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opiniâtres, comme à Athenes, par exemple, lors de la premiere prédication de S. Paul dans l'Aréopage, & ailleurs comme S. Jean le témoigne expreffément dans fes épîtres, où il s'éleve contre Diotrephes, & défend d'avoir aucun commerce avec les hérétiques. Cependant il falloit bien qu'il y eût dès-lors un moyen prompt, affuré, pour fixer la croyance des nouveaux chrétiens, & ce moyen ne pouvoit être que la tradition, c'est-à-dire l'affurance que donnoient les prédicateurs, que leur doctrine, fur tel & tel point contefté, étoit celle qu'ils tenoient des apôtres, ou de leurs difciples.

D'ailleurs quand même cette écriture auroit exifté, quand par la réunion des livres divers elle auroit formé un corps, [ce qui n'eft arrivé que dans les fiecles. fuivans ces livres de l'ancien & du nouveau Teftament ne forment pas précifément un catéchifme fur les dogmes de croyance: ce font des livres hiftoriques, au moins en grande partie, des narrations de la vie de Jéfus-Christ, diverses lettres des apôtres, où les points de dogme ne font point réunis, rapprochés les uns des autres; & qui donc auroit été capable de faire une difcuffion fuffifante de tous les textes épars dans ces livres, pour avoir

Et quand même le corps des livres de l'écriture auroit exifté dès-lors, les prédicateurs de l'évangile emportés de toutes parts, par l'ardeur de l'efprit qui les animoit, n'avoient pas par-tout avec eux ce recueil facré; quand ils l'auroient eu, les barbares, les étrangers à qui ils alloient prêcher n'en auroient pas entendu la langue; quand ils l'auroient entendue, illitérés prefque tous, ils n'auroient pas feulement fu les lire. C'étoit donc dans ces tems reculés, non pas dans l'écriture, mais plu tôt dans la tradition qu'il falloit puifer la connoiffance des dogmes de la religion. Auffi S. Paul écrivant aux Theffaloniciens, diftingue-t-il expreffément ce qu'ils peuvent favoir de lui, foit par fes épîtres, foit de vive voix par fes difcours, & il leur or donne de tout exécuter avec fidélité (a).

Mais j'ajoute, & cette réflexion eft importante: lorfque dans les fiecles fuivans le corps de tous les livres qui forment la fainte écriture a été fixé & déterminé par l'autorité de l'églife de maniere à ne pouvoir plus y rien ajouter, quand il a fallu terminer quelque difpute fur des points qui ne fe trouvoient pas décidés dans ce principal dépôt de la révélation, on a été néceffairement obligé de recourir à la tradition.

(a) 2. Theffal. 2. 15.

Cette néceffité de la tradition a été univerfellement reconnue dans l'églife de Jésus-Chrift, depuis les apôtres jufqu'à préfent. Les écrits de tous les faints peres en contiennent des preuves décifives. Toutes les fois qu'il s'eft élevé de grandes conteftations fur des points de dogme, l'églife a rendu des jugemens définitifs puifant fes décisions non-feulement dans la fainte écriture, mais auffi dans la tradition, & elle a retranché de fon fein tous ceux qui n'ont pas voulu fe foumettre à ce qu'elle avoit décidé.

LE PROTESTANT.

Pourriez-vous, Monfieur, me citer quelques dogmes de foi qui ne foient pas dans l'écriture, & qu'on ne connoiffe par la tradition?

LE DOCTEUR.

que

En voici que vos miniftres ne peuvent contefter.

1o. Ils croient comme nous que le baptême qu'on adminiftre aux enfans eft valide. Cependant par où peut-on s'affu rer qu'un enfant qui vient de naître, qui n'a encore aucun ufage de fa raison ni aucune efpece de liberté, peut recevoir la rémiffion du péché originel avec la grace fanctifiante, & d'efclave du démon devenir enfant de Dieu ? N'eft-ce pas une efpece

de myftere impénétrable à la raifon hu maine : les anabaptiftes foutiennent précifément le contraire. On lit dans l'évangile: Quiconque croira & fera baptifé, fera fauvé. Il fembleroit donc que la foi actuelle, dont les enfans font incapables, eft une difpofition néceffaire pour le baptême: fans la tradition ce point feroit donc au moins douteux.

2°. Le mot baptifer fignifie plonger, & en effet S. Jean Baptifte, & enfuite les apôtres conféroient ce facrement dans les premiers fiecles de l'église, par immerfion, c'eft-à-dire, en plongeant le baptifé dans l'eau. Depuis long-tems cet ufage est changé, & pour baptifer on fe contente de verfer un peu d'eau fur la tête de celui qu'on baptife, ce que l'on appelle effufion. Ces deux cérémonies font fort différentes l'une de l'autre; par où fera-t-il certain, fans la tradition, que cette effufion d'un peu d'eau fur la tête confere le baptême auffi validement que l'immerfion?

3o. Les proteftans croient comme nous que les chrétiens ne font point obligés de s'affujettir aux obfervances légales prefcrites par Moïfe , par exemple de

s'abftenir de la chair des animaux étouffés: cependant l'écriture n'enfeigne nulle part que ces viandes nous foient permifes: au contraire, les apôtres défendirent expref

fément d'en manger, comme on le voit au chapitre XV de leurs Actes (a). Par où pouvons-nous favoir, fans la tradition, que cette prohibition ne fut faite que par une espece de déférence que devoit avoir l'églife naiffante pour la fynagogue, que cette défense ne devoit pas durer toujours? Et qui auroit pu déterminer le tems où elle devoit ceffer de former une obligation?

LE PROTESTANT.

Les exemples que vous me citez, Monfieur, font frappans croyez-vous qu'il y ait d'autres articles que les prétendus réformés foient obligés de reconnoître aujourd'hui, comme néceffaires à favoir pour avoir une foi entiere, & qui cependant ne foient écrits dans aucun des livres qui forment le corps de l'écri ture fainte?

LE DOCTEUR.

J'avois réservé pour les derniers, trois articles principaux & plus effentiels que tous les autres, au moins pour les protef tans, parce qu'ils font le fondement de leur fyftême fur la foi chrétienne; ces articles cependant ne fe trouvent nulle part dans la fainte écriture, ce qui démontre de plus en plus que cette écriture ne

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