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les propriétés auxquelles on peut reconnoître l'église de Jésus-Chrift.

Vous avez trouvé mes preuves décifives.

J'en ai une troifieme à vous donner, & je la tire de ce qu'on ne peut avoir une foi véritable que dans l'églife romaine.

Je ne m'arrêterai point à vous prouver la néceffité de la foi pour le falut. Dès que l'homme devient capable de fentiment & de raison, Dieu exige de lui l'hommage & la confécration de toutes fes facultés, & il veut d'abord que la foi lui foumette librement fon efprit. C'eft ce que S. Auguftin exprimoit fi bien en parlant de l'édifice fpirituel de la grace. C'eft, dit-il, l'efpérance qui l'éleve, la charité qui le confomme, mais la foi en eft le fondement: Fide fundatur, spe erigitur, caritate confummatur.

Ce principe eft d'ailleurs fi hautement reconnu par les prétendus réformés, que, comme je vous le dirai en vous parlant de la juftification de l'homme, c'eft non feulement à la foi, mais à la foi feule qu'ils l'attribuent.

Cette foi doit être entiere & certaine. Entiere, de forte que le fidele connoiffe & croie tous les articles dont la connoiffance eft néceffaire pour le falut. Certaine, excluant tout doute & toute

crainte de fe tromper: autrement ce ne feroit plus la foi, mais l'opinion.

Or ce n'eft que dans l'églife romaine que la foi peut avoir ces deux caracteres d'intégrité & de certitude.

Pour vous prouver cette propofition dans toute fon étendue, je me bornerai aujourd'hui à ce qui concerne l'intégrité de la foi, & je renverrai à notre premier entretien ce qui concerne fa certitude.

Je dis donc que la foi ne peut être entiere que dans le fein de l'églife romaine: Pourquoi? c'eft que l'églife romaine reconnoît deux fources de la révélation, qui font l'écriture fainte & la tradition: or cette tradition que les proteftans n'admettent pas, eft néceffaire pour fuppléer à l'écriture, & pour nous tranfmettre plufieurs vérités effentielles au falut, que l'écriture ne nous dit point.

En effet l'écriture fainte contient bien la plus grande partie des vérités qu'il a plu à Dieu de nous révéler, mais elle ne les contient pas toutes; elle eft la principale fource de cette révélation, mais elle n'eft pas l'unique. Il y a des vérités que JéfusChrift a enfeignées à fes Apôtres, & que ceux-ci ont tranfmifes à leurs difciples, qui ne fe trouvent dans aucun des livres qui forment le corps des faintes écritures. Ces vérités ont été ainfi confervées dans

l'églife de Jéfus-Chrift, d'âge en âge, de fiecle en fiecle, & elles y ont toujours été regardées comme des articles de foi. C'eft ce dépôt de doctrine tranfmife de vive voix & non par des livres, que nous appellons tradition ou parole de Dieu non écrite.

LE PROTESTANT.

Ce que vous me dites là, Monfieur eft bien nouveau pour moi. Je ne fuis pas affez inftruit pour y répondre, mais je ne peux vous diffimuler mon étonnement. J'ai toujours entendu dire à nos miniftres que toutes les vérités néceffaires au falut fe trouvoient dans l'écriture, & que tout ce qui n'y étoit pas, devoit être regardé comme inventé par les hommes. Voudriezvous bien me donner une jufte idée de cette tradition, m'en prouver la néceffité & me faire voir que c'eft vraiment une des fources de la révélation?

LE DOCTEUR.

La tradition, comme je viens de vous le dire, Monfieur, eft la parole de Dieu, qui fans avoir été confignée dans les livres faints, a été annoncée de vive voix par les apôtres & leurs difciples, & s'est ainfi perpétuée dans l'églife.

Il eft conftant que dans tous les tems, foit avant foit après l'établiffement de

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l'églife, il y a eu des articles de croyance néceffaires au falut qui n'ont pas été rédigés par écrit.

Suivons les trois grandes révolutions des temps, fous la loi de nature, fous la loi de Moife, & fous la loi de grace.

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1. Depuis Adam jufqu'à Moïfe, il y a eu certainement des articles de doctrine qu'il falloit croire pour être fauvé, comme l'exiftence d'un Dieu qui avoit créé le ciel & la terre, la néceffité de l'adorer & de lui rendre un culte, l'affurance d'une autre vie & du jugement à venir, &c. Cependant il n'y avoit alors point de livres i & par conféquent ces articles étoient connus par tradition, c'eft-à-dire, leur connoiffance étoit tranfmife d'âge en âge par les defcendans du premier homme qui la recevoient les uns des autres.

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II. Depuis Moife, le peuple choifi a cru les mêmes dogmes, & plufieurs ne font point exprimés dans les livres de Moïfe, parce qu'il les fuppofoit comme des vérités connues. Il faut même bien remarquer que ces livres, qui font au nombre de cinq, la genefe, l'exode, le lévitique, les nombres, & le deutéronome, renferment l'hiftoire des temps, le dénombrement du peuple d'Ifraël & toutes les obfervances légales, mais ne s'étendent pas fur les myfteres de la religion. Si par la

fuite David & les prophetes en ont parlé lus expreffément, il falloit bien que depuis Moïfe jufqu'à eux, la voie du falut fût ouverte aux juftes de l'ancienne alfiance, & par conféquent qu'ils connuffent les articles dont la croyance étoit nécessaire pour arriver au ciel, dont cependant quelques-uns n'étoient encore écrits dans aucun livre.

III. Mais il s'agit ici principalement de l'églife de Jésus-Chrift. Il eft conftant que ce n'eft point par la lecture des livres faints, que s'eft établi le chriftianifme, & que la foi s'eft répandue dans tout l'univers: c'est ce qui eft démontré par les preuves les plus évidentes.

Dans les commencemens de la prédica tion de l'évangile, les livres du nouveau teftament n'existoient point encore: ils n'ont été écrits que fucceffivement & en divers lieux, fansêtre réunis en un feul corps. L'évan gile felon S. Jean, par exemple, n'a été rédigé par cet apôtre que dans fa vieilleffe, très-longtems après la mort & la réfurrection du Sauveur; les épîtres de S. Paul & celles des au tres apôtres ne fe trouvoient qu'entre les mains de ceux à qui elles étoient adreffées. Cependant, dès que la religion chrétienne étoit prêchée, même dans des régions écar tées il fe trouvoit des contradicteurs, des auditeurs incrédules, des hérétiques

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