi, au colloque de Poiffy, qu'il faut tenir la vocation de leurs auteurs pour extraordinaire, & qu'il n'y avoit point alors d'ordre eccléfiaftique dans l'églife.

(4) Bible de Geneve de 1685, à la fin.

Le fynode de Gap, tenu en 1603, ordonne à toutes les églifes réformées de France, de s'en tenir à l'article 31 de leur confeffion de foi, que je viens de citer.

Enfin quelques miniftres plus modernes ont ofé avancer avec Dumoulin, que leurs réformateurs & leurs pafteurs avoient eu une miffion ordinaire.

Mais il est aifé de réfuter ces trois fystêmes.

I. Le principe des fociniens renverse évidemment tout bon ordre, ouvre la porte au fanatifme le plus infenfé, & introduit dans l'églife la confufion la plus étrange. Il ne pourroit aboutir qu'à anéantir tous les dogmes du chriftianifme, au gré de celui qui crieroit le plus haut, fans que perfonne eût le droit de lui imposer filence.

Mais où les fociniens ont-ils pris que l'ordination qui étoit autrefois néceffaire, ne l'eft plus aujourd'hui, où trouveront-ils à fixer l'époque d'un tel changement?

II. Le fyftême de la miffion extraordinaire que les proteftans ont attribuée à leurs réformateurs, produiroit à-peu-près les mêmes défordres; car fi quelqu'un peut s'attribuer une miffion extraordinaire fans en donner des preuves, tout autre homme pourra également dire qu'il eft

dinaire, & chacun enfeignera impunément tout ce qu'il voudra, fans qu'on ait droit de le contredire: quel renversement, quelle confufion!

Auffi Adrien Sarravias, zélé protestant, fit-il, à la fin du feizieme fiecle, un livre qu'il intitula: Des degrés des miniftres de l'évangile, où il établiffoit que c'étoit fe jeter dans des embarras inexplicables, que d'avoir recours à la vocation extraordinaire, quand on étoit preffe de rendre raifon de la vocation de ceux dont Dieu s'étoit fervi depuis peu d'années, pour réformer les églifes.

En effet, s'il étoit poffible que Dieu donnât une miffion extraordinaire pour réformer fon églife, attaquer la doctrine de cette églife, & par conféquent contredire les promeffes de Jéfus-Christ, qui lui a promis une affiftance perpétuelle, pour la préferver de l'erreur, fi, dis-je, il étoit poffible que Dieu donnât pour cet effet une miffion extraordinaire, du moins feroit-il alors abfolument néceffaire qu'il autorifât ces envoyés extraordinaires par des marques extérieures, des miracles éclatans & des prodiges de fainteté. N'est-il pas des premieres regles de la prudence que quiconque entreprend de détruire des établiffemens déja faits, de combattre des puiffances en poffeffion de leur autorité & n'allegue pour juftifier fon entreprise

qu'une infpiration intérieure, ne mérite aucune croyance ?

D'ailleurs il eft impoffible d'établir cette miffion extraordinaire par la fainte écriture, & dès-lors aucun proteftant ne peut l'admettre.

III. Quant au fyftême de la miffion ordinaire, Dumoulin l'applique à Luther Zuingle, &c. qui étant prêtres de l'églife romaine, avoient reçu d'elle une miffion ordinaire. Il prétend qu'ayant découvert l'idolâtrie de l'églife romaine, ils ont été autorifés par la miffion qu'ils en avoient reçue à s'élever contre elle, & que cette église les ayant excommuniés, ils ont eu également le droit [ toujours en vertu de cette même miffion] de l'excommunier à leur tour,

Mais ce fyftême eft évidemment abfurde & d'ailleurs infuffifant pour justi fier l'entreprise des fondateurs de la réforme.

Oui, il eft abfurde de dire que quand l'églife excommunie un novateur, il eft en droit, fous prétexte qu'il est prêtre, d'excommunier lui-même cette églife; c'eft une extravagance qu'avant Luther perfonne n'avoit imaginée.

Il n'y a pas moins d'abfurdité à fuppofer que l'églife ayant eu le pouvoir de

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