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peut fuffire, même felon leurs principes, pour réunir tous les points de croyance. Voici le premier.

Les docteurs catholiques en traitant la queftion qu'ils appellent fondamentale, établiffent comme un dogme capital, que c'est l'autorité de l'églife qui doit fixer la croyance des fideles fur toutes les vérités révélées, parce qu'elle eft l'interprete infaillible de l'écriture & de la tradition.

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Les prétendus réformés foutiennent au contraire que c'est l'écriture qui doit feule régler la foi, au moyen de la difcuffion que chaque particulier peut faire lui-même du véritable fens de fes différens textes.

C'eft fans doute là le point de doctrine le plus effentiel, puifque fa décifion entraîne celle de tous les autres. Je n'entreprendrai pas de le traiter ici, parce qu'il formera l'objet de notre premier entretien: il me fuffit d'obferver à préfent que, tandis que les catholiques apportent, pour établir leur fentiment, des textes de l'écriture fans nombre, les proteftans n'en ont encore pu citer aucun pour prouver le leur.

LE PROTESTANT.

Je conviens au moins, Monfieur, que je ne me rappelle point d'avoir entendu

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nos miniftres prouver ces propofitions par

l'écriture.

LE DOCTEUR.

Voilà donc un article de doctrine, de la plus grande importance, que les prétendus réformés profeffent hautement, & que cependant contre leurs propres principes] ils ne fauroient trouver dans l'é

criture.

En voici un fecond dont la difcuffion n'eft pas moins importante.

Lorfque Luther, Zuingle, Calvin, fe furent féparés de l'églife romaine, ils fe trouverent divifés de fentimens fur un grand nombre d'articles de croyance, & leurs difciples fe font, en conféquence, partagés, comme on le fait, en une multitude de fectes diverfes.

C'étoit une fuite néceffaire de leur commun principe dès qu'ils entreprenoient de fixer leur foi par la difcuffion qu'ils faifoient eux-mêmes de l'écriture, ils interprétoient cette écriture, & fixoient leur croyance fuivant leurs idées, l'opinion d'aucun homme n'ayant droit de l'emporter fur celle d'un autre homme.

Cependant il étoit de leur intérêt le plus fenfible, & de l'intérêt de ceux qu'ils entraînoient dans leur parti, de fe tenir

efpece de corps, pour s'oppofer avec plus de fuccès à l'église romaine fi redoutable pour eux par fa majeftueufe unité : pour cela ils imaginerent un fyftême dont les conféquences font enfuite retombées fur eux & les ont accablés.

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Ils diftinguerent des articles de croyance fondamentaux, qu'il falloit, difoient-ils, abfolument favoir & croire pour être. fauvé, & d'autres non fondamentaux que non-feulement l'on n'étoit pas obligé de connoître, mais fur lefquels on pouvoit avoir des fentimens différens fans exposer fon falut.

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Les docteurs catholiques s'éleverent contre cette diftinction nouvelle, qui ne peut avoir lieu dans les vrais principes, parce que c'eft l'autorité de l'églife [comme je vous le ferai voir dans notre premier entretien qui doit régler la croyance des fideles, & non la difcuffion que chacun peut faire de l'écriture; ainfi lorfque l'église a porté une décifion fur quelque point que ce foit, il faut croire ce point décidé, parce qu'il faut fe foumettre à l'autorité de cette églife. Il est bien vrai qu'il y a des dogmes principaux que tous les fideles font obligés de croire d'une foi diftincte & explicite, & d'autres qu'il fuffit aux fimples de croire d'une foi implicite, en croyant généralement tout ce

que

que croit l'églife: mais comme tout fidele eft obligé de fe foumettre à l'autorité de cette églife, il ne fauroit y avoir des dogmes qu'on puiffe contefter, quoiqu'on fache qu'ils ont été décidés par elle, fans être hérétique, & fans encourir la damnation éternelle.

Mais ce que les catholiques représenterent fur-tout aux prétendus réformés, ce fut que cette diftinction leur deviendroit inutile, parce qu'il ne leur feroit pas poffible de déterminer avec certitude quels articles étoient fondamentaux, & quels autres ne l'étoient pas.

En effet cette fixation les jeta dans le plus grand embarras. Comme il leur importoit fort de fe ménager une fociété plus nombreuse, cet intérêt les portoit à diminuer le nombre des articles fondamentaux, afin de fe trouver d'accord avec une plus grande quantité de fectes; mais parlà même, plus la fociété devenoit étendue, plus elle fe trouvoit monstrueuse par l'alliage des opinions les plus oppofées les unes aux autres.

D'un côté il ne paroiffoit pas poffible d'exclure du corps Luther lui-même fondateur de la réforme, & les luthériens fi attachés au dogme de la préfence réelle, ni de réunir avec eux en communion eccléfiaftique les facramentaires, dont le

nombre augmentoit tous les jours, [ parce qu'il eft bien plus aifé à l'efprit humain de ne pas croire que de croire ce dogme ineffable: ] cependant cette alliance diffociée fe fit, & les prétendus réformés en dévorerent l'abfurdité. Quoique la célébration de la cêne réuniffe la croyance du point de doctrine le plus capital, l'administration du facrement le plus augufte & le fceau le plus facré de communion entre les fideles, l'on vit affis à la même table & fur la même ligne, des hommes dont les uns croyoient recevoir le corps de Jésus-Chrift, & les autres feulement un morceau de pain.

D'un autre côté les fociniens renverfoient les fondemens du chriftianisme, en combattant le myftere même de la fainte trinité, l'incarnation du verbe, l'éternité des peines de l'enfer, &c. Ils s'appuyoient principalement fur la diftinction des articles fondamentaux, & non fondamentaux: » Les calviniftes,» difoient-ils, « fou» tiennent qu'au moins les articles fon»damentaux font clairement exprimés » dans l'écriture; il faut donc en con>> clure, » poursuivoient-ils, « que la » divinité de Jésus-Christ, son incarna» tion, la divinité du Saint Esprit, l'éter» nité de l'enfer, &c. ne font pas des ar» ticles fondamentaux, puisque bien loin

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