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l'eucharistie ne contenoit que du pain & du vin, qui n'ont aucun rapport avec le corps & le fang de notre Seigneur, elle ne feroit pas propre à nous rappeller ce qu'il a daigné fouffrir pour nous; au lieu qu'il n'y a rien qui puiffe nous en rappeller le fouvenir plus efficacement qu'un facrement où nous recevons notre Sauveur, comme dans un état de mort, fous les apparences du pain & du vin; un facrement où nous recevons réellement ce même corps qui a été attaché à la croix, ce même fang qui a été répandu pour le

falut des hommes.

LE PROTESTANT.

Les Calviniftes de Geneve apportent encore une autre explication des termes dont fe fervit Jésus-Chrift pour inftituer l'euchariftie. Elle fe trouve dans leur catéchisme, 2°. part. fect. 32, pag. 145. On me l'a même fait apprendre par coeur autrefois; mais j'avoue que je ne l'ai point comprise. La voici:

On y demande par forme d'objection: Mais Jefus-Chrift n'a-t-il pas dit, ceci eft mon corps? On répond: Ces paroles fignifient que le pain repréfentoit fon corps qui alloit être mis à mort; & les apôtres accou tumés à entendre dire, en célébrant la páque, que le pain qu'on diftribuoit étoit le pain

d'affliction que leurs peres avoient mangé en Egypte, ne pouvoient pas l'entendre au

trement.

LE DOCTEUR.

Il est évident que ces paroles ne répondent point à l'objection propofée: que le pain qu'on mangeoit lors de la célébration de la pâque, ait été appellé un pain d'affliction, quel rapport cette dénomination peut-elle lui donner avec la repréfentation du corps de Jéfus-Chrift? Ne faut-il pas être bien dépourvu de réponfes, pour en donner de pareilles?

LE PROTESTANT.

Outre les textes de l'écriture, qui font mention de l'inftitution de l'euchariftie vous m'en avez annoncé d'autres où S. Paul parle de la participation à ce facrement & de fes effets..

LE DOCTEUR.

Je vais vous les citer.

Voici ce que l'apôtre écrit dans fa premiere épître aux Corinthiens, ch. ro, v. 14: Fuyez l'idolâtrie; je vous parle comme à des perfonnes fages; juger vous-mêmes de ce que je dis. Le calice facré que nous béniffons, n'eft-il pas la communion du fang

de Jésus-Chrift, & le pain que nous rompons, n'eft-il pas la participation du corps du Seigneur?

Sentez-bien toute la force de ces paroles de l'apôtre il dit que nous participons au corps & au fang de Jéfus-Chrift. Il l'affure comme une chofe indubitable & connue de tous les fideles.

Mais fi nous ne recevions dans l'euchariftie que la repréfentation du corps & du fang de Jéfus-Chrift, n'eft-il pas évident que ces paroles de l'apôtre, fi vives & fi énergiques, ne feroient qu'une vaine emphafe propre à tromper les fideles.

Dans la même épître, ch. 11, l'apôtre après avoir rapporté l'inftitution de l'eu chariftie, ajoute: C'eft pourquoi quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Sei gneur indignement, fera coupable d'impiété envers le corps & le fang du Seigneur. Que chacun donc s'examine & s'éprouve lui-même, & qu'ainfi il mange de ce pain & boive de ce calice. Car quiconque en mange ou en boit indignement, boit & mange fa condamna tion, ne difcernant pas le corps du Seigneur. Or, dites-moi, je vous prie, eft-il poffible de concilier la doctrine des calvinistes avec celle de S. Paul?

1o. L'apôtre fuppofe qu'on peut man ger le corps du Seigneur indignement. Mais fi nous n'y participons que par la

foi, on ne conçoit guere comment nous pourrions le manger indignement. Car, ou nous avons la foi, & alors nous le mangeons dignement, ou nous n'avons pas foi, & alors nous ne le mangeons point du tout.

la

2o. L'apôtre dit que celui qui reçoit indignement l'euchariftie, eft coupable d'un horrible facrilege envers le corps & le fang du Seigneur; mais fuivant la doctrine des calviniftes il n'en profaneroit que la représentation.

3°. S. Paul dit que celui qui reçoit indignement l'euchariftie, boit & mange fa condamnation, Judicium fibi manducat & bibit. Des expreffions auffi fortes fuppofent un crime énorme; cependant, fi on en croit les calviniftes, en recevant l'euchariftie indignement, on ne reçoit qu'un morceau de pain & un peu de vin. Ne traiteriez-vous pas d'extravagant un de nos prédicateurs, qui dans l'enthousiasme diroit qu'un homme qui, n'étant pas en état de grace, mange un morceau de pain bénit qu'on diftribue à nos meffes folemnelles, commet un horrible facrilege, & qu'il mange fa condamnation ?

4°. La raifon pour laquelle celui qui communie indignement commet un énorme facrilege, c'eft que, dit S. Paul, il ne fait pas le difcernement du corps du Seigneur,

c'est-à-dire qu'il ne le difcerne pas d'une nourriture ordinaire. Mais fi l'euchariftie ne contenoit que du pain & du vin, quelle fi grande différence y auroit-il entre l'euchariftie & une nourriture ordinaire ?

Hé bien! Monfieur, vous vouliez des preuves de l'écriture, êtes-vous fatisfait de toutes celles que je viens de vous donner ?

LE PROTESTAN T.

Chacune en particulier me frappe. Mais quand je les rapproche les unes des autres, elles me paroiffent fans replique. La maniere dont Jésus-Chrift s'exprima en promettant à fes disciples qu'il leur donneroit fon corps à manger & fon fang à boire, ce qu'il dit en inftituant l'euchariftie, les expreffions dont fe fert S. Paul en parlant de la participation à ce facement, le filence de tous les auteurs facrés fur le fens figuré, tout cela me paroît former la preuve la plus complete de la préfence réelle de Jésus-Chrift dans l'euchariftie.

Mais, Monfieur, comment s'eft-on exprimé dans l'églife depuis les apôtres fur ce grand myftere? Qu'en difoit-on à ceux qui embraffoient le chriftianifme? Quelles objections ne devoient-ils pas propofer

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