contestés entre les catholiques & les proteftans, & que je defire fort que votre foi foit, fur tous ces articles, éclairée ferme, tranquille, je compte d'entrer avec vous dans la difcuffion de chacun de ces articles en particulier, & je vous annonce d'avance que vous ferez auffi réellement convaincur de la vérité de ce qu'enfeigne fur tous ces points l'église catholique romaine, que vous l'êtes maintenant de cette vérité fondamentale qu'elle eft feule l'églife de Jésus-Chrift.

SEPTIEME ENTRETIEN.

Détail abrégé des variations des auteurs de la prétendue réforme, & de leurs fucceffeurs, fur des points effentiels de doc

trine.

Les articles particuliers de la croyance de L'églife romaine, que les proteftans ont combattus, peuvent fe divifer en deux claffes la premiere de ceux fur lesquels ils fe font enfuite rapprochés eux-mêmes des fentimens catholiques, qui font la liberté de l'homme, ja juftification & le mérite des bonnes œuvres: ils forment la matiere de cet entretien.

On renvoie aux entretiens fuivans les autres articles fur lefquels les proteftans perfiftent dans leur oppofition à la doctrine de l'églife romaine.

LE DOCTEUR.

APRÈS avoir difcuté les points généraux de controverfe, j'ai à préfent à vous expliquer, Monfieur, les articles particu

liers fur lefquels les prétendus réformés & les catholiques fe font trouvés divifés de croyance.

Je les réduis à deux claffes.

La premiere renferme quelques points fur lefquels les prétendus réformés, après avoir attaqué dabord la doctrine de l'églife romaine, ont paru enfuite y revenir d'euxmêmes.

La feconde renferme d'autres articles, fur léfquels ils confervent encore une doctrine différente de celle qu'enseigne Péglife catholique.

Bornons nous aujourd'hui à la premiere claffe: la feconde fournira la matiere de nos autres entretiens.

Je viens donc de vous dire, Monfieur, que fur quelques objets les prétendus réformés, après avoir combattu vivement la doctrine de l'églife catholique, y font revenus d'eux-mêmes: n'en foyez pas furpris. Quand on n'a que fes propres lumieres pour régler fes fentimens, il arrive, par une fuite néceffaire, que foutvent on en change. Tantôt on reconnoît foi-même qu'on s'étoit trompé tantôt on eft obligé d'en convenir par les objections qu'on nous fait; fouvent l'intérêt des caufes qu'on défend, les circonftances diverses des tems, des lieux, des perfonnes, la foibleffe, les paffions, inf

pirent ces changemens d'opinions, & les chefs de la prétendue réforme en ont fourni l'exemple le plus frappant.

Je vais vous retracer dabord leurs variations perpétuelles fur les points de doctrine les plus effentiels. Enfuite je discuterai ce qui concerne la liberté de l'homme, -la juftification & le mérite des bonnes œuvres; ce font les points fur lefquels ils cat abandonné les principes de feurs fondateurs, & fe font rapprochés de ceux des catholiques.

Il eft conftant que les chefs de la prétendue réforme ont varié dans leur doctrine, fuivant que leur intérêt & la diverfité des circonftances leur a femblé l'exiger. On connoît l'excellent ouvrage de M. Boffuet, qui, après en avoir compofé plufieurs contre les prétendus réformés, acheva de les confondre par celui qu'il intitula Hiftoire des variations des églifes proteftantes.

Voici quelques exemples de ces variations.

Luther avoit protefté jufqu'au moment de fa condamnation, par Leon X, qu'il fe foumettroit au jugement du faint fiege: en 1518, il dédia à ce pape, fon livre fur les indulgences, & dans fon épître dédicatoire, il lui affure qu'il obéira à fa voix, la refpectant comme celle de

Jésus-Chrift même. Cependant au mois de Juin 1520, quand il fe vit condamné par le faint fiege, il publia un ouvrage portant ce titre : Contra execrabilem antichrifti bullam; Contre l'exécrable bulle de l'ante-chrift. Il le termina par cette décla ration: S'il m'excommunie, je l'excommunie à mon tour; & faifant mettre le feu à un grand bûcher hors des portes de Vittemberg, il y jeta la bulle du pape & tout le corps du droit canonique, en préfence de plufieurs de fes difciples.

Sa vie fut toujours depuis marquée par de femblables variations.

Quand Muncer (a) entreprit de fa propre autorité de faire les fonctions de pasteur, Luther ordonna que, fans l'écouter, on lui demandát qui lui avoit donné le droit d'enfeigner? s'il répond que c'eft Dieu; il faut, dit-il, qu'il le prouve par un mi racle manifefte: car c'eft par de tels figne's que Dieu fe déclare quand il veut changer quelque chofe dans la forme ordinaire de la million.

Cependant Luther prit bientôt après le titre d'eccléfiafte de Vittemberg par la grace de Dieu, & dans fa lettre aux fauffement nommés évêques (c'eft ainfi qu'il qualifie les évêques de l'églife catholique), il leur

(a) Sleidan, liv: 5, pag. 49.