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tant de croyance & de pratique; & ce qui eft bien remarquable, c'est que pénétrés des promeffes que leur divin maître leur avoit faites, ils étoient tellement convaincus que le Saint Efprit préfidoit à leur décifion, qu'ils l'énoncerent en ces termes: Il a femblé bon au Saint Efprit & &c. Vifum eft Spiritui fancto & nobis, &c. Ce premier concile de la fainte églife, a fervi de modèle à tous les autres.

nous

,

Dans tous les fiecles il y a eu des héréfies, & il y en aura toujours fuivant cette parole de faint Paul: » Il faut qu'il y ait

des héréfies; Oportet hærefes effe (a). Qu'ont fait les évêques fucceffeurs des apôtres ? ce qu'avoient fait leurs maîtres; ils fe font affemblés; ils ont difcuté les articles qui avoient donné lieu aux divifions & aux fchifmes. Ces affemblées ont été quelquefois compofées feulement des évêques des pays où l'erreur avoit commencé à paroître, & alors elles ont été appellées des conciles particuliers : mais lorsque les divifions fe font trouvées répandues dans une grande partie de l'églife, on a formé des affemblées générales qu'on a appellées conciles œcuméniques.

L'évêque de Rome convoque à ces

conciles tous les évêques, dont il est le chef par fa qualité de fucceffeur de faint Pierre que Jéfus-Chrift avoit établi chef des autres apôtres. Ces évêques s'affemblent en nombre plus ou moins grand, felon que les circonstances le permettent; ils difcutent, ils examinent, & affiftés de l'Esprit faint, fuivant les promeffes de Jéfus-Chrift, ils jugent, ils frappent d'anathême & retranchent du fein de l'églife ceux qui ne fe foumettent pas de coeur & d'efprit à leurs décifions. C'est ainfi qu'au quatrieme fiecle l'héréfie d'Arius qui nioit la divinité de Jéfus-Christ, fut profcrite l'an 325 par le concile œcuménique tenu à Nicée; enfuite l'héréfie de Neftorius au troifieme concile général tenu à Ephese l'an 431, & c'eft ainfi que l'églife a condamné les autres héréfies qui fe font élevées dans les fiecles fuivans.

Or ce que l'églife a fait à l'égard de tant d'héréfies, elle le fit au XVI fiecle à l'égard de celles de Luther & de Calvin dont nous avons à préfent à parler.

Martin Luther naquit en Allemagne dans le fein de l'églife catholique : il embraffa la vie religieufe dans l'ordre de faint Auguftin; il enfeigna la théologie, il prêcha & s'acquit beaucoup de réputation par fon efprit & fon éloquence. Mais jaloux de ce que le Pape avoit choifi des

Dominicains, préférablement aux religieux de fon ordre, pour prêcher certaines indulgences, il fe laiffa aller à l'impétuofité de fon caractere; il avança des propofitions contraires à la doctrine de l'églife, & elles furent condamnées par le pape Leon X.

Il eut pour principaux difciples Melanathon & Bucer, nés comme lui dans le fein de l'église romaine.

Zuingle & Calvin marcherent fur les traces de Luther; ils adopterent en grande partie fes erreurs, auxquelles ils en ajouterent de nouvelles ; & comme ils ne s'accordoient pas fur plufieurs points, ils formerent des fectes différentes, qui furent bientôt répandues dans plufieurs contrées de l'Europe. Voilà ce qui donna lieu au concile œcuménique de Trente, où les erreurs de ces hérétiques furent difcutées & profcrites.

Il est donc arrivé dans l'église, à l'égard de l'héréfie de Luther & de Calvin, ce qui étoit arrivé à l'égard des héréfies précédentes. Leurs auteurs étoient tous nés dans le fein de la véritable églife, qu'ils avoient auparavant reconnue pour leur mere: mais au lieu de fe foumettre à fes décrets, ils se font révoltés contre elle & ont formé différentes fectes, où ne con

leur a plu de retenir, ils ont choifi de leur propre & feule autorité de nouveaux pafteurs, ils ont fait des changemens dans le culte divin, dans la priere publique & dans l'adminiftration des facremens ; ils ont enfeigné une doctrine contraire à celle de l'églife; établissemens, changemens, enfeignemens qui, fuivant la diverfité des opinions & des circonftances, ont enfuite varié à l'infini, & donné lieu à une multitude de fectes différentes, fort oppofées les unes aux autres par leur croyance, leur forme, leurs ufages, & diftinguées par les noms différens de Luthériens, de Calviniftes, de Zuingliens, d'Anglicans, d'Arminiens, d'Anabaptiftes, de Sociniens, de Tolérans d'Intolérans, &c.

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Voilà en abrégé l'ordre & l'enchaîne ment des faits publics & conftans. Ai-je rien dit qui vous femble contraire aux notions que vous en aviez déja, ou qui puiffe vous paroître suspect?

LE PROTESTAN T.

Non, Monfieur; je n'étois pas fort inf truit de quelques faits anciens de l'histoire eccléfiaftique, que vous avez rapportés : mais je n'y vois rien qui ne foit afforti à ce que je favois déja, fpécialement à ce qui concerne Luther Calvin & leurs

difciples; il me femble que ce que vous en avez dit, eft généralement reconnu de tout le monde.

LE DOCTEUR.

Arrêtons nous là aujourd'hui, Monfieur, fi vous le voulez bien; j'aime mieux multiplier nos conférences que de les trop charger. Ne précipitons rien. Comme je ne cherche qu'à vous inftruire & non à vous furprendre, & que d'ailleurs vous avez du tems je veux vous en laiffer affez pour réfléchir vous-même férieufement fur chaque article, avant que de paffer à un autre.

L'églife catholique romaine eft donc la premiere & la feule qui n'ait été retranchée d'aucune fociété, tandis que toutes les autres en ont été retranchées ou ont commencé d'elles-mêmes à s'en féparer, comme celle de nos freres qu'on défigne fous le nom général de prétendus réformés, ou de proteftans. Vous vous trouvez dans celle qu'on appelle Calvinifte, parce qu'elle domine dans votre patrie: pouvez-vous y refter, ou devez-vous rentrer dans le fein de l'églife romaine d'où vos peres font fortis? c'eft le point capital que nous avons à traiter ensemble.

Mais, Monfieur, avant toutes chofes ayez recours au Pere des lumieres; lui feul

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