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lui dit, ne croyez-vous pas que ma rémiffion eft celle de Dieu ? oui, répond le pénitent; & moi, reprend le confeffeur, par ordre de notre Seigneur Jésus-Chrift, je vous remets vos péchés au nom du pere & du fils & du S. Efprit, ce qui défigne avec évidence un facrement.

L'abfolution, difoit Mélan&thon, par laquelle le pouvoir des clefs remet les péchés à quelqu'un en particulier & en fecret, eft bonne & valable devant Dieu.... & étant telle il faut recevoir la confeffion en laquelle on la demande (a).

Les confeffions de foi luthériennes, d'Augsbourg, de Saxe & autres approuvent cette confeffion : le cardinal de Richelieu en indique les citations précifes (b).

Il eft dit des miniftres, de l'aveu de Calvin lui-même, qu'ils remettent les péchés, & délient les ames; quand nous voyons que cela leur eft attribué, penfons que cela eft pour notre profit.

Enfuite de la confeffion particuliere, on obtient pardon de ceux à qui Jésus-Chrift a dit, ce que vous délierez, &c.

Cette abfolution particuliere eft bien efficace & bien fructueuse, &c. (c).

(a) Melanct. in fummâ doctrinâ de Poenitentiâ.

(b) Rich. controv. pag. 709.

La confeffion des péchés, difoit Dumoulin, fe fait ou à Dieu feul, ou à l'églife

blic, ou au pafleur de l'églife à part, ou à fon prochain qu'on a offenfe: toutes ces confeffions font bonnes & fe pratiquent en nos églifes (a).

La confeffion des péchés, ajoute-t-il, doit étre faite à ceux qui peuvent les guérir.

N'étoit befoin, difoit-il encore, que le fieur cardinal [du Perron] nous dit, que la confeffion des péchés eft néceffaire, c'eft ce que nous croyons & enfeignons (b).

Auffi la liturgie anglicane eft expreffe, & elle fubfifte encore à cet égard telle qu'elle fut dreffée au commencement de la réforme; il y y eft dit que le ministre dans le cours de fa vifite du malade, recevra la confeffion qu'il lui fera de fes péchés & lui en donnera l'abfolution, s'il la demande avec grande humilité & affection, & la formule de cette abfolution fe termine comme celle de l'églife catholique en ces termes, par l'autorité de Jésus-Chrift qui m'eft com mife, je t'abfous de tous tes péchés, au nom du Pere, & du Fils, & du faint Efprit, amen (c).

(a) Dum. Bouclier, part 2, fect. 4, pag. 22, (b) Nouveauté du pap. contre le card, du P. I. 7, C. F. (c) Liturg. Anglic Ordre pour la vifité des malades, pag. 211. Edition de 1739.

Cependant en définitive tous ces aveux ne fignifient plus rien, & le facrement de pénitence eft aujourd'hui, au moins chez les calviniftes, entiérement abrogé.

Combien y a-t-il de facremens de l'églife dans l'églife chrétienne, dit-on dans le grand catéchifme de Geneve de M. Ofterwald (a)?

Notre Seigneur Jésus-Chrift n'en a inftitué que deux, qui font le baptême & la fainte cene.

Y a-t-il beaucoup de cérémonies de l'églife chrétienne, lit-on dans le petit catéchisme (b)? non, toute la religion chrétienne eft fort fimple, &c. & ces deux catéchismes ne parlant que du baptême & de la cene, ne difent pas un feul mot du facrement de pénitence.

Mais comment accorder ici les réformés actuels avec les anciens, & Dumoulin avec lui-même ?

A la faveur des équivoques, Calvin avec fes deux facremens communs à l'égli fe, fe laiffoit bien la liberté d'en admettre de particuliers, & il vouloit retenir le facrement de l'ordre; mais enfuite ce facrement a difparu: il en a été de même de celui de la pénitence. Dumoulin a imaginé ces quatre confeffions à Dieu public, au pafteur, & à l'offenfé, au

(a) Genev. 1770. pag. 141.

au

moyen de quoi quand il fe voyoit obligé de reconnoître la néceffité de la confeffion, il fe réservoit la liberté de ne l'entendre

plus alors que de la confeffion faite à Dieu.

Auffi avoit-il dit, la parole de Dieu nous obligeant à confeffer nos péchés aux pafteurs de l'églife, ne nous oblige pourtant point à leur confeffer tous les péchés mortels dont nous pouvons nous fouvenir, ainfi qu'on l'enfeigne & qu'on le pratique en l'églife romaine: Dieu n'a point impofe ce joug au peuple (a).

Voici donc dans le vrai le fyftême des prétendus réformés : Jéfus-Christ a donné aux pafteurs le pouvoir de remettre les péchés; cependant les pécheurs ne font pas obligés à recourir à eux au moins pour tous les péchés mortels; il peut leur fuffire de s'en confeffer à Dieu.

Mais ce fyftême n'eft-il pas manifestement faux ?

1o. Tout péché mortel lie l'homme, lui fait perdre l'état de grace, l'exclut du ciel & le voue à l'enfer, jufqu'à ce qu'il lui foit remis.

Dès-lors ne doit-il pas defirer ardemment d'en avoir la rémiffion & faire tout ce qui eft en lui pour l'obtenir?

Jésus-Chrift a établi pour cette rémiffion

(a) Nouveauté du pap. pàg. 157. Bouclier, pag. 24.

un moyen; par-là même le pécheur n'eftil pas obligé d'y recourir pour deux raifons évidentes?

par

La premiere, qu'il ne peut pas lui être permis de rifquer fon falut, en négligeant le feul établi moyen Jésus-Chrift pour le lui procurer, c'eft-à-dire, pour obtenir la rémiffion de fes péchés dès qu'il a eu le malheur d'en commettre de griefs; car ce divin maître n'en a point établi d'autre pour cette fin que le facrement de péni

tence.

La feconde, que fi l'on pouvoit obtenir par quelqu'autre voie la rémiffion des péchés & le falut, fans recourir à ce moyen, quoiqu'on le puiffe, cet établiffement fait par Jésus-Chrift deviendroit inutile; alors perfonne n'y auroit plus recours, parce que ce recours coûte à la nature; ainfi que dans le fait il fe trouve aboli chez les prétendus réformés, quoiqu'en aient dit leurs premiers chefs. Ce pouvoir des clefs feroit donc dans l'églife de Jéfus - Christ fans exercice & fans effet.

2o. Si on eft obligé de foumettre à ce pouvoir quelques péchés mortels, mais non pas tous, qui fera avec affurance ce difcernement? ce feront les plus griefs qu'on craindra le plus de déclarer, & cependant oferoit-on prétendre que ce

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