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»larités & d'extravagances, qu'elle ôte » tous les moyens d'y apporter remede, » & fi elle avoit lieu, il pourroit que » fe former autant de religions que de >> paroiffes (a). »

Auffi celui qui refufe de foufcrire au jugement du fynode eft excommunié : mais comment cette excommunication peut-elle s'allier avec le principe de la difcuffion perfonnelle ?

De quel droit les fondateurs de la réforme ont-ils pu résister au jugement de l'églife catholique romaine, qui étoit alors la feule églife de Jéfus-Chrift fur la terre, & comment leurs fucceffeurs ontils pu enfuite exiger la foumiffion au jugement de leur fynode?.

LE PROTESTAN T.

Mais, Monfieur, c'eft que dans ces fynodes tout fe regle felon la parole de Dieu; c'eft plutôt la parole de Dieu qui juge, que les miniftres.

LE DOCTEUR.

Ils le difent, Monfieur, l'églife catholique le dit bien auffi; elle puise en effet fes décifions dans l'écriture ou la tradition; elle le dit avec fûreté, parce qu'elle eft, en vertu des promeffes de Jésus-Chrift,

l'interprete infaillible de ces deux fources. de la révélation: le fynode ne peut le dire que par préfomption, parce que ces promeffes ne lui ont pas été faites.

Mais il n'en eft pas moins vrai, qu'en le difant & en joignant à cette affertion vague & téméraire, un jugement défini tif, fous peine d'excommunication, ce fynode de la prétendue réforme renverfe fon propre fyftême fondamental.

La queftion eft de favoir fi la fainte écriture fuffit feule fans une autre autorité & fans un jugement diftingué de cette écriture? Les prétendus réformés foutiennent qu'elle fuffit feule; ainfi quand ils ont enfuite établi des confiftoires, des colloques, des fynodes, des jugemens, ils ont procédé en cela contre leurs propres principes, & ils en ont reconnu euxmêmes la fauffeté.

Mais ils l'ont reconnue plus évidemment encore fur le fecond objet. Quant aux inftructions particulieres. La maxime des prétendus réformés eft que chaque particulier doit fixer fa foi par la difcuffion qu'il fait lui-même des divers points de croyance, au moyen de

l'écriture.

Or je demande, en eft-il parmi eux, en eft-il beaucoup, en eft-il un feul qui ait fait véritablement cette difcuffion?

Quand ils l'auroient faite, elle ne leur auroit fervi de rien, parce que jamais cette difcuffion n'eût été un moyen propre à donner une foi certaine : mais enfin l'ont-ils faite?

Ont-ils férieufement examiné s'ils pourroient difcerner les livres canoniques, de ceux qui ne le font pas, foit par les rayons de lumiere que répandent felon eux ces livres, foit par leur goût, leur impreffion, leur infpiration intérieure?

Ont-ils approfondi, fur le point capital de favoir fi c'est l'autorité de l'église ou celle de l'écriture qui doit affurer la foi, les raisons alléguées de part & d'autre ?

Ont-ils effayé de découvrir par l'écriture quels font les articles fondamentaux de croyance, par oppofition à ceux qui ne le font pas, & qu'on pourroit croire ou ne pas croire à fon gré?

Ont-ils enfuite fur chaque article de croyance en particulier [ & combien le nombre en eft-il grand!] fur tout le fymbole, tous les objets des anciennes héréfies, la divinité du verbe, celle du Saint Efprit, toute la doctrine des facremens, l'éternité des peines, le purgatoire, la juftification, le mérite, la grace... en un mot fur chaque article, ont-ils confulté

teurs? &c. l'ont-ils fait? un feul l'a-t-il fait ?

Eh! non fans doute ils font dans la prétendue réforme, & dans telle secte de cette réforme, luthériens, calvinistes anglicans, arminiens, fociniens, &c. précifément & uniquement parce qu'ils y font nés; ils ne fe font mis en peine de rien de plus; ils ont dans leur jeuneffe reçu de leurs pafteurs quelque inftruction à cet égard, & ils s'en font tenus là, tout comme s'ils fuffent nés catholiques, c'eftà-dire, tout comme s'ils euffent été fondés à s'en rapporter au jugement de leurs maîtres, comme les catholiques le font à s'en rapporter au jugement de l'églife; c'eft ainfi qu'ils ont vécu, qu'ils vivent & qu'ils vivront dans une manifefte & perpétuelle contradiction avec eux-mêmes.

Mais leurs maîtres, qui doivent en favoir plus qu'eux, tous les miniftres des églifes réformées, leur ont-ils enseigné la religion conformément au principe de la néceffité d'une difcuffion perfonnelle de l'écriture?

Point du tout ils les ont inftruits comme s'ils euffent été perfuadés du principe contraire, c'est-à-dire, de la néceffité d'une autorité qui fixe le fens de l'écriture.

Un miniftre de Geneve, par exemple, fait le catéchifme à de jeunes gens pour

les préparer à la premiere cene: il leur enfeigne que notre Seigneur n'eft dans l'euchariftie qu'en figure, fuivant les principes des facramentaires; ils écoutent : un jeune Allemand, arrivé depuis peu d'Aufbourg, ofe lui dire, « Monfieur, on m'a » enseigné avant que je vinffe ici, que le » corps de Notre Seigneur Jéfus-Chrift » étoit véritablement préfent à la cene, » celui qui nous faifoit le catéchisme étoit » un homme favant, qui paffoit pour » avoir beaucoup d'efprit; dois-je pré » férer votre autorité à la fienne, ou la » fienne à la vôtre, & me donneriez» vous quelque bonne raifon pour me » décider fur ce choix? »

Alors le miniftre répondra-t-il?« Ce » n'eft point, mon cher enfant, le juge»ment des hommes qui doit vous déci» der; voici le principe général de celui » qui vous a inftruit à Ausbourg & le » mien: ce n'eft point à aucune autorité » qu'il appartient d'affurer notre foi fur » cet article, non plus que fur tous les » autres, mais à la pure parole de Dieu, » difcutée par chaque particulier fuivant »fes lumieres; la voie de l'autorité pour » fixer la croyance, eft celle de l'églife » romaine, que nos peres ont quittée, » fpécialement parce qu'elle exerçoit en

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